Un avant et un après. Le confinement de deux mois, au printemps 2020, au début de la crise sanitaire du Covid-19, a eu un effet de bascule pour les ménages les plus fragiles. « Pour la première fois, l’an dernier, j’ai entendu des personnes dire qu’elles avaient faim, confie Camille Hugues, déléguée du Secours catholique en Seine-Saint-Denis. Des parents nous ont dit qu’ils se privaient de repas pour que leurs enfants qu’ils avaient toute la journée à la maison puissent manger. »
À l’occasion de la publication ce jeudi du rapport annuel de l’association sur l’état de la pauvreté en France, Camille Hugues détaille les conséquences durables sur la population du département en termes d’isolement social et économique.
Un chiffre d’ailleurs résume bien les répercussions de la coupure relationnelle : « 86 % des gens de Seine-Saint-Denis qui sont venus nous voir l’ont fait en priorité pour un besoin d’écoute, d’accueil et des conseils alors qu’ils ne sont que 56,5 % au niveau national », relève la déléguée départementale du Secours catholique.
Un constat très clair que confirme Nadia, une maman de 41 ans qui vit depuis trois ans avec son mari et leurs trois enfants de 5 à 15 ans en hôtel social, à Saint-Ouen. « Le confinement, c’était horrible, insupportable, parce qu’on a toujours besoin d’échanger, d’avoir un entourage, résume-t-elle. Heureusement, on avait créé un groupe WhatsApp des familles de l’hôtel. J’étais également dans d’autres groupes de soutien. On a fait des concours de dessin que les enfants venaient présenter par les portes des chambres. »
Isolement et détresse morale
« Il y a eu un isolement très important, avec la fermeture de très nombreuses associations, l’arrêt des activités, des distributions et des ateliers où les gens avaient l’habitude de venir aussi pour se rencontrer », souligne Camille Hugues, dont l’antenne mobilise treize salariés dans le 93. « On a observé une grande détresse morale, reprend-elle. On a mis en place une grosse cellule d’écoute composée de dix bénévoles et on s’est rendu compte que des entretiens qui auraient dû prendre 15 ou 30 minutes pouvaient dépasser une heure et quart. Les gens avaient besoin de parler. »
Une détresse qui a été la porte d’entrée pour les premières demandes d’aide alimentaire. En Seine-Saint-Denis, 64 % des personnes sont venues à l’association pour trouver des solutions pour se nourrir, bien au-dessus de la moyenne en France. « Au Secours catholique, nous avons opté pour les chèques-services qui permettent de faire ses courses de façon digne, précise la déléguée départementale. On préfère cette solution moins visible de l’extérieur pour les familles, plutôt que les colis, pas toujours adaptés. »
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Source article : journal Le Parisien / Source photo d’illustration : Wikipédia