Publié le 28 Février 2012
Le collectif « Faut-il urbaniser le triangle de Gonesse ? » s'est réuni samedi 11 février à Aulnay-sous-Bois (93), pour engager un débat avec les principaux acteurs, des agriculteurs aux promoteurs d'un projet d'urbanisation qui concerne 700 ha de terres agricoles.
Le triangle de Gonesse occupe un espace agricole de 1000 ha, classé réserve foncière, au sud de l'aéroport de Roissy. Dans le cadre du Grand Paris, le groupe Auchan prévoit d'implanter Europa City, un centre commercial nouvelle génération, qui devrait occuper 80 ha et inclura même une piste de ski. Ce projet de 1,7 milliard d'euros s'accompagne d'infrastructures publiques : gare, lien ferroviaire entre La défense et le parc des expositions de Villepinte, sur la ligne D du RER.
Promoteur et Etablissement public d'aménagement de la Plaine de France (EPA) ont défendus tant bien que mal le projet, tandis que la chambre d'agriculture régionale et de nombreuses associations (Terre de liens, Ile-de-France environnement, environnement93) ont fait part de leur refus catégorique. Xavier Guiomar, enseignant chercheur à l'Agroparistech, a tenté d'objectiver le débat. Même si en termes d'emploi la campagne a, selon lui, « peu d'arguments face à la ville », elle dispose, outre sa fonction de production, d'autres atouts comme le maintien de services environnementaux : zone de dilution des oxydes d'azote et particules en suspension, corridors écologiques ou encore maintien de la qualité de l'eau.
Au cours d'une première table ronde, Blaise Martin, membre du collectif, a rappelé l'importance des enjeux : l'étalement urbain équivaut à la surface agricole utile de deux départements tout les sept ans. En Plaine de France, 2900 ha, soit 28% des surfaces agricoles actuelles, pourraient être perdues au profit des seuls projets de mars 2010 : l'équivalent de l'approvisionnement en pain de 500 000 habitants pendant un an.
Pour Hervé Dupont (EPA), le projet d'urbanisation du site permet de concilier le développement social et économique et les questions agricoles et environnementales. « Un équilibre difficile à trouver », reconnaît-il, qui passe par la « concentration » du nombre d'emplois sur un espace plus restreint, et la pérennisation des terres agricoles dans un petit patch de 400 ha : le « carré vert ».
Patrick Dezobry, représentant de la Chambre d'Agriculture Ile-de-France, rappelant le contexte alimentaire et agricole mondial, reproche pour sa part aux acteurs du projet une « méconnaissance des besoins du monde agricole ». Un cahier des charges contraignant, des choix « extrêmement déterminés par la Pac », et des contraintes d'accès aux terres aggravées par la création d'un barreau routier traversant le « carré vert », découragent les agriculteurs. A cela s'ajoute la valeur du foncier, qui les incite à céder leurs terres après un départ en retraite souvent anticipé, plutôt que de les préserver.
11500 nouveaux emplois
Face à la promesse d'embauche massive du groupe Auchan, le collectif s'interroge : création d'emplois ou bien transfert? Quant à leur attribution en priorité aux habitants du Val d'Oise et de Seine-Saint-Denis, les principaux concernés restent sceptiques. En effet, la zone d'activité liée au stade de France avait formulé la même promesse, sans que les habitants des zones les plus défavorisées n'aient pu en bénéficier.
Source information et photo : http://www.campagnesetenvironnement.fr