Odette, 64 ans, n’a jamais connu ça. Dans les 800 logements de la copropriété de la Morée, à Aulnay, on grelotte depuis octobre.
Odette ouvre la porte en claquant des dents. Elle serre contre elle une couverture et rajuste son bonnet de laine. « Je le garde même la nuit, pour dormir », explique cette femme de 64 ans. En seize ans, cette locataire de la rue des Aulnes, à Aulnay-sous-Bois, n’a jamais rien connu de tel. Eric, son petit-fils de 34 ans, s’apprête à aller acheter un radiateur d’appoint. Comme tant d’habitants de la Morée depuis trois semaines. Dans cette copropriété de 800 logements du quartier Mitry-Ambourget, sortie de terre dans les années 1970 et sous administration judiciaire, le chauffage, qui arrive d’ordinaire par le sol, se fait désirer depuis octobre.
La ville pourrait installer une chaudière mobile
« On vit tous dans le salon depuis deux semaines, près du chauffage d’appoint », explique la maman d’Ines, 10 mois, enveloppée en permanence dans une serviette de toilette. Douches rares, rhumes à répétition, triple épaisseur de vêtements, chacun s’organise. « J’ai relevé 8 degrés dans la chambre quand il faisait très froid dehors », déplore Ghislaine, retraitée en rez-de-chaussée qui garde son petit-fils. « Depuis vendredi, nous avons recueilli 410 signatures », assure Richard Freund, qui mobilise ses voisins pour trouver une solution. L’administrateur judiciaire, qui gère la copropriété dans le cadre d’un plan de sauvegarde, envisage d’attaquer l’exploitant du réseau de chaleur Coriance. Me Philippe Blériot, dans une lettre au maire PS d’Aulnay, pointe les carences de l’entreprise, qui « non seulement ne respecte pas ses obligations contractuelles, mais en outre ne communique aucune information et agit avec un mépris insupportable pour les habitants et l’administrateur provisoire ».
Une responsabilité rejetée par Coriance qui pointe à l’inverse une « gestion de patrimoine défaillante ». « A la Morée, la vétusté des installations est telle que cela provoque des difficultés techniques, particulièrement ressenties cette année », note Frédéric Turin, directeur du développement et de l’énergie. La bonne nouvelle viendra peut-être cet après-midi, de la bouche du maire, attendu par les copropriétaires lors d’une réunion dans le quartier à 14h30. En attendant de pouvoir intervenir en profondeur sur le réseau de chauffage, la ville va trouver une solution transitoire. Soit elle aura recours à une chaudière mobile — comme à la résidence de la Bruyère à Bondy il y a trois semaines —, soit l’OPH mettra à contribution ses propres chaudières.
Au printemps prochain, les services de la ville devraient réaliser des travaux sur le réseau, en partie obstrué. « Il y a un problème d’embouage des canalisations, explique Raoul Mercier, conseiller municipal PS chargé des copropriétés. Intervenir maintenant en pleine saison de chauffe, c’est prendre le risque de rompre une canalisation et de mettre tout le réseau en panne. Il faudra donc sans doute attendre avril. » L’élu attribue ces problèmes à un manque d’entretien, notamment du temps de l’ancien syndicat de copropriété.
Source : Le Parisien