Publié le 28 Février 2013
« Je n’avais jamais vu autant de femmes venir à une de nos initiatives. Il y a beaucoup de jeunes, et même des associations! C’est vraiment un sujet qui mobilise. » Zohra, militante du Parti radical de gauche, avait le sourire mardi soir. Le meeting organisé par la fédération du PRG (Parti des radicaux de gauche) du 93 en faveur du droit de vote des étrangers aux élections locales a vu affluer près de 200 personnes au Théâtre Jacques-Prévert, à Aulnay-sous-Bois. « Beaucoup de gens se sentent concernés », estime encore Zohra, qui a dû attendre l’âge de 45 ans pour pouvoir mettre un bulletin dans l’urne.
Ernst Bellevue, éducateur d’Aulnay, est venu signer la pétition, l’air sérieux. Né de parents haïtiens, le jeune homme estime qu’« il ne faut pas négliger cette question ». « En France, on en parle, mais pour l’instant c’est tout », regrette-t-il. Le candidat Hollande l’avait pourtant promis, mais l’espoir des militants s’amenuise peu à peu. Micheline comptait sur une figure du PRG, la ministre Christiane Taubira, « pour être notre porte-drapeau ». « Mais il y a déjà le mariage homosexuel. On ne peut pas faire que des réformes sociétales. La priorité, c’est le chômage », soupire-t-elle.
Les militants du 93 ont rassemblé 6000 signatures
Au micro pourtant, les appels à la mobilisation se succèdent pour faire inscrire ce droit dans la Constitution. « Nous n’avons pas la majorité des trois cinquièmes, mais il ne nous en manque pas beaucoup », assure ainsi Jean-Michel Baylet, responsable national du PRG venu « féliciter » les militants du département d’avoir rassemblé plus de 6000 signatures sur le sujet. Après lui, d’autres élus de gauche prennent la parole. Du PS, il y a le président du conseil général, Stéphane Troussel, le maire d’Aulnay, Gérard Ségura; puis le maire Europe Ecologie de Sevran, Stéphane Gatignon, et, pour le Front de gauche, l’adjoint au maire de Tremblay, Madani Ardjoune (remplaçant le député François Asensi), tous résolus à obtenir enfin ce droit promis par François Mitterrand dès 1981.
« Il est temps de le faire », lance Djamel Attalah, un ancien de la Marche des Beurs de 1983. Ahmed Laouedj, patron du PRG en Seine-Saint-Denis, mise en tout cas sur la poursuite de cette campagne, notamment en direction des élus du centre et de la droite. « On ira jusqu’au bout, comme on s’attaquera à la dépénalisation des drogues douces ou le contrôle au faciès », indiquait-il récemment.
Source : Le Parisien