Publié le 29 Avril 2014
Elu conseiller municipal PS au Pré-Saint-Gervais en mars dernier, Claude Bartolone, député et conseiller général, avait un mandat de trop selon la loi.
Sa voix de stentor ne résonnera plus dans les couloirs de l'assemblée et ses coups d'éclat n'émailleront plus les séances publiques : Claude Bartolone quitte le conseil général. Dans une lettre adressée, il y a quelques jours, au président PS de l'institution, Stéphane Troussel, l'élu a donc annoncé sa démission en quatre lignes sèches, sans fioriture. « Conformément à l'article LO 151 du Code électoral, et suite à mon élection comme conseiller municipal du Pré-Saint-Gervais le 23 mars dernier, j'ai l'honneur de vous informer de mon souhait de démissionner [...] de mon mandat de conseiller général. »
Une assemblée qu'en tant qu'ex-président, de 2008 à 2012, l'élu aura marquée d'une forte empreinte. D'autant qu'il y a passé près de dix-neuf ans (de 1979 à 1992 puis de 2008 à 2014). Mais malgré son attachement au département, il n'a pas hésité à préférer son poste de conseiller municipal. « Les responsables politiques doivent respecter leurs engagements, justifie-t-il. Je ne voulais pas que les habitants du Pré puissent croire que je les ai instrumentalisés. » Certes, Claude Bartolone a vu s'éloigner à grands pas la possibilité de présider la métropole du Grand Paris puisque, à la suite des élections municipales, la droite est devenue majoritaire dans les quatre départements. Pourtant, le président de l'Assemblée nationale espère encore avoir un rôle à jouer. « Le Grand Paris ne se résume pas à une confrontation gauche-droite, et je compte toujours y jouer un rôle », affirme-t-il.
L'expérience vécue à la présidence du conseil général demeure forte tant les combats ont été âpres. « Quand j'ai commencé à me battre contre les emprunts toxiques, je me suis senti bien seul au début, rappelle-t-il. De même, quand j'ai lancé les partenariats public-privé pour construire des collèges, beaucoup ont raillé l'initiative. Résultat : cinq établissements supplémentaires sortent de terre dès septembre. » Et pour ceux qui pensent que l'histoire se termine avec le département, Claude Bartolone se veut rassurant. « Je quitte le conseil général, pas la Seine-Saint-Denis, martèle-t-il. J'habite toujours aux Lilas les trois quarts du temps et je suis investi politiquement au Pré. »
Les réactions politiques sont mitigées. Ainsi Jean-Michel Bluteau, patron du groupe UMP au conseil général, évoque une décision « plus qu'honnête », même s'il tempère rapidement cet hommage. « Vu l'état financier du département, on peut dire qu'il quitte le navire avant le naufrage, lâche-t-il. Et maintenant que la présidence du Grand Paris va lui échapper, je serais ses amis à Est Ensemble, je m'inquiéterais... » En clair, l'élu se demande s'il ne pourrait pas avoir d'éventuelles visées à la tête de la communauté d'agglomération.
Quant aux communistes, qui ont perdu en 2008 la majorité au conseil général au profit du PS, ils ne pleureront pas son départ. A commencer par l'ancien président PC du conseil général mais toujours conseiller, Hervé Bramy. « Je retiens de sa présidence l'arrêt des aides à la carte Imagine R et à celles destinées à l'achat d'un ordinateur pour les élèves de 6 e, regrette-t-il. Ensuite, son désir de nous faire disparaître du paysage politique, notamment en présentant des candidats PS contre des maires PC sortants, a débouché, au vu des résultats, sur une grave erreur stratégique. »
La suppléante de Claude Bartolone au conseil général n'est autre que la sénatrice verte Aline Archimbaud. Or son parti est très strict sur le non-cumul de mandats. Acceptera-t-elle de faire une entorse à la règle ? L'élue était injoignable hier soir.
Source : Le Parisien