Un million d’usagers pris au piège suite à l’agression d’un conducteur du RER A
Publié le 30 Janvier 2015
C'est le coup de tête de trop ! Celui qui a mis au garage le RER A, la colonne vertébrale des transports en commun dans la région parisienne. Hier, le débrayage inattendu des conducteurs de train de la ligne la plus fréquentée d'Europe a obligé des centaines de milliers d'usagers à trouver des solutions alternatives pour rejoindre leur travail, aller en cours ou, tout simplement, rentrer chez eux.
Résultat : de l'est à l'ouest de la capitale, de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) à Torcy (Seine-et-Marne), les mêmes images d'usagers en galère, avec parfois, dans certaines gares, ces scènes incroyables de gens collés les uns aux autres qui piétinent des dizaines de minutes pour sortir de l'édifice ou prendre un métro.
Un mouvement encore amplifié par les suites du déraillement, sans gravité, d'un TGV mercredi soir, à la gare de Lyon, qui a occasionné des retards sur le RER D.
Le pire est que cette journée noire pourrait se répéter aujourd'hui. Car, hier soir, syndicats et direction de la RATP étaient dans l'incapacité d'annoncer une reprise ou non du trafic. « Les heures de discussions n'ont abouti à rien, regrette l'Unsa, syndicat majoritaire chez les conducteurs du RER A. Désormais, tout dépendra des conducteurs lorsqu'ils prendront leur poste vers 4 h 30. »
Car, si l'agression de l'un des leurs a profondément ému les agents de la RATP, ce mouvement est surtout révélateur d'une ligne à bout de souffle malgré les financements publics de plusieurs millions d'euros. Les conducteurs dénoncent pêle-mêle les cadencements impossibles à tenir, la pression de la direction pour respecter les horaires demandés par l'autorité organisatrice, le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), les agressions toujours aussi présentes, le tout dans une ambiance qui s'est tendue depuis les attentats, avec notamment des colis suspects toujours plus nombreux. Si, du secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, au président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon (PS), en passant par l'association d'usagers Fnaut, on dit comprendre l'émotion des conducteurs, tous regrettent ce débrayage sauvage. Car si les agents de la RATP sont tenus de prévenir au moins quarante-huit heures avant de se mettre en grève, hier, ils ont usé de leur droit de retrait pour un danger « grave » et « imminent ». « C'est l'arme absolue, reconnaît Thierry Babec, de l'Unsa-RATP. Mais c'est le signe d'un malaise... » L'utilisation d'un droit que la Régie va certainement contester.
Source : Le Parisien