Partie 3 : Les collectifs de riverains... De l'opposition à la proposition.
Pour bien connaitre le dossier de la rue des Saules, je crois que nous avons cumulé à peu prés toutes les erreurs possibles sur la manière de préparer, d'amener et de présenter ce dossier aux riverains. Dans le cheminement des événements, nous n'avons pas fait face à des rumeurs genre "on dit que" mais directement à des machines venues sonder le terrain. Une photo de mon voisin, Robert Ferrand, et c'est de là que tout est parti. Nous ne nous sommes pas basés sur des rumeurs mais sur des faits.
Pourtant, nous étions passés quelques fois avec des riverains au service de l'urbanisme pour savoir ce qui était prévu et on nous rétorquait toujours la même chose. Rien n'est prévu rue des Saules, sauf que les machines sondaient, des plans d'architecte étaient esquissés, et comble de tout un plan de financement via l'OPHLM déjà dans les tuyaux. Le plus fort, c'est que les plans fournis par Alain Amédro induisaient comme acquis deux paramètres de taille : un changement de zonage au PLU de UG pavillonnaire à UC construction collective, et même l'intégration d'un terrain dont la Mairie n'est même pas propriétaire. Dans le genre rien n'est planifié, l'orientation prévue pour ce terrain semblait au contraire toute tracée...
Je ne reviendrai pas sur la suite des événements, connue du plus grand nombre, mais Monsieur Le Maire aura cette parole le 27 Mars à Gainville : "peut-être que si nous nous étions vus avant, pour expliquer les choses et nos intentions, le contexte de cette réunion publique aurait sans doute été moins tendu". Informer, consulter, intégrer l'avis des habitants des quartiers et arriver à trouver un consensus à la fois satisfaisant pour les élus, les riverains et leur environnement quotidien, tel devrait être l'objectif. Passer en force en espérant que les habitants accepteront d'avaler la pilule sans broncher est un risque aux conséquences que la Municipalité devra tôt ou tard assumer.
Pour la rue des Saules, et je le répète, la pétition n'était pas contre le logement social, mais pour la préservation du caractère pavillonnaire de notre zone, qui est UG au niveau du PLU. Autre paramètre de taille, l'ampleur du plan de construction a fortement choqué les habitants du quartier. On prétendait pouvoir construire 25 à 30 logements collectifs sur un peu plus de 4000 mètres carrés. On pense faire la même chose à Balagny mais sur deux hectares ou à Savigny mais sur un hectare. Il faut un minimum songer aux proportions en terme d'occupation des sols. Ce type de construction ne s'insérait absolument pas dans l'environnement existant, la meilleure preuve de cet état des choses étant la nécessité de changer le zonage de ce terrain au plan local d'urbanisme. Ce terrain aurait donc de fait perdu son caractère pavillonnaire.
Pour revenir sur les proportions et l'insertion dans l'environnement existant, je rappelle encore que le tout premier plan prévoyait à l'origine des R+3 soit un rez-de-chaussée plus trois étages en face d'un pavillon. Les plans que Alain Amédro nous a donnés dans un souci de transparence, que j'ai souvent salué sur ce blog, ont fait tout le tour du quartier. Ils ont également été vus par d'autres personnes dans la ville, lors de différentes réunions auxquelles j'ai pu assister et je n'ai pas trouvé une seule personne, j'écris bien pas une seule, pour défendre ces plans. Les plans d'origine ont été unanimement critiqués et rejetés. Il faut en tirer les leçons. C'est exactement ce que le Maire a fait le 27 Mars en réunion publique. Enfin, je mentionne le parking prévu avec ces logements, un parking de 51 voitures dans une rue où il est déjà difficile de circuler. Parlez-en aux habitants de la rue des Saules. La circulation est une problématique constante dans cette rue.
En résumé, donc, le terrain de la rue des Saules n'est pas situé dans un pôle de centralité. Cet endroit est relativement enclavé, et le nord d'Aulnay Sous Bois comptant déjà 88% de logements sociaux collectifs, il n'apparait pas complètement illégitime de vouloir préserver une petite zone pavillonnaire dans le nord de la ville. L'administrateur de l'OPHLM présent dans notre conseil de quartier n'est pas de cet avis évidemment. Il a même précisé une fois qu'il ne voyait pas l'intérêt d'habiter en pavillon. C'est son droit le plus strict, mais qu'il entende au moins que dans leur parcours résidentiel d'autres aulnaysiens aspirent à avoir une maison individuelle. Pour avoir rencontré et discuté avec un bon nombre d'habitants de la rue des Saules, leur pavillon est le projet de toute une vie, le fruit de leur travail, et voir déprécier leur bien et leur quartier par une construction inadaptée est une préoccupation réelle dont il faut tenir compte.
