Publié le 20 Mai 2014
Il y a eu les « pères de Stalingrad », en 2001 à Paris, ces rondes de pères de famille pour déloger le trafic de crack. Puis les barbecues géants de Saint-Ouen et les occupations de halls à Sevran, une dizaine d'années plus tard, afin de reconquérir les territoires occupés par les dealeurs. Ces initiatives fleurissent comme si les habitants avaient décidé de reprendre la main.
Samedi dernier encore, à Saint-Ouen, des artistes de rue « squattaient » des placettes habituellement tenues par les guetteurs. Entre parties de belote dans les halls d'immeubles ou pique-niques géants, ce phénomène prend parfois un tour original, comme à Montrouge (Hauts-de-Seine), où un habitant utilise la musique classique comme arme anti-trafiquants !
Cette reprise en main par les citoyens est encouragée par le bailleur 3F : « L'implication des habitants est essentielle pour que la majorité ne soit plus silencieuse, assure Didier Jeanneau, directeur général adjoint. Mais ces initiatives doivent faire partie d'un ensemble de solutions. Nous n'hésitons plus à expulser les locataires à l'origine des nuisances. Dans les quartiers où la pression est trop forte, nous allons tester l'installation de vigiles. »
Des initiatives saluées mais risquées
Le maire de Sevran, Stéphane Gatignon (EELV), confirme : « C'est bien que les habitants se prennent en main, mais cela dénote une sorte d'abandon des forces de l'ordre. » « D'autant plus, estime Michel Mittenaere, président de la Confédération nationale du logement, que ces solutions ne sont pas durables et risquent de générer des réactions plus violentes. »
Tous pointent la question de la consommation des stupéfiants : « Il faut prendre le problème à la source. La vente marche, parce qu'il y a des gens qui achètent », insiste Stéphane Gatignon. « La mobilisation citoyenne peut produire de bons résultats, confirme Michel Kokoreff, professeur de sociologie à Paris-VIII, spécialiste des questions liées à la consommation et au trafic de stupéfiants, que si elle est associée à une action policière durable. Et il faut reconnaître que la guerre contre la drogue est un échec. »
Source : Le Parisien