Tracts, champagne et cotillons. Pour avoir célébré le passage à la nouvelle année avec leurs amis du Front national, de jeunes militants UMP, dont le président des Jeunes du courant Droite populaire Pierre Gentillet, se retrouvent au coeur d'une vive polémique.
L'affaire a commencé de la plus banale des façons. Au lendemain du réveillon, l'hôte de la soirée, Kelly, militante parisienne du FNJ très active sur les réseaux sociaux, poste des clichés de la sauterie sur Facebook. Au passage, elle remercie -photo à l'appui- «Floflo»(NDLR : le vice-président du Front national, Florian Philippot) d'être passé trinquer. Sauf que l'hebdomadaire «Marianne» repère la présence de jeunes militants de l’UMP et met l'affaire en lumière. La controverse enfle : simple soirée entre amis ou signe d’une éventuelle porosité des droites, à l’aube d’une double année électorale (départementales en mars, régionales en décembre) ? Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, y voit «une proximité qui mérite une clarification immédiate» et «demande à Nicolas Sarkozy et Alain Juppé de condamner ce réveillon».
«Ce sont des amis qui se sont retrouvés. J'y suis passé avec plaisir. C'est une affaire intégralement cotillonnesque et non politique», a balayé ce samedi Florian Philippot sur BFM TV. «C'est une soirée privée, entre personnes qui partagent les mêmes bancs d'université et éventuellement quelques avis, notamment sur la critique du gouvernement», explique Gaëtan Dussausaye, directeur national du FNJ, interrogé par «Le Parisien» - «Aujourd'hui en France». Lui ne trouve rien à redire à cet «événement amical entre étudiants qui se côtoient habituellement». «Nous ne sommes pas les plus sectaires», relève-t-il encore.
«Cette polémique est parfaitement ridicule»
Si Gaëtan Dussausaye se plaît à le souligner, c'est qu'à l'UMP, on ne l'entend pas de cette oreille. Même si Thierry Mariani, cofondateur de la Droite populaire, y voit un «non-événement» - «La fête simplement...et sans brûler de voitures!», résume le député- cette proximité fait tiquer le président des Jeunes UMP, Stéphane Tiki. Lui se demande tout de même si cette soirée n'avait pas «de connotation politique». «Je vais les auditionner en début de semaine, assure-t-il au «Parisien» - «Aujourd'hui en France». Je vais mettre les points sur les i et leur rappeler qu'aucun rapprochement, aucune accointance, aucune n'alliance n'est possible avec le Front national.»
L’un de ces jeunes UMP, Pierre Gentillet, qui était accompagné de deux autres conseillers nationaux du parti, dit en tout cas avoir passé «une bonne soirée». «Il y avait quatre jeunes du Front, quatre UMP, deux types de gauche et une féministe», détaille-t-il, avant de s’étonner : «Pourquoi m’auditionner ? Pour me demander ce que j’ai mangé et avec qui j’ai dansé ? Dans ce cas, il faudra aussi exclure François Fillon parce qu’il a déjeuné avec Jean-Pierre Jouyet (secrétaire général de l’Elysée)!» «Cette polémique est parfaitement ridicule. Il n'y a là rien d'autre à y voir qu'une bande de jeunes de divers milieux sociaux et de convictions politiques différentes qui se sont retrouvés pour fêter l'arrivée de la nouvelle année», rétorque son hôte, Kelly, à notre journal.
Gaëtan Dussausaye reconnaît toutefois qu'«il peut y avoir plus de points d'entente, d'atomes crochus avec les jeunes de la Droite populaire qu'avec ceux de la Droite sociale». Le chef de file des jeunes frontistes évoque notamment des convergences sur l'Europe, l'immigration ou la politique internationale.
Pour le porte-parole de l'UMP Sébastien Huyghe, pas doutes, le FN, toujours prompt à médiatiser ses ralliés venus de la droite, essaie «d'instrumentaliser» ce réveillon, cette «maladresse de jeunesse». Résultat, il a passé une bonne partie de sa journée à rappeler cette «règle de base» : «Il n'y aura jamais d'accord entre l'UMP et le Front national.»
Source : Le Parisien