Comme vous le voyez, les situations sont bien distinctes en fonction des quartiers et les attentes de chacun différentes, et les résumer sous une seule appellation commune est à la fois réducteur et incorrect. Toujours ce mal français de mettre des étiquettes. Par ailleurs, en aucun cas, ces collectifs ont déclaré être contre les logements sociaux. Je vous mets au défi de trouver une seule ligne dans les articles publiés sur Aulnaylibre où il est écrit que quelqu'un est contre les logements sociaux. Ecrire qu'il y a 88% de logements sociaux au Nord, c'est simplement faire une constatation. Vouloir conserver une zone pavillonnaire dans le nord de la ville est une considération qui mérite d'être entendue. Nous savons qu'il y a effectivement urgence pour loger des gens, mais construire vite, n'importe où, n'importe comment et au mépris de ceux qui vivent déjà là résoudra peut-être le problème en surface, mais certainement pas en profondeur.
En conclusion, je pense qu'il faut arrêter de véhiculer cette fausse image que vous avez tentée de donner aux collectifs de riverains. Je salue, en toute sincérité, votre effort de théorisation, j'irais même jusqu'à écrire votre contribution à notre réflexion. Votre article aura permis de préciser et de mettre en lumière notre propre vision des choses. Les collectifs de riverains des rues Fernand-Herbaut, l'Arc-En-Ciel et des Saules ne sont en aucune manière l'expression d'un individualisme forcené signe d'un égoïsme absolu qui refuse d'intégrer la notion d'intérêt collectif. Mais lorsque vous vous heurtez à un mur, vous n'avez pas des milliers de possibilités pour vous faire entendre. Vous mobilisez les habitants et vous faîtes du bruit jusqu'à tant qu'on vous écoute. Et s'il faut aller partout dans la ville, nous le ferons. Nous n'avons pas peur du contact et parler directement aux Aulnaysiens est même une expérience tout à fait passionnante tant les gens sont réceptifs et ouverts au dialogue.
Actuellement, les collectifs de riverains sont dans un temps d'opposition, parce qu'ils ne comprennent pas qu'on puisse déposer des permis de construire, financer des opérations de construction dans leur quartier sans prendre la peine de les informer et de les consulter. Et cela même à l'heure où la démocratie participative s'affiche en première page d'Oxygène avec Philippe Gente déclarant à qui veut bien l'entendre que le temps où les Mairies décidaient toutes seules est révolu ! Alors, soit Monsieur Gente ajuste son discours à la réalité des choses ou soit on arrête de vanter les mérites de la démocratie locale et on la range au fond d'un tiroir définitivement.
Les collectifs s'opposent parce qu'on ne les laisse pas proposer. Le meilleur exemple de cet état des choses est celui de notre groupe de travail "rue des Saules". C'est un véritable laboratoire citoyen, la meilleure vitrine qui soit pour la démocratie locale, 60 personnes à la première réunion du groupe de travail, plus de 100 familles ayant répondu à notre questionnaire pour contribuer à notre réflexion et dans le même temps Monsieur Le Maire qui annonce en plein conseil municipal qu'il prend bien soin de finaliser son propre projet, sans tenir compte le moins du monde du notre, et négligeant même l'opportunité d'arriver à un projet commun satisfaisant pour tous, élus et riverains.
Voilà une méthode dommageable pour notre groupe de travail, pour notre conseil de quartier et pour la démocratie locale en général. Il doit pourtant bien y avoir quand même un moyen d'associer les élus et les habitants d'un quartier pour le bien commun de tous. Alors saisissons justement cette occasion là, au moment où le dialogue s'installe dans la ville, où la demande de concertation est très forte parmi la population, où Aulnay sort d'une certaine torpeur, pour confronter les points de vue, penser la ville dans sa globalité, adapter les projets de construction aux quartiers existants et ainsi peut-être mieux répartir l'effort de construction nécessaire à l'échelle de la ville d'Aulnay Sous Bois.
Stéphane Fleury
A venir. A British Conclusion : Lessons Learnt From Rocky I to Rocky III.