C’est un événement qui passera sans doute inaperçu compte-tenu du contexte d’augmentation des prix préoccupant les Français. Pourtant il est de première importance. En effet, Fitch Ratings, l’une des grandes agences de notation financière internationale, vient de dégrader la note de la France de AA à AA moins.
L’impasse politique dans laquelle se trouve actuellement Emmanuel Macron et son gouvernement, ainsi que les mouvements sociaux liés à la réforme des retraites, seraient de nature, selon l’agence de notation, à fragiliser notre pays dans sa lutte contre les déficits publics.
Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a contesté cette dégradation, expliquant que la réforme des retraites constituait une réforme structurante pour la France et que d’autres allaient suivre.
Quoi qu’en dise le ministre c’est une sorte de camouflet pour la France qui paye d’une certaine façon le quoi qu’il en coûte et la dette ahurissante qui en a découlé : 600 milliards d’euros entre 2019 et 2022.
Le rapport de la chambre des comptes alertait dès février 2023 sur la situation d’ensemble des finances publiques.
« 3 - Des finances publiques parmi les plus dégradées au sein de la zone euro en 2023
Les prévisions de la Commission européenne publiées en novembre 2022 permettent de comparer la situation des finances publiques des huit principaux pays de la zone euro (qui représentent près de 90 % du PIB de cette dernière) par rapport à leur niveau d’avant crise de 2019. Trois groupes de pays se distinguent.
Un premier groupe est constitué de l’Allemagne, des Pays- Bas et de l’Autriche. Ces pays connaissaient une situation très favorable en 2019 en termes structurels, qui leur a permis de soutenir fortement leur économie tout en conservant un niveau d’endettement modéré en 2023, compris entre 50 et 80 points de PIB, ainsi qu’un déficit structurel sous les 3 % (à l’exception notable des Pays-Bas qui, avec un déficit structurel de 4,3 points du PIB prévu en 2023, verraient leur solde perdre plus de 5 points de PIB par rapport à 2019).
À l’opposé, un deuxième groupe, constitué de la France, de l’Italie et de la Belgique, est entré dans la crise avec des niveaux élevés de déficit structurel et de dette et les mesures mises en œuvre pendant la crise n’ont fait que de détériorer cette situation, avec des déficits structurels supérieurs à 4 points de PIB et un niveau d’endettement compris entre 110 et 140 points de PIB en 2023. »
Cette dégradation de la note française éloigne encore un peu plus notre pays de l’Allemagne qui demeure notée avec un triple A (AAA). Elle pourrait aussi avoir des conséquences sur le coût de la dette de la France qui avoisinera les 50 milliards d’euros d’intérêts en 2023, soit quasiment le budget annuel de l’éducation nationale.
A terme, le remboursement des intérêts de la dette pourrait ainsi devenir le premier poste des dépenses de l’Etat. En effet, acheter de la dette française serait perçu comme plus risqué, ce qui aurait pour effet d’augmenter mécaniquement nos taux d’intérêts pour pouvoir emprunter.
Dès lors, on l’a bien compris, la réforme des retraites n’était qu’un prétexte pour rassurer les marchés financiers.
La réforme de l’assurance chômage, la retraite à 64 ans ne sont que le début de réformes visant à faire des économies.
Le quoi qu’il en coûte aura cramé la caisse. Les Français vont donc devoir payer d’une manière ou d’une autre.
John Fitzgerald Kennedy disait : il faut réparer son toit quand il fait beau.
Désormais il pleut des cordes sur la France et notre toit fuit de partout…
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