Publié le 23 Mai 2013
Peut-être ne l’avez-vous pas remarqué mais en ce moment les grues fleurissent littéralement à Aulnay-sous-Bois ! On se croirait presque à Guardamar Del Segura, la bien nommée, au temps où l’Espagne pensait encore tenir la clé de son miracle économique basé essentiellement sur le tourisme et la construction. Pas de point commun a priori entre les côtes ibériques et la banlieue de l’Est parisien si ce n’est que les promoteurs semblent pouvoir s’en donner à cœur joie sous l’œil plutôt complaisant des élus locaux.
Ainsi, suivant le mouvement, les chantiers immobiliers tels des champignons à l’automne poussent un peu partout dans notre ville la remodelant sous la baguette implacable de la sacro-sainte densification. C’est dans le centre-gare, notamment sa partie nord, que ce phénomène est particulièrement perceptible en ce moment. Les maisons, dont quelques-unes pourvues d’un certain cachet architectural, sont irrémédiablement détruites pour faire place à des immeubles relativement massifs.
Si l’urbanisation dans les secteurs de centralité, près des moyens de transports en commun et des commerces notamment, peut paraitre cohérente à condition toutefois d’éviter un bétonnage à outrance sans harmonie avec l’existant et la disparition systématique d’espaces de respiration nécessaires aux citadins, en va-t-il de même pour la zone pavillonnaire qui représente environ 40 % du territoire aulnaysien ? Visiblement non, puisqu’en mars 2008 Gérard Ségura, conscient de cette caractéristique atypique de notre commune dans le département, avait bien pris soin de préciser dans son programme électoral qu’elles seraient protégées et même étendues !
Cinq ans plus tard, force est de constater que cette belle promesse semble être totalement tombée aux oubliettes ! Conforté par un arsenal législatif de plus en plus favorable, l’exécutif municipal actuellement en place s’apprête donc au contraire non seulement à densifier massivement les grands axes mais aussi à miter la zone pavillonnaire. La crise du logement et l’intérêt général vont servir de cautions opportunes à quelques délires mégalomanes de rejoindre à marche forcée et le plus rapidement possible Saint-Denis et Montreuil au rang des villes de plus de 100 000 habitants. Au diable les conditions de vie ! L’essentiel est de construire un maximum sur chaque espace inoccupé.
A l’approche des élections municipales de 2014 et de l’immanquable bilan, le maire et sa majorité de rescapés, dignes de figurer sur le tableau « le radeau de la Méduse » de Géricault, auront donc échoué à convaincre sur les épineux dossiers de l’urbanisme et de la concertation. Plutôt que d’exposer dès le début de la mandature leurs projets à la population en toute transparence, les élus ont fait le choix d’opérer en catimini et d’arriver avec des dossiers déjà ficelés qu’il était impossible de modifier. Le gadget de communication constitué par la tablette 3D graphique, sorti tardivement, n’effacera pas le désastre de cas comme celui de la cité Arc en ciel de sinistre mémoire.
A ce titre, d’autres secteurs de la ville pourraient d’ailleurs subir prochainement le même sort. A commencer par la Croix-Blanche. Surtout lorsqu’on peut lire en page 14 du dernier numéro d’Oxygène que le processus de consultation relatif au futur aménagement de l’ancien centre des impôts est déjà programmé jusqu’au dernier mot du conseil municipal. Voilà un scenario cousu de fil blanc. Les élus de la mairie ont visiblement comme d’habitude décidé de n’en faire qu’à leur tête. Dès lors, finalement, la seule bonne nouvelle qui se profile à l’horizon est celle du scrutin de mars 2014. Car cette fois-ci ce sont les électeurs qui auront le dernier mot…