Presque 10000 habitants de plus à Aubervilliers en cinq ans, des tendances toujours à la hausse sur la même période à Saint-Denis (+ 2,3 %) ou Montreuil (+ 5,12 %), qui restent les deux villes les plus peuplées du département. Alors que les derniers chiffres de l'Insee ont été dévoilés ce mardi midi, les villes de Seine-Saint-Denis continuent d'afficher leur croissance.
L'an dernier, le département a dépassé pour la première fois les Hauts-de-Seine, devenant le plus peuplé de toute la région parisienne derrière Paris. Cette année, l'écart se creuse : 1 639 416 personnes vivent désormais dans le 93. Si la tendance se poursuit, l'Insee estime que la Seine-Saint-Denis pourrait encore gagner au moins 215 000 habitants d'ici à 2050. Alors que l'Etat impose aux communes de construire toujours plus pour répondre à la demande de logements, les grandes villes peuvent-elles encore supporter ces nouvelles populations ?
Saint-Denis veut surtout moins de bureaux dans certains quartiers
A Saint-Denis, selon ces mêmes projections, la ville pourrait atteindre les 140 000 habitants dans trente ans. Mais le nouveau maire (PS), Mathieu Hanotin, tient à relativiser ces chiffres. « Ils ne disent pas tout car Saint-Denis est l'une des villes les moins densément peuplées de la petite couronne, avec 9000 habitants au kilomètre carré, quand des villes comme Le Pré-Saint-Gervais atteignent les 22000 ou 23000 (NDLR : 25643, précisément), observe-t-il. La vraie question, c'est : a-t-on de la place ? Oui, car il y a encore beaucoup de zones encore en friche, des entrepôts… »
Il faut donc s'attendre à voir la population encore grossir. « Mais l'enjeu, c'est de trouver un meilleur équilibre, d'avoir un urbanisme plus maîtrisé », prévient l'édile, qui regrette la place « déraisonnable » donnée ces dernières décennies aux constructions tertiaires, notamment dans le sud de la ville limitrophe de Paris.
Avec des quartiers très peuplés en journée par des salariés — qui n'apparaissent pas dans les statistiques — avant d'être désertés le soir. « Oui, il y a un besoin de logement et de mixité sociale, poursuit Mathieu Hanotin. Mais notre ambition, cela va être de retrouver un équilibre entre ces logements et les commerces, les activités, de bureaux, de loisirs, les espaces verts… »
Montreuil ne veut surtout pas «lâcher les vannes»
A Montreuil, aussi, la population devrait encore croître avec des terrains encore disponibles dans le haut de la ville, notamment dans les zones bientôt desservies par le prolongement de la ligne 11 du métro ou du tramway T1. Et qui sont très courues par les promoteurs. Mais l'idée n'est surtout pas de « lâcher les vannes », prévient Gaylord Le Chequer, 1er adjoint au maire (PCF) de Montreuil, chargé de l'urbanisme. « Pour la zone située le long du T1, nous échangeons régulièrement avec le département, qui est le principal propriétaire du foncier, car nous ne serions pas capables de suivre en termes de services publics et cela nous conduirait dans le mur. »
Si l'élu se réjouit de voir que l'Est parisien soit devenu un territoire « hyperattractif », il rappelle que c'est aussi « grâce à la politique menée pendant des années dans ce qu'on appelait la banlieue rouge, avec des fonciers maîtrisés. On y trouve encore des pavillons avec jardin, ce qu'on ne voit plus beaucoup dans les Hauts-de-Seine par exemple… Et qui est un département beaucoup moins attractif aujourd'hui. »
Montreuil rappelle qu'elle a mis en place, dans son plan local d'urbanisme, une stratégie pour contenir cette augmentation de populations, et les prix qui vont avec. Elle dispose notamment d'une charte promoteur, qui permet de limiter les prix de sortie au mètre carré et de limiter les droits à construire. « Aujourd'hui, on construit beaucoup moins à Montreuil que par le passé », note l'adjoint.
Des chiffres toujours biaisés à Aubervilliers
Du côté d'Aubervilliers, la hausse est toujours plus spectaculaire. Et la mairie rappelle régulièrement que le chiffre est très probablement en deçà de la réalité. « Il faut absolument lutter contre les marchands de sommeil, qui génèrent une suroccupation de logements », rappelle la nouvelle maire (UDI), Karine Franclet. Avec les besoins que cela implique, mais sans les dotations de l'Etat qui vont avec. « N'importe quel enfant qui se présente dans une école, on l'inscrit et c'est bien normal. C'est pareil quand on vient demander une aide au CCAS (NDLR : centre communal d'action sociale), on l'apporte sans regarder où la personne habite. On ne va pas faire le tri. »
L'édile souhaite toutefois « rééquilibrer l'offre, avec du logement de qualité », en se disant également attachée à un « urbanisme beaucoup plus maîtrisé ». « Personne ne pourra empêcher la construction de logements, mais la densification peut faire peur et nous sommes très attachés à avoir un cadre de vie apaisé. Cela passe aussi par une augmentation de la place des espaces verts, et une meilleure anticipation, en lien avec l'Etat, des services publics dont ont besoin ces nouvelles populations. »
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Source article et image : journal Le Parisien