Dans les multinationales où l’anglais est la langue de travail, on emploie volontiers cette expression « Slice the Elephant ! ». C’est une manière de dire que si un problème ou une interrogation paraissent trop durs à résoudre, il faut les segmenter en plusieurs petits morceaux que l’on traitera plus facilement séparément d’où cette idée de « Découper l’Eléphant ».
Procédons ainsi pour répondre à la question brûlante du moment : qui va gagner l’élection présidentielle d’avril 2022 ?
Ecartons d’abord tous les extrêmes. C’est une lapalissade, mais tout le monde sait que Marine Le Pen ne sera jamais élue présidente de la République Française. D’ailleurs, le veut-elle vraiment elle-même ? Après tout, les Le Pen et leur le Front National, ou le Rassemblement National maintenant, sont confortablement installés en politique depuis cinquante ans déjà, alors pourquoi vouloir prendre la tête d’un pays en ruine et les ennuis qui vont avec ?
Eric Zemmour, leader du mouvement Reconquête, n’a lui aussi aucune chance d’être élu en 2022. Son objectif est assez facile à comprendre. Faire chuter Marine Le Pen définitivement et récupérer ses partisans et électeurs. Empêcher Valérie Pécresse de l’emporter et faire ainsi exploser le parti Les Républicains. Dès lors, il essaiera de réunir les droites nationaliste et républicaine dans un seul mouvement, qui pèse déjà près de 45 % des intentions de vote au premier tour, et retentera sa chance en 2027.
Jean-Luc Mélenchon, même s’il demeure un tribun exceptionnel habité par une vision travaillée et assumée, ne sera lui non plus jamais président de la République. Pourtant, dans une France ramollie et rabougrie, où l’esprit des Lumières s’éteint un peu plus chaque jour, où le peuple assiste impuissant et paralysé à la chute de son pays après un demi-siècle d’alternances droite-gauche, Jean-Luc Mélenchon propose de renverser carrément la table. Mais paradoxalement, c’est ce positionnement perçu comme trop radical qui effraie une partie de l’opinion et lui barre systématiquement la route vers la fonction suprême.
La gauche la plus nulle du monde. Après le passage de François Hollande, le président normal en scooter qui a ridiculisé la France et les Français aux yeux du monde entier, la gauche est un champ de ruines. Yannick Jadot et son ombre illuminée, Sandrine Rousseau, semblent totalement déconnectés du monde qui les entoure. Il faut dire que certains écologistes sont capables de déclarer dans la même journée que demain il n’y aura plus que des voitures électriques et qu’en parallèle on va fermer toutes les centrales nucléaires qui fournissent l’électricité ! Et à Aulnay-sous-Bois ce n’est guère mieux puisque des écolos bobos circulent en Diesel !
Anne Hidalgo et Christiane Taubira sont, quant à elles, lancées dans une croisade en solitaire pathétique. La première prétend gérer la France alors qu’elle plonge Paris dans le chaos. Insécurité, saleté sont désormais le lot quotidien des Parisiens, sans parler d’une dette abyssale qui est passée de 2,8 milliards d’euros en 2010 à 7 milliards d’euros aujourd’hui. La seconde, sans doute aveuglée par sa propre lumière, se croit en route vers le Zénith alors qu’elle va se fracasser très prochainement au Nadir. Espérons que ces deux candidates ne franchiront pas la barre des 5 %, fatidique pour prétendre au remboursement des frais de campagne. Cela leur servira de leçon pour la prochaine fois.
Seul Fabien Roussel, pour le parti communiste français, garde un peu de dignité à gauche en révolutionnant son approche, ce qui lui vaut d’ailleurs quelques critiques dans son propre camp. Il émane pourtant de lui quelque chose de nouveau et authentique. Mais, quoi qu’il en soit, il ne franchira pas, lui non plus, la porte menant au second tour le 24 avril prochain.
Invincible Emmanuel Macron. Malgré les crises des gilets jaunes et du Covid-19, qui ont fortement secoué son quinquennat, l’actuel président de la République caracole en tête de tous les sondages. Est-ce un leurre, une grande illusion, une grossière manipulation de l’opinion ? Emmanuel Macron peut-il être battu au second tour, voire éliminé dès le premier ? Certains pourraient lui reprocher son absence de bilan, son arrogance, son mépris, sa condescendance, son attitude d’enfant-roi incapable de supporter la moindre contestation. D’autres, au contraire, pourraient vanter sa résistance face à la pandémie et être tentés de lui laisser sa chance pour un second mandat.
Valérie Pécresse, la seule alternance crédible. Dès lors, face à Emmanuel Macron, il n’en reste finalement qu’une seule : Valérie Pécresse. Son CV coche toutes les bonnes cases. C’est une femme de gouvernement, qui dispose de l’expérience et de l’étoffe nécessaires. Elle sait aussi gagner des élections puisqu’elle a été élue et réélue brillamment à la tête de la plus grande région de France et d’Europe. Elle est également proche des réalités du terrain, n’hésitant pas à se déplacer régulièrement, par exemple à Aulnay-sous-Bois, pour voir l’avancée de réalisations financées par la Région, comme la construction de l’espace multimodal Jules Verne dans le quartier Balagny ou la rénovation du lycée Voillaume.
Certes, elle a raté en partie son discours au Zénith, hier. Sur la forme, elle a paru empruntée et corsetée. Un peu comme lors d’une épreuve de patinage artistique aux figures imposées. Plutôt que d’en faire un meeting convenu, fléché et presque obligé, ses conseillers de campagne auraient sans doute dû adapter ce moment important à la personnalité de la candidate des Républicains pour la placer dans les meilleures conditions et la libérer.
Même s’il aurait sans doute été nécessaire de mieux agencer la présentation de son programme présidentiel pour en fluidifier la mécanique, sur le fond, l’essentiel était là. Remettre en ordre le pays. Rétablir l’autorité de l’Etat. Refaire nation autour de la famille et de l’éducation. Panser les plaies d’un peuple abîmé et fracturé.
Il manquait juste peut-être un peu de courage politique pour évoquer la dette abyssale du pays et rompre avec cette sale habitude de nos dirigeants à cramer la caisse depuis 50 ans. Les promesses sont une chose. Leur financement en est une autre. Et puis, Valérie Pécresse devrait aussi arrêter de placer le curseur trop à droite avec cette obsession incessante à évoquer le voile. Dans un monde brutal et une société de plus en plus violente, il faut faire preuve de bienveillance plutôt que d’intolérance.
Mais gardons le meilleur pour la fin où un petit miracle s’est produit. En terminant son discours, Valérie Pécresse, comme libérée, a soudain déployé ses ailes, invitant les uns et les autres à la rejoindre dans un élan qui cette fois-ci sonnait juste. C’est comme si une force enfin l’animait.
Dès lors, une fois l’éléphant découpé, l’évidence s’offre à nous. Emmanuel Macron semble pour le moment intouchable. Mais Valérie Pécresse a toutes les cartes en mains pour le faire chuter. La campagne est encore longue et c’est dans l’arène que la candidate des Républicains est la meilleure. On l’a vue lors de la primaire de droite, solide et dans son élément.
Bref, en un mot comme en cent, une fois qualifiée pour le second tour, Valérie Pécresse pourra prétendre à la victoire finale et devenir la première présidente de la République. En attendant, elle est et demeure la seule et unique alternative crédible à Emmanuel Macron…
Source photos : compte Twitter de Valérie Pécresse
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