"Oui cette loi est imparfaite, oui elle ne va pas assez loin, mais elle permet des avancées et j'espère que les parlementaires UMP sauront surmonter le traditionnel clivage droite-gauche et voter ce projet de loi". C'est par cette phrase que l'adjoint au maire d’Aulnay-sous-Bois Benjamin Giami décide de mettre les pieds dans le plat en appelant à voter une loi portée par la gauche mais vilipendée par les députés socialistes frondeurs, jugée trop libérale par certains.
La Droite d'Avance, ce groupe de jeunes UMP libéraux sur les questions économiques et sociétales dont il est membre fondateur, appelle ouvertement dans l'Opinion (lire ci-dessous) à voter le fameux projet de loi qui permettra, entre autres, de libéraliser le travail, notamment en permettant l'ouverture des magasins 12 dimanches dans l'année (au lieu de 5 actuellement).
Imparfait, insuffisant, fourre-tout. Ces trois adjectifs ont souvent été utilisés pour qualifier le projet de loi Macron. Et à raison. Mais ce projet de loi est attendu par un monde économique qui demande de l’air et par des Français qui veulent croire que les privilèges et les rentes appartiennent au passé.
Imparfait, insuffisant et fourre-tout, oui. Mais utile et de bon sens.
Aussi est-il est dommage de voir les positionnements de principe de nombreux responsables politiques. De la part d’une partie de la gauche qui se félicite avec Marine Le Pen du score de Syriza en Grèce, et de la part d’une partie de la droite, gênée, disons-le, de voir ce ministre proposer des mesures qu’elle a pourtant soit demandées, soit même proposées en son temps.
Aussi arrêtons-nous sur le fond du projet de loi.
Il y a d’abord la partie sur les professions réglementées. Les régimes spéciaux nous semblent iniques, à juste titre, et nous avons tout fait à droite pour les faire s’approcher du droit commun. Mais voulons nous sérieusement donner l’image d’un parti qui sait s’attaquer frontalement aux statuts des cheminots ou des agents d’EDF mais qui freinent des quatre fers devant des rentes passéistes et des corporatismes ? Serions-nous enfermés dans une approche catégorielle que nous avons tellement reprochée au Parti socialiste ?
Il y a ensuite la partie sur les transports, la libéralisation du transport par autocar, la régulation des sociétés d’autoroute. La Cour des comptes a dénoncé avec justesse ces deux dernières années les tarifs pratiqués par la SNCF et par les sociétés concessionnaires d'autoroutes.
Il y a les mesures sur le pouvoir d’achat. La simplification de l'épargne salariale pour mieux la développer est une idée en phase avec les objectifs de notre famille politique : étendre au maximum de salariés ces plans d’épargne, sans pour autant faire peser leur complexité de gestion sur les PME. D’autres mesures visent à réformer l’urbanisme commercial dont nous connaissons tous la complexité. Il y a également les mesures pour le logement intermédiaire, dont nous sommes persuadés de l’utilité pour permettre l’accès des classes moyennes au logement. Réduire les effets de seuil entre le parc social et le parc privé de manière à réduire au final la pression sur le parc social est une mesure de justice sociale pour la France du travail qui se voit souvent exclue du logement social, mais incapable d’accéder au logement privé dans les grandes métropoles.
Il y a les mesures de redynamisation de l’économie. Celles-ci concernent notamment le travail du dimanche et en soirée : le « travailler plus pour gagner plus », la place de la France dans la compétition internationale touristique, la redynamisation de l’économie commerciale, autant de sujets que la droite et le centre portent également, notamment à Paris où l’idéologie aveugle la maire actuelle et condamne la capitale à prendre du retard sur ses consœurs plus ouvertes. Le projet de loi propose aussi d’ouvrir le capital de certaines entreprises publiques et de procéder à certaines ventes d’actifs.
Il y a enfin les mesures visant à rendre les droits du travail et du commerce plus justes et plus efficaces. Accélérer et simplifier la justice prud’homale, ou encore renforcer la possibilité de relancer une entreprise dans le cadre d'une procédure de liquidation ou de redressement judiciaire, voici des mesures qui vont dans le sens d’une stabilisation de notre tissus de TPE-PME aujourd’hui trop fragile, comme le montrent les comparaisons européennes.
« Cette loi est partie pour être une mosaïque de petits pas allant dans la bonne direction, mais pas assez loin » a déclaré l’économiste Philippe Aghion. C’est sans doute vrai sur la justice prud’homale, mais cette évolution est déjà souhaitable ; cela peut l’être aussi sur le travail du dimanche, mais le cadre proposé est équilibré. Certains reprocheront peut-être l’ouverture du capital des sociétés publiques, mais alors ils défendent une approche colbertiste de l’économie que nous ne partageons pas ? Certes, il aurait fallu s’attaquer davantage aux faiblesses de l’Etat actionnaire, mais une gestion dynamique d’un portefeuille de participations où ne manque qu’un raton-laveur ne peut pas être une mauvaise chose.
Oui, ce projet de loi n’est pas suffisant. Oui, il ne doit pas faire oublier les erreurs de ce gouvernement et du Président de la République, (é)perdus dans leur course à la suppression des réformes entreprises lors du quinquennat précédent ou aveuglés par l’idéologie et le besoin de satisfaire leurs partenaires de gauche, comme ce fut notamment le cas avec la loi Duflot.
Mais il est justement ce premier pas pour faire respirer mieux et plus vite notre économie. Et plutôt qu’un hypothétique grand saut, nous préférons déjà voir ses premiers pas être réalisés. Encore un effort.
« Obéissez au temps ; faites chaque jour ce que chaque jour appelle ; ne soyez ni obstinés dans le maintien de ce qui s’écroule, ni trop pressés dans l’établissement de ce qui semble s’annoncer ; restez fidèles à la justice, qui est de toutes les époques (…)». De l’Esprit de Conquête et de l’Usurpation, Benjamin Constant.
Aurore Bergé, Jean-Baptiste Reignier, Jean Spiri, Nicolas Giordano et les membres fondateurs d’Une Droite d’Avance (@DroitedAvance)
Source : http://www.lopinion.fr/