Aux dires de Grégoire Mukendi notre adjoint de territoire, notre conseil de quartier Vieux Pays-Roseraie-Bourg fait partie des plus animés de la ville. Pourtant, en ce Lundi 7 Septembre au soir, jour de reprise de nos réunions, ce n'est pas la grande foule. Dix personnes en tout et pour tout autour de la table. Pas d'ordre du jour précis non plus. A première vue, rien de bien choquant puisqu'après toute coupure prolongée il faut évidemment un certain temps pour relancer la machine... Néanmoins, le déroulement de cette première rencontre de rentrée a fait émerger des sentiments étranges et inconnus jusqu'alors.
D'abord, de l'impatience, pour ne pas dire une certaine exaspération. En effet, sur certains dossiers d'envergure nous piétinons. Pas de nouvelles du projet d'association au 57 rue Jules Princet. Le projet est ficelé et a déjà été voté par le conseil de quartier. Aux dires de ceux qui l'ont élaboré, il dispose même d'une caution de taille en la personne d'un élu particulièrement en vue ces temps-ci. Voilà donc des mois que le projet est soumis en Mairie et il n'y a pas de nouvelles. Rien. Ni dans un sens, ni dans l'autre. L'agacement des auteurs du projet était manifeste, dans la mesure où certains ont besoin d'organiser le futur de leur association, prévoir les travaux d'aménagement nécessaires, et cette absence de visibilité est pour le moins frustrante.
Quant aux quelques riverains de la rue des Saules présents ce soir là, ils ont eu la désagréable surprise de constater que les questions qu'ils avaient soumises à la démocratie locale n'apparaissaient même pas sur le document officiel dont la mise à jour datait pourtant du 1er Septembre 2009, document censé justement regrouper l'ensemble des questions déjà posées par les délégués de quartier. Du coup, notre groupe de travail ne dispose pas des éléments pour poursuivre sa réflexion et ne peut pas progresser. Lorsque j'ai demandé pourquoi nos questions n'étaient pas là, j'ai fait face à un silence embarrassé.
Ces blocages apparents, quelles qu'en soient les raisons, ont à la fois exacerbé l'impatience de ceux qui tentent de mener à bien ces projets et la lassitude des autres, fatigués d'entendre encore parler des mêmes sujets. Le reste de la réunion a complètement tourné à vide, dérivant sur des problématiques de voisinage relevant du domaine privé, genre des jeunes fument des substances illicites dans ma cage d'escalier ou j'ai des voisins qui terrorisent tout l'étage d'un immeuble. Ces problématiques qui, certes, doivent s'avérer difficiles à gérer pour les habitants au quotidien n'entrent pas dans le champ d'application d'un conseil de quartier, comme l'a rappelé Monsieur Mukendi.
Loin de moi l'idée de vouloir tirer sur l'ambulance. Je l'ai déjà écrit, et je l'écris encore, la démocratie locale est une bonne idée en soi, ambitieuse et difficile à mettre en pratique comme on peut l'observer, mais il faut que la Municipalité en place y mette les moyens nécessaires. Deux personnes pour gérer douze territoires dans une ville de plus de 80000 habitants, cela parait une goutte d'eau dans l'océan.
Certes, les délégués de quartier ont leur part à apporter à l'édifice, à travers leur participation, leurs idées, leur enthousiasme, leur vécu et leurs connaissances de quartier, mais il faut qu'en face ils aient l'impression que leur point de vue puisse réellement être intégré dans la décision finale, et pas seulement pour une histoire de coussins berlinois ( je n'ai rien contre les coussins berlinois je le précise !) mais également pour des projets d'importance notamment d'urbanisme, qui touchent au plus profond la vie de leur quartier.
N'est-il pas étonnant de noter en page 2 de l'Oxygène qui sort aujourd'hui même, Monsieur Gente évoquer les sujets que les délégués de quartier peuvent mettre à l'ordre du jour : la place de l'enfant, la culture, la jeunesse, la circulation, les transports... en prenant bien soin de ne pas citer les questions d'urbanisme qui sont pourtant en train de secouer la ville d'Aulnay Sous Bois, ses habitants, les associations, jusqu'à même les rangs de la majorité municipale !
Discutons des projets d'urbanisme en conseil de quartier, avant les réunions publiques, avant le couperet du conseil municipal et là la démocratie locale aura tout son sens, sinon... manque de moyens, dossiers qui n'avancent pas, absence de pluralité d'opinions au sein d'un conseil de quartier, absence de débat sur les questions cruciales d'urbanisme ce qui conduit à des réactions massives de riverains en réunion publique comme on a pu le connaître ces derniers mois, pèseront comme autant de menaces d'essoufflement, autant de pierres dans le jardin de la démocratie locale qui risquent à terme d'en sonner le glas.
Stéphane Fleury