L’arrière-boutique de l’Olivier offre un spectacle de désolation. L’épicerie du quartier Mitry-Ambourget, à Aulnay-sous-Bois, a été cambriolée la semaine dernière. Les voleurs sont passés par le hall voisin, en fracturant la trappe mitoyenne. Ils ont ensuite forcé deux portes, ce qui leur a permis de fuir par l’arrière avec la marchandise.
C’est Samir (30 ans), le fils, qui a eu la primeur de cette désagréable nouvelle, en ouvrant la boutique à 8h30 : « La chambre froide a été vidée, les caméras détruites, les bouteilles d’alcool, le café, les feuilles à rouler… ils ont tout pris. » De retour du commissariat, dépôt de plainte à la main, Zoubida Arab, la maman, chiffre à 20000 € le préjudice. « On ne peut plus travailler et on n’a plus d’argent pour racheter », souffle-t-elle, annonçant son intention de baisser définitivement le rideau.
De l'alcool et du tabac vendus dans licence
Cette plainte n’est pas la première. Agression, cambriolages, vols… La famille Arab, qui travaille là depuis plus de six ans, évoque, à n’en plus finir, des exemples édifiants. Des « drogués qui viennent peser leur shit sur la balance », « des jeunes qui se servent dans les étagères » — ce qui a poussé Samir à mettre son comptoir en travers de la boutique. « J’ai pris un gars pour faire la sécurité, il n’a pas tenu », assure Samir.
Ce quartier dégradé et enclavé doit faire l’objet d’une restructuration dans les quinze ans à venir. Mais pour Zoubida et son fils, pas question d’attendre. L’ouverture prochaine du Netto en remplacement du magasin Atac n’est pas non plus de nature à leur redonner espoir.
Sa boutique, qui vendait des primeurs à l’origine, s’est reconvertie en alimentation générale, au fil des ans, avec même en rayon de l’alcool et du tabac — sans licence. « Avec quatre marchés autour, il était difficile de vivre en ne vendant que des fruits et légumes », résume Zoubida Arab, qui ne veut plus payer ses « 700 € de loyer mensuels » auprès du bailleur, l’office public HLM. Son bail se termine le 31 août. Mais plus encore que ces mois de loyer, c’est le fonds de commerce, évalué à 60000 €, qui reste problématique. Quel commerçant voudrait racheter un fonds de commerce à ce prix dans ces conditions? Pas l’office HLM. « Nous n’avons pas 60000 € pour racheter un fonds de commerce dont personne ne veut, ça n’est pas notre métier », explique-t-on auprès du bailleur.
Si elle ne trouve personne pour reprendre, Zoubida Arab devra s’asseoir sur sa mise de départ. Son avocat, Me Mourad Serhane, n’exclut pas d’engager une action en justice pour impliquer la responsabilité de l’Etat, au motif que tout n’aurait pas été fait pour assurer la quiétude de la commerçante dans le quartier.
Source : Carole Sterlé. Le Parisien du 23 avril 2011.