Attention, Mesdames et Messieurs, dans un instant ça va commencer. Installez-vous dans votre fauteuil bien gentiment ! 5, 4, 3, 2, 1, o, partez ! Comme vous le savez probablement, le compte à rebours est amorcé. En effet, il ne vous reste plus que deux jours pour répondre et renvoyer le questionnaire (ici) qui devrait permettre à l'actuelle majorité municipale de faire son bilan de mi-mandat. 20 questions, 10 minutes pour exprimer vos remarques, critiques, suggestions et dessiner les futurs contours d'un avenir commun à Aulnay-sous-Bois.
Telles sont en tout cas les belles promesses affichées à la une de l'édition spéciale d'Oxygène intitulée : assises de la ville, 1 200 jours d'action municipale. A cette occasion, le bimensuel des habitants d'Aulnay-sous-Bois devient l'instrument de communication exclusif de la mairie qui effectue une sorte de revue de son programme électoral, évoquant à la fois les engagements tenus mais aussi les projets et réalisations à venir.
A ce propos, certaines affirmations contenues dans cette habile présentation ont de quoi laisser dubitatif. Par exemple page 10 : Aulnay construit son agenda 21. Pour l'instant, ce processus, qui est censé inscrire la ville dans une démarche de développement durable, est totalement à l'arrêt. N'ayant pas réussi à rencontrer son public, cette initiative prometteuse s'est brutalement interrompue sans véritable explication. Les résultats attendus restent donc à ce jour totalement nébuleux et incertains. Page 10 toujours, on peut lire : l'usine d'amiante déconstruite et dépolluée. Si les bâtiments ont effectivement été démolis sous confinement sécurisé donnant à ce chantier des allures d'exemplarité, la pollution du terrain et en particulier du sous-sol reste entière.
D'ailleurs, faute de moyens financiers, il est prévu, à l'heure actuelle, de simplement recouvrir ce terrain d'une sorte de sarcophage ou chape de béton, en transmettant au passage ce fardeau aux générations futures. Si cet état des choses n'est pas de la responsabilité exclusive de la municipalité, la gestion de cette fin de chantier laisse comme un arrière goût d'inachevé. Il en est de même pour la démolition du garage Renault, cité pourtant comme un engagement tenu en page 11. Si le garage a bien été détruit, les gravats témoignent encore des stigmates des événements de novembre 2005 et l'endroit reste tristement sinistre. Certes, le Grand Paris et sa future gare sont censés éclaircir l'horizon. Mais à quelle échéance ?
Bien entendu ce ne sont que quelques exemples parmi d'autres. La page 14 qui déclare la démocratie participative comme engagement tenu est, à elle seule, à pleurer de rire. Les conseils de quartier ont au contraire montré les limites de la co-élaboration entre élus et habitants, pourtant tellement mise en avant par cette municipalité. Chacune des initiatives citoyennes, émanant d'aulnaysiens de bonne volonté, qui n'entrait pas dans les orientations de la mairie a été systématiquement entravée, balayée d'un revers de main avec le plus souvent un cynisme assumé. La démocratie locale, telle qu'elle existe actuellement dans notre ville, est un véritable leurre car les élus sont en définitive les seuls décisionnaires.
En conclusion, tout n'est sans doute pas à jeter dans ce numéro spécial d'Oxygène. Mais ce qui gêne le plus à sa lecture est que tout est montré sous un regard positif et bienveillant, comme si nos représentants actuels à la mairie se complaisaient dans une sorte de suffisance hermétique à la critique et en particulier à l'autocritique ! Comme si la pure communication prenait le pas sur l'essence même de l'action municipale. C'est d'ailleurs un des travers de la vie politique actuelle en général, qui explique sans doute en partie les taux élevés d'abstention aux élections et le désintérêt croissant de la population pour les affaires publiques. La forme, la communication, les effets d'annonce, le flou autour des programmes et des moyens de leur mise en oeuvre, les lignes politiques à géométrie variable en fonction de contigences et stratégies électorales, les rivalités internes stériles au sein d'un même parti, les petites ambitions personnelles exacerbées, quand ce ne sont pas les polémiques de caniveau, prennent ostensiblement le pas sur les véritables enjeux de fond.
Néanmoins, si le cœur vous en dit et que vous disposez de dix minutes devant vous. Installez-vous dans votre fauteuil bien gentiment, répondez au questionnaire et ensuite restez chez vous ! N'ayez pas d'inquiétude, vos élus s'occupent de tout !
Dans la note suivante je reviendrai spécifiquement sur la réunion du mercredi 29 juin qui a eu lieu en mairie à propos des assises de la ville.
Stéphane Fleury