Guerbet, spécialiste des produits de contraste pour l’imagerie médicale, mise sur ses trois sites français pour se différencier de ses concurrents étrangers. Il investit 31 millions d’euros à Aulnay-sous-Bois, Lanester et Marans.
Alors que la problématique du Made in France anime la campagne présidentielle, le spécialiste des produits de contraste pour l’imagerie médicale Guerbet en a fait son credo. Il mise sur ses trois sites français pour se différencier de ses concurrents étrangers. Il investit pour faire agréer son appareil de production par les autorités américaines, et privilégier des solutions plus écologiques.
Son nouveau fait d’arme : un investissement de 31 millions d’euros cette année sur ses trois sites de production français. La moitié sera destinée au site d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le principal site de production pharmaceutique du groupe, pour financer une nouvelle unité de remplissage stérile, dont la mise en service débutera à l’automne. Doublant ainsi les capacités de production du site, avec 20 millions de doses par an.
10,7 millions d’euros seront aussi affectés site de production chimique de Lanester dans le Morbihan. Objectif, améliorer les performances de la fabrication du principe actif du produit utilisé pour l’imagerie scanner aux rayons X, mais aussi mettre en place des solutions plus écologiques. Recyclage de l’iode, nouveaux procédés moins consommateurs en solvants, nouvelle installation pour améliorer le traitement des effluents du site… Ces initiatives « vertes » sont « sans doute plus drivées par la mise en application des directives européennes, reconnaît Yves L’Epine, directeur général de Guerbet, mais aussi par la tendance de nos clients à privilégier des produits qui les aident à gérer la filière des déchets, privilégiant par exemple la poche à la seringue pour les produits injectables. »
Enfin, 3,8 millions d’euros seront investis à Marans, en Charente-Maritime. Sur ce site de chimie fine seront lancées une station d’épuration plus performante, ainsi qu’une nouvelle installation conforme aux standards de la FDA (l’agence sanitaire américaine). Car Guerbet espère commercialiser prochainement sur le marché américain, où il est encore très peu présent, les produits synthétisés sur ce site : Dotarem et Lipiodol.
Pourtant, 72 % de son chiffre d’affaires est déjà réalisé à l’export. Et son secteur est en croissance. « Avec le vieillissement et l’accroissement de la population, on observe une prévalence des maladies cardiovasculaires, du système nerveux central, ou des pathologies tumorales (cancéreuses ou non), témoigne Yves L’Epine. Avec un besoin croissant de diagnostic pour préciser le geste du chirurgien, ou une décision de chimiothérapie. Sur le plan mondial, le taux de progression des produits de contraste est de 1 à 2 %, celui des IRM de 3 à 4 %. »
145 millions d’euros investis en cinq ans
Sur le marché des produits de contraste d’imagerie médical, seuls quatre autres acteurs étrangers seraient au même niveau industriel, affirme Guerbet. Qui tient donc à promouvoir son attachement à la France, où est réalisée 100 % de la production chimique de ses principes actifs, puis 80 % de sa production pharmaceutique. En 2011, 100 personnes ont été embauchées dans l’Hexagone par ce groupe aux 1 400 salariés, et 352 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010.
Mais bien que coté sur Euronext, Guerbet a dû privilégier l’endettement, et reste donc prudent sur ses dépenses. « Il est difficile de se financer aujourd’hui, car nos résultats ne sont pas assez porteurs de cash pour être en autofinancement, tandis que lever des fonds sur le marché est beaucoup plus compliqué, même si c’est encore possible », estime Yves L’Epine et une levée de fonds n’est pas pour demain. « Notre actionnariat familial à 56 % garantit notre pérennité et est très attaché à l’ancrage du groupe en France, mais il ne souhaite pas de dilution. » Avec 145 millions d’euros investis depuis 2006 sur le territoire, Guerbet pourrait bien recevoir prochainement la visite de candidats à la présidentielle…
Source information et photo : Gaëlle Fleitour 30 janvier 2012. http://www.usinenouvelle.com