Publié le 30 Septembre 2012
Acclamé en juillet, conspué en septembre. Hier matin, des manifestants de PSA décernaient un « carton rouge » au ministre du Redressement productif, à l’ouverture du Salon de l’automobile à Paris. L’après-midi, lors du meeting organisé en plein cœur de la cité de la Rose-des-Vents, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), non loin de l’usine promise à la fermeture en 2014, l’ambiance n’était pas plus chaleureuse.
Des salariés sans illusions
Tout le monde ici se souvient d’un Arnaud Montebourg pugnace au début de l’été, jugeant « inacceptable » le plan de Philippe Varin… Et depuis? « Qu’il soit là ou pas, c’est pareil! Ce ministre ne sert à rien! » assène Ahmed, vingt ans d’ancienneté chez PSA. « Puisque le gouvernement n’a pas le courage de s’attaquer à la famille Peugeot, nous on va le trouver, le courage! » lance de la tribune le délégué CGT de l’usine, Philippe Julien, très remonté.
Dans la foule massée devant la tribune installée en plein air, aux côtés de salariés de Ford, Sanofi, Air France, Rachid, 33 ans, ouvrier sur la ligne de montage, confie ses désillusions : « Montebourg, avant tout ça, je pensais que c’était quelqu’un d’honnête. Mais le gouvernement, ça change les gens. Pour se battre, on ne pourra compter que sur nous-mêmes. »
Amokrane, technicien de 48 ans, hausse les épaules, fataliste. « On ne peut pas en vouloir à Montebourg. Son meilleur ennemi, c’est François Hollande, qui l’a mis dans cette drôle de situation. Regardez comme il est empêtré dans ses histoires de hauts-fourneaux! Il a des compétences, mais est-ce qu’il a le pouvoir d’agir? » A ses côtés, Mohamed pense que le gouvernement peut agir et « obliger l’entreprise à multiplier les indemnités par 4 ou 5 si elle licencie ». Eric, grand gaillard travaillant à l’usine depuis vingt-deux ans, est sévère : « Montebourg et Hollande ont tout fait pour virer Sarkozy, mais ils ne tiennent pas leurs promesses, ils sont irresponsables. Si ça continue, c’est une présidente d’extrême droite qui sera élue la prochaine fois, une présidente d’extrême droite ! »
Source : Gwenaël Bourdon Le Parisien du dimanche 30 septembre