Vous trouverez ci-dessous un article du journal Le Parisien paru ce matin dans son édition Seine-Saint-Denis. Il revient de manière plutôt habile sur les différents types d'incidents qui émaillent quotidiennement la ligne de transport du RER B. Cette galère est exprimée à travers le témoignage de différents voyageurs. C'est fou on s'y croirait ! Bon courage à tous les usagers.
Retards, accidents, suppressions de trains… Jadis bonne élève des banlieusardes, la ligne B s’est dégradée ces dernières années. En 2010, son taux de régularité était le plus faible des RER franciliens, avec seulement 80,1% des trains à l’heure. Une situation si pénible pour ses 870000 usagers quotidiens que les élus du nord-ouest du département ont fait signer une pétition et distribué des tracts il y a quelques mois.
A ce tableau déjà assez sombre est venu s’ajouter cet automne le problème de l’amiante qui a conduit, à plusieurs reprises, les agents à exercer leur droit de retrait. La RATP, qui gère la ligne, a découvert la présence de poussières de cette substance cancérigène sous certaines rames, ce qui l’a obligée à réduire le trafic de 20%. Très en colère, l’Association des usagers des transports, soutenue par le conseil général de l’Essonne, réclame un dédommagement pour les voyageurs. C’est dans ce contexte tendu que se tient aujourd’hui le premier comité de suivi de la ligne. Nous sommes allés, hier, à la rencontre des usagers. Carnet de voyage.
8h15, Massy (91)
Serrés comme des sardines, les voyageurs du RER B s’entassent vers l’escalier d’accès aux quais pour prendre un train pour Paris. Il faut deux minutes pour descendre. A 8h21, Suzanna et Mathias arrivent sur le quai. Le couple vient de rater son train… de 8h24. « Il est parti en avance! C’est tout le temps comme ça! » soupire la jeune femme. « Colis suspects, voyageurs malades, ça n’arrête pas! D’un jour à l’autre, le temps de trajet varie du simple au double », note son conjoint. A l’autre bout du quai, deux sœurs attendent leur train sous un abri, résignées. « On a tellement l’habitude de rencontrer des problèmes. Plus rien ne nous étonne. Les usagers sont tous tendus. » A 8h45, des voyageurs montent dans un RER qui tarde à partir. Une seconde rame arrive sur le même quai. Soucieuse de gagner la moindre minute, la foule se précipite dedans, avant de faire marche arrière. « Autant rester, on risquerait d’attendre encore », lâche une dame.
9h15, Antony (92)
Les voyageurs d’Orlyval (en provenance d’Orly) arrivent sur le quai. « Avec leurs valises, il n’y a souvent plus de places pour s’asseoir », remarque Bertrand, qui va à Arcueil (Val-de-Marne). Muni d’un gros sac, Andy, un Britannique vivant en Australie, entre dans un train pour l’aéroport de Roissy. C’est la première fois qu’il prend le RER B. Verdict? « C’est très sale. Les vitres sont abîmées et il y a des traces de pieds! »
10 heures, Denfert-Rochereau (75)
Robert, l’air hésitant, croit monter dans un train en direction d’Aulnay-sous-Bois. Raté, il ne s’y arrête pas. Du coup, le retraité redescend. Les indications sur les panneaux d’affichage ne cessent de changer. Difficile d’y comprendre quelque chose : les temps d’attente indiqués ne correspondent pas à la réalité. Au bout de plusieurs minutes, son train arrive enfin. « La prochaine fois, je prendrai le taxi! » conclut-il.
Midi, Châtelet (75)
François attend son train pour Roissy. Comme tous les jours, il a prévu 20 minutes de marge. « Le mois passé, je suis arrivé plusieurs fois en retard au travail à cause des grèves. Sur cette ligne, il y en a vraiment souvent », regrette-t-il. « Les années passant, les omnibus se multiplient. Les trajets sont de plus en plus longs », déplore de son côté Jack, qui habite Aulnay-sous-Bois.
14 heures, aéroport Charles-de-Gaulle (95)
Cindy, employée à Roissy, va mettre près d’une heure pour rejoindre son domicile, à Villeparisis (Seine-et-Marne). « Certains matins, je suis obligée de laisser passer deux ou trois trains pour me rendre au travail. Le temps d’attente entre les RER est trop long », juge la jeune femme, qui va bientôt abandonner le train pour la voiture.
17h15, gare du Nord
Une voix annonce des retards en direction du nord. La cause? Un match au Stade de France. Yasmine, qui vient de Saint-Denis et rentre à Cachan (Val-de-Marne) : « On a tous les jours 15 à 45 minutes de retard. A la création du RER, les trains étaient toujours pile à l’heure! »
18h10, Massy
Ce soir, Pierre, qui travaille à Paris, est rentré sans retard à Massy-Palaiseau (Essonne). « Une fois n’est pas coutume », plaisante-t-il. La dégradation du trafic? Ce père de famille a sa petite idée. « C’est pire depuis la réforme des retraites. Au moindre incident, les conducteurs arrêtent les trains », avance-t-il. Son voyage n’est pas fini. Un second RER l’attend pour Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines).
Source texte et image : Hélène Haus, Le Parisien du mercredi 16 novembre 2011