L’aéroport parisien, numéro 2 en Europe derrière Londres-Heathrow, a soufflé hier ses 40 bougies. Son avenir repose sur une meilleure qualité de service.
Les haut-parleurs diffusent « Aux Champs-Elysées, aux Champs-Elysées... » A côté, des touristes asiatiques fredonnent, tout sourire, les paroles de la chanson de Joe Dassin. Sur les murs blancs, fraîchement repeints, des photos de Paris : ses toits en zinc, ses rues pavées, ses bistrots aux nappes vichy rouge et blanc et ses multiples monuments. Nous sommes dans le terminal 1 de l'aéroport Charles-de-Gaulle, à 25 km au nord de la capitale.
Facilement reconnaissable à son architecture tout en rondeur, c'est avec lui que l'histoire de Roissy a débuté. Inauguré le 8 mars 1974, ce « camembert », comme il sera surnommé, symbolise cette France avant-gardiste.
A l'époque, une poignée de compagnies aériennes, comme Air Inter, disparue depuis, atterrissent sur le nouveau tarmac. La plate-forme fait alors travailler 10 000 personnes et accueille annuellement environ 6 millions de passagers. Quarante ans plus tard, Roissy-Charles-de-Gaulle affole les statistiques : 9 terminaux, 4 pistes, 150 compagnies aériennes, près de 100 000 emplois directs et indirects et plus de 62 millions de passagers accueillis en 2013, soit l'équivalent de la population française. « Nous sommes le deuxième aéroport européen après celui de Londres-Heathrow (NDLR : 72,3 millions de passagers en 2013), s'enthousiasme Franck Goldnadel, le directeur de Roissy. Pendant quarante ans, nous avons su nous adapter à l'évolution du marché. Aujourd'hui, notre ambition est d'être le premier. »
Mais si Charles-de-Gaulle a gagné la bataille des chiffres, celle du coeur n'est pas terminée. Il est critiqué sur Internet pour ses files d'attente interminables et ses services de piètre qualité, et la cible d'une violente tribune de Jacques Attali qui s'inquiétait de l'image qu'il donnait de la France. La chaîne de télévision américaine CNN estimait même en 2011 que Roissy était « l'aéroport le plus haï du monde ».
Quelques milliards d'euros dépensés plus tard, Aéroports de Paris (ADP), le gestionnaire de la plate-forme, tente de changer cette image. Pour preuve, la cure de jouvence qu'a subie le terminal 1. Fini le béton gris tristounet, l'éclairage douteux, le carrelage blanc sans âme des années 1970 et les boutiques poussiéreuses. Place désormais aux escaliers fuchsia et turquoise, à l'ambiance cocooning et au raffinement parisien. Puisque Paris sera toujours Paris, le glamour de la capitale est décliné sous toutes ses formes. Des boutiques de luxe bien sûr mais aussi de la gastronomie.
C'est maintenant devant la nouvelle échoppe Ladurée que se créent les files d'attente. Les macarons à la pistache, au cassis, à la framboise se vendent comme des petits pains. « Je suis comme une vraie Française », lâche dans un charmant accent cette cliente japonaise, une pâtisserie à la main. Un peu plus loin, Eric, un habitué de l'aéroport, reconnaît le changement. « On n'a plus honte de Roissy. Au T1, les salles d'embarquement sont plus lumineuses avec des banquettes, des espaces pour travailler ou pour jouer aux jeux vidéo. Il y a des prises électriques et des espaces fumeurs. Dans une autre aérogare, ils ont aménagé un petit musée avec des statues de Rodin. »
Sur les escalators futuristes refaits à neuf, la djellaba blanche du passager égyptien côtoie l'élégante tunique fleurie des hôtesses de la Singapore Airlines et l'attaché-case en cuir du businessman britannique. « L'aéroport est plus joli, admet ce chef d'entreprise allemand. Les employés sont plus sympathiques, parlent anglais. Mais j'ai toujours du mal avec les ascenseurs. Certains ne desservent pas tous les étages. »
Quoi qu'il en soit, Roissy peut s'enorgueillir de voir progresser son taux de satisfaction auprès des passagers. D'ailleurs, sur les sites spécialisés comme Skytrax, qui note la qualité des aéroports, leurs commentaires se font moins acerbes. Avec une capacité de 79 millions de passagers, Roissy pourrait être saturé vers 2024. « Un nouveau terminal est à l'étude, reconnaît un cadre d'ADP. Mais le projet primordial, c'est le CDG Express, une liaison ferroviaire directe entre Roissy-Charles-de-Gaulle et Paris. Tous les grands aéroports en sont dotés. Si on veut être concurrentiel, il ne faut pas attendre quarante ans. »
Source : Le Parisien