Comme chacun sait, la manifestation contre la fermeture du site PSA d'Aulnay-sous-Bois de samedi dernier, à l'appel de l'ensemble des organisations syndicales, a remporté un joli succès (voir ici). Après un départ de la place du Général de Gaulle, le cortège, telle une marée humaine (voir là) , a pris la direction de l'Hôtel de Ville. Une fois sur place, les syndicats et les politiques se sont alors exprimés à tour de rôle. Nous avons fait le choix de présenter deux interventions, celles de la CGT et du SIA (Syndicat Indépendant de l'Automobile).
Elles résument de manière très complète à la fois le cheminement du mouvement de contestation actuel suite à la découverte en juin 2011 d'une note interne évoquant la fin possible de l'usine mais aussi l'incompréhension et l'exaspération de salariés rongés par l'incertitude face à un groupe automobile en bonne santé financière ayant bénéficié d'aides importantes de l'Etat mais qui refuse aujourd'hui de s'engager sur l'avenir...
A ce titre, Jean-Pierre Mercier pour la CGT (voir vidéo ci-dessous) a fustigé le PDG de PSA, Philippe Varin, "l'homme qui gagne 9 000 euros par jour, week-ends compris" ainsi que les conditions de travail de salariés à qui l'on demande toujours plus avec moins de moyens. Il a réclamé des engagements clairs et écrits quant à la survie du site et appelé les "3 500 travailleurs" qui représentent "une force considérable" à devenir "le cauchemar du gouvernement et de la direction de Peugeot".
L'intervention du SIA est, quant à elle, intéressante à plus d'un titre. Au delà des demandes de garantie légitimes quant à la pérennité du site automobile aulnaysien, il est frappant de noter que, d'un côté, le silence de Nicolas Sarkozy est pointé du doigt et son nom copieusement sifflé tandis qu'une lettre envoyée à François Hollande reçoit, comme par hasard, une réponse de soutien, presque en direct au moment du discours prononcé à l'Hôtel de Ville, censée être accueillie par une liesse générale de la foule ! (voir la vidéo de cet instant précis ci-dessous à partir de 2 minutes 10)
Or, une partie des salariés présents sur place n'a absolument pas été dupe de la situation, certains demandant immédiatement : "il est où, il est où ?" sous-entendu le candidat socialiste puisqu'il prétend être de notre côté ! Ce moment de flottement relativement perceptible pose la redoutable question de la récupération politique du mouvement. Nous développerons plus spécifiquement cet aspect des choses à l'écoute du discours du maire d'Aulnay-sous-Bois, Gérard Ségura, qui ne se prive pas de faire remarquer l'absence embarrassante du député sortant UMP Gérard Gaudron le jour de la manifestation...