Vous trouverez ci-dessous un article intéressant du Parisien paru ce matin qui évoque les raisons financières expliquant sans doute en partie pourquoi les candidats se bousculent aux législatives de juin prochain. La 10e circonscription de Seine-Saint-Denis est à titre d'exemple particulièrement éloquente avec pas moins de 16 listes dans les starting-blocks ! En jeu des millions d'euros qui tombent chaque année dans les caisses des deux formations politiques principales (l'UMP et le PS) et nous condamnent d'une certaine façon à la fatalité du bipartisme. Les partis dits du Centre, enfin si ce terme veut encore dire quelque chose aujourd'hui, ont également affiné leur stratégie pour récolter plus...
Si les candidats aux législatives se bousculent, ce n’est pas forcément pour entrer à l’Assemblée nationale mais aussi pour des raisons financières. C’est en effet sur la base des résultats obtenus lors des élections législatives qu’est calculé le financement public des partis politiques. Cette dotation, dont le montant global est fixé chaque année par la loi de finances, est renouvelée pendant cinq ans. En 2012, l’addition se monte à 71 M€, répartis entre 331 formations politiques.
La bourse aux voix
L’aide publique se répartit en deux tranches. La première, de l’ordre de 33 M€, est attribuée en fonction du nombre de voix obtenues. Seule condition imposée aux partis : avoir recueilli plus de 1% des suffrages dans 50 circonscriptions au minimum, ce qui exclut de facto les formations politiques ultra locales ou fantaisistes. Le montant de l’aide est calculé de la façon suivante : 1,70 € par voix. Néanmoins, la somme globale est ensuite ajustée en fonction des amendes liées au non-respect de la loi sur la parité. Pour les partis qui ne comptent pas de parlementaires, c’est le seul financement public. Ainsi, Lutte ouvrière, qui avait obtenu 218233 voix en 2007 et n’a pas d’élu à l’Assemblée, percevra cette année 347410 €. Avec un total de 1 095784 voix en juin 2007 (sans aucun élu non plus), le Front national touchera quelque 1,7 M€. Le score calamiteux du parti lepéniste il y a cinq ans (dû au siphonage des voix lepénistes par Nicolas Sarkozy) a eu des conséquences financières considérables pour le Front. De 2002 à 2007, il recevait chaque année de l'Etat 4,5 M€!
La prime aux élus
La seconde tranche d’aide publique, d’un montant d’environ 38 M€, est attribuée aux partis en fonction du nombre de parlementaires (députés et sénateurs) qui s’en réclament. Cette année, par exemple, l’UMP qui compte 419 élus au Parlement va toucher 17,7 M€, ce qui correspond à 42200 € par élu, un chiffre qui est le même pour chaque formation politique. Pour l’UMP, cette somme s’ajoute aux 12,45 M€ engrangés grâce aux voix obtenues aux législatives de juin 2007. Au total, le parti de Jean-François Copé peut donc compter sur un peu plus de 30 M€, soit plus de six fois le montant des cotisations qu’il récolte chaque année auprès de ses adhérents! De quoi supporter sans trop de mal les amendes pour non-respect de la parité (4 M€).
Les petites astuces
Comment gagner plus quand on est un petit parti? Pour présenter davantage de candidats qu’il n’en aurait eus avec le seul MoDem, François Bayrou a créé une nouvelle structure de rattachement : le Centre pour la France. Ce label lui permet de ratisser large en étiquetant 400 candidats venus de tous les horizons, gauche, droite ou société civile, dont les voix gonfleront les caisses du centriste, puisque le Centre pour la France est lié par un accord de financement au MoDem. De son côté, le radical Jean-Louis Borloo et ses alliés du centre droit, qui se sont affranchis de la tutelle financière de l’UMP, ont mis en place un nouveau parti, l’Union des radicaux, centristes, indépendants et démocrates (l’Urcid), qui servira de capteur financier au Parti Radical. Outre des radicaux s’y sont rattachés des parlementaires du Nouveau Centre comme Jean-Christophe Lagarde, député de Seine-Saint-Denis, qui ne veut pas être financièrement lié à son parti présidé par Hervé Morin.
Source : Martine Chevalet et Didier Micoine. Le Parisien du jeudi 31 mai 2012.