Un plan pour sécuriser l’université Paris-VIII de Saint-Denis !
Publié le 4 Novembre 2013
Vigiles et vidéosurveillance à la fac de Saint-Denis afin d’empêcher squats et dégradations. Ces nouvelles mesures divisent les étudiants.
Saint-Denis, campus de l’université Paris-VIII. Une journée de cours normale, à la fin du mois d’octobre. En cette fin d’après-midi, les allées et venues sont nombreuses, entre les cours, les séances de travail à la bibliothèque ou les discussions à bâtons rompus dans les couloirs. L’accès à ce campus de 22000 étudiants est entièrement libre, que ce soit par l’accueil ou via le marchand de sandwich kebab, qui donne à la fois sur la rue et sur la fac. Une fois dans les couloirs, il suffit de faire quelques mètres et de franchir la passerelle pour se retrouver dans le bâtiment A, le plus ancien du campus. Ici, les petits amphis, en mauvais état, sont ouverts aux quatre vents, serrures cassées. Tous semblent déserts, mais une fois poussée la porte de l’un d’eux, on tombe nez à nez avec quatre jeunes gens, les pieds sur la table du prof, en train de fumer du cannabis, sourire aux lèvres. Sur la terrasse, un peu plus loin, des chaises sont sorties. A leur pied, des bouteilles vides et quelques détritus. Le tout ressemble parfois plus à un squat qu’à un lieu d’études.
« Ces derniers mois, l’université a été confrontée à des phénomènes nouveaux de squats et de dégradations de locaux et nous avons recensé des cas d’agressions », confirme la présidente de Paris-VIII, Danielle Tartakowsky. En 2012-2013, on dénombre une cinquantaine d’événements (vols, dégradations et actes de violence), dont 26 ont fait l’objet d’une plainte. Pour stopper cette dérive « inacceptable », Danielle Tartakowsky a décidé de mettre en place un plan de sécurité, « afin de garantir à nos étudiants et personnels de meilleures conditions de travail ». Principale mesure : le renforcement de l’équipe de sécurité, avec le recours à huit vigiles supplémentaires venus d’une société privée. Les équipes actuelles deviendront des huissiers, chargés de l’ouverture et de la fermeture des salles de cours.
Autre mesure : la mise en place de contrôles d’accès, « notamment en fin de journée et vis-à-vis de personnes que nous connaissons et qui n’ont rien à faire à Paris-VIII, des lieux qu’ils utilisent pour leurs activités illégales », autrement dit des dealeurs, précise la présidente. Le système d’alarme va être revu, les portes d’accès vont être renforcées et les grilles rehaussées. En tout, ces mesures représentent un investissement de 845000 €.
Des mesures votées mi-novembre
A Paris-VIII, héritière du centre universitaire expérimental de Vincennes, ce plan n’a pas manqué de faire réagir. La modification du règlement intérieur, qui prévoit de limiter l’accès à la fac « aux usagers, aux personnels de l’université ainsi qu’à toute personne autorisée », a suscité la colère de collectifs et syndicats. « Cette disposition ne respecte plus cette tradition d’ouverture au public. Une université est une institution publique, elle doit rester ouverte à tous! », estime Annick, chez Solidaires (SUD). Plusieurs militants sont intervenus lors du dernier conseil d’administration, mi-octobre, empêchant le vote de ce plan. Des réunions sont prévues aujourd’hui et la semaine prochaine, pour décider de la suite de la mobilisation.
Danielle Tartakowsky estime, elle, avoir de son côté « la majorité des étudiants et personnels qui ont pétitionné et nous ont demandé d’agir ». Le plan de sécurité sera à nouveau au menu du prochain conseil d’administration, mi-novembre.
Source : Le Parisien