Interview des salariés en grève de MA France par le Parti des Travailleurs d’Aulnay-sous-Bois

Publié le 27 Avril 2024

Les militants du Parti des Travailleurs d’Aulnay-sous-Bois sont allés à la rencontre des salariés de MA France, actuellement en grève pour éviter la fermeture de leur site de production. L’emploi de 280 ouvriers en CDI et de 140 intérimaires est en jeu. Vous trouverez ci-dessous un article relatant cette entrevue.

Interview des salariés en grève de MA France par le Parti des Travailleurs d’Aulnay-sous-Bois

GREVE A MA FRANCE AULNAY (93) DANS L’UNITE CGT-FO-CFDT, SUIVIE PAR 100% DE GREVISTES !

MA France, anciennement MAGNETO, fabrique des pièces de ferrage automobile pour Renault (20% de la production), mais surtout pour Stellantis (80%), pour les sites de Poissy, d’Hordain dans le Nord et de Luton en Angleterre. Cette entreprise est installée à Aulnay depuis 2003, et travaillait pour PSA Aulnay qui était son client unique et a fermé en 2013 (3000 suppressions d’emploi).

Les salariés et leurs syndicats avaient lancé une procédure d’alerte il y a un an, lorsque la direction de MA France avait fait déménager 40 moules de l’usine vers l’usine Stellantis de Rennes. Des délégués CGT (dont Adel) qui s’y opposaient avaient été traînés devant les tribunaux.

Le site d’Aulnay compte 280 ouvriers en CDI et 140 intérimaires. Lorsque les salariés ont appris la volonté du patron de MA France de fermer l’entreprise, la totalité des salariés et de leurs syndicats (CGT, FO, CFDT) a déclenché la grève illimitée le 16 avril.

Interview des salariés en grève de MA France par le Parti des Travailleurs d’Aulnay-sous-Bois

Les militants du Parti des Travailleurs d’Aulnay sont allés interviewer des grévistes jeudi 25 avril.

Adel délégué FO :

Adel : « La grève a commencé le 16 avec une assemblée générale qui a réunit les 3 équipes, équipes matin, midi et équipes de nuit. Le 8 avril, la direction a rassemblé les 3 équipes et annoncé un dépôt de bilan. Elle a proposé 3 solutions : la première à court terme, échec et donc dépôt de bilan ; la 2e solution à moyen terme, la réussite si on accepte la polyvalence et que les CDI remplacent le travail des 143 intérimaires, cela serait une fermeture retardée. Et la 3e solution à long terme serait de ne garder que 150 salariés avec un nouveau projet qui ne serait plus dans l’automobile.

Q : La direction a proposé une prime de 1 000 puis 3 000 euros ?

Oui, à condition qu’on reprenne tout de suite le travail. Les salariés savent que si on accepte, c’est derrière le dépôt de bilan et on va se retrouver à France Travail.

Q : Comment la grève est-elle organisée ?

Un comité de grève a été constitué, avec 2 représentants pour chacun des 3 syndicats plus 4 salariés élus par les grévistes dans les différentes équipes qui peuvent faire des propositions. Dès qu’il y a une communication de la direction, on réunit le comité de grève, puis on convoque l’AG de tous les salariés.

Q : et pour la suite ?