A ce jour dans le département, seuls 253 jeunes bénéficient d’un emploi d’avenir. Ils sont pourtant 40 000, âgés de 16 à 25 ans, à rechercher un travail. Mais ce dispositif coûte cher, malgré les aides de l’Etat.
En Seine-Saint-Denis comme ailleurs, la « mayonnaise » des emplois d’avenir tarde à prendre. Les ingrédients sont pourtant réunis. D’un côté, 40000 jeunes de 16 à 25 ans inscrits dans les missions locales, et en recherche d’emploi. De l’autre une enveloppe de l’Etat et des aides de la région permettant de créer 2736 contrats d’ici à la fin de l’année. C’est l’objectif le plus ambitieux de France.
Mais à ce jour, 253 jeunes seulement ont été embauchés par les associations, les mairies et quelques entreprises, le dispositif ne s’étant élargi au secteur marchand que depuis fin avril*. Il faut toutefois y ajouter 160 recrutements effectués par l’Education nationale. Le cabinet du ministre du Travail avait mis ce retard sur le dos des missions locales. « La critique était décalée », juge Marc Leray, directeur départemental du travail. Qui pointe, comme tout le monde, les hésitations des employeurs, à commencer par les mairies.
Moins d’une ville sur deux a embauché. Les communes de la Seine-Saint-Denis totalisent moins d’une centaine de recrutements (73 recensés la semaine dernière par les services de l’Etat), pour un objectif total de 526. Et surtout, moins d’une ville sur deux a déjà commencé à embaucher. « Les mairies tentent plutôt de réduire leur masse salariale. Il leur est difficile de recruter », analyse Marc Leray. Parmi les plus avancées, Aulnay-sous-Bois a fait le choix de contrats d’un an, renouvelables. La commune a embauché dix-huit « emplois d’avenir » dans la restauration scolaire, le service événementiel, l’état-civil… « Ceux qui donnent satisfaction ont des chances d’être embauchés à la fin », assure Aline Benhamou, adjointe au personnel. Quelques communes ont jeté l’éponge : « Le dispositif est trop complexe et pas en phase avec nos besoins », juge le sénateur-maire UMP des Pavillons, Philippe Dallier. D’autres, comme Gournay, réfléchissent encore.
Une charge financière malgré les aides. C’est que le dispositif représente un coût, malgré les aides. « Pour un CDD avec un salaire de 1430 € bruts, le reste-à-charge représente 7000 € par an », indique Malik Moussaoui, directeur de la mission locale intercommunale de Terres de France (Sevran, Tremblay, Villepinte). Ce dernier pointe aussi le coût de la formation, qui accompagne obligatoirement un emploi d’avenir : « Des crédits sont prévus, mais les enveloppes ne sont pas extensibles ».
Marc Leray souligne de son côté la concurrence entre les différents dispositifs d’emplois dits « aidés ». La Seine-Saint-Denis s’est vue assigner l’objectif de conclure 2831 contrats d’accompagnement vers l’emploi (CAE) au premier semestre. « Mais on sollicite les mêmes employeurs, ils ne peuvent pas se démultiplier. On est au-delà des capacités du territoire », explique le directeur départemental du travail.
Les associations hésitent. Elles sont elles aussi en période de restriction budgétaire. Les associations sont aussi difficiles à convaincre. Les services de l’Etat ont pourtant mis le paquet. Une plate-forme téléphonique a été créée à Pantin, avec Pôle emploi et Cap Emploi.
« Sur les 2500 associations que compte la Seine-Saint-Denis, deux tiers ont été sollicités », précise Marc Leray, directeur départemental du travail et de l’emploi. Une vingtaine de réunions d’information se sont également tenues depuis fin 2012. L’agglo Terres de France a voté au printemps une enveloppe d’1 M€ pour aider les associations du territoire à créer 42 emplois d’avenir, et financer les formations. « On peine aujourd’hui, mais il suffira de quelques exemples prometteurs pour créer un effet boule de neige d’ici septembre », affirme Malik Moussaoui.
Source : Le Parisien