Un fidèle lecteur d’Aulnaylibre ! nous a envoyé un joli cliché plein de couleurs en forme de clin d’œil puisqu’il s’agit d’un Arc-en-ciel pris au-dessus du quartier de la cité Arc-en-ciel ! Pour celles et ceux qui ont encore un peu de mémoire, ce secteur de la ville avait cristallisé dès 2009 les premières tensions au sein de l’exécutif municipal, fraichement élu, autour des questions de la densification urbaine. En cause la réalisation d’une vingtaine de logements par l’OPH sur une parcelle jusque-là vierge de toute construction.
Des riverains souhaitaient amender le projet initial de la mairie et voir allégé le nombre des nouvelles habitations en conservant un espace vert ouvert à tous, symbolisé par quatre tilleuls, ou bien encore aspiraient à l’édification d’un équipement comme le prévoyait potentiellement l’ancienne municipalité. Malgré leur opposition, soutenue par un collectif associatif conséquent et même, ironie du sort, l’appui du propre adjoint au maire à l’urbanisme de l’époque ( !), Alain Amédro en personne, Gérard Ségura et son équipe étaient allés au bout de leur logique préférant faire taire les protestations à coups de tronçonneuses et de bulldozers.
Comme l’a noté avec pertinence mon camarade blogueur Hervé Suaudeau sur MonAulnay (lire son article ici), le dernier numéro d’Oxygène, 174e du nom, tente à sa façon de réécrire l’histoire en essayant grossièrement et maladroitement de faire oublier ce qu’il s’est passé. Les faits sont pourtant clairs et implacables. A aucun moment les demandes des habitants du quartier n’ont été entendues. L’exécutif municipal a préféré jouer la sourde oreille et imposer brutalement, coûte que coûte, son projet immobilier quitte parfois même à attiser dangereusement les tensions dans la commune en appelant à des contre-manifestations anonymes (!) ou pleinement assumées mais quoi qu'il en soit toujours indignes du devoir premier d’un maire qui se doit avant tout de maintenir l’unité de ses administrés.
Comble du comble, la nouvelle construction a été réalisée contre l’avis même des délégués du conseil de quartier (!) ce qui constitue en soi un non-sens démocratique puisque cet instance déclinée en 12 exemplaires sur l’ensemble du territoire aulnaysien devait justement servir de contre-pouvoir face aux décisions unilatérales des élus en place ! Le fameux théorème de Gente « le temps où les mairies décidaient seules est révolu ! » a depuis pris beaucoup de plomb dans l’aile. C’est pourquoi, le fait d’utiliser quatre ans après les événements un locataire de la rue Maurice Nilès aussi sympathique soit-il pour expliquer que la vie a repris son cours ne change rien à l’affaire.
La cité Arc-en-Ciel reste et restera le premier exemple d’un urbanisme imposé par la force discréditant à jamais les belles promesses de démocratie participative tant vantées en début de mandature par l’actuel exécutif municipal. On peut même l’écrire a posteriori, les riverains opposés au projet ont malheureusement essuyé les plâtres pour tout le monde principalement par inexpérience et manque de moyens financiers. A ce titre, les deux recours initiés par l’UMP et Europe Ecologie Les Verts, mentionnés dans l’article d’Oxygène comme une menace, n’étaient en réalité que des recours gracieux et n’avaient donc aucune chance de changer le cours des choses. Dès lors, lorsqu’un avocat spécialiste en urbanisme a été contacté par la suite pour envisager une procédure devant le tribunal administratif les délais de recours étaient déjà largement dépassés.
Malgré tout, les tilleuls de l’Arc-en-Ciel ne seront pas morts absolument en vain car désormais tout le monde sait de quoi sont capables les élus actuellement en place pour imposer leurs vues. Il faut donc s’organiser en conséquence pour lutter à armes égales. Le temps a ses vertus et outre la détermination accumulée au fil des années un certain nombre d’associations ont désormais l’assise financière pour envisager toute forme de recours possible au cas où la majorité d'aujourd'hui persisterait à vouloir passer en force. Si elle est assez folle pour s’entêter dans cette voie, qu’elle sache bien qu’un nombre croissant d’habitants sont aussi fous pour aller jusqu’au bout quel qu’en soit le prix.
En conclusion, citons la très juste phrase de Didier Daeninckx en ouverture de son livre Meurtres pour mémoire : en oubliant le passé on se condamne à le revivre…
Que Gérard Ségura et celles et ceux qui lui mangent encore dans la main le comprennent bien. Le moment venu, nous n’oublierons pas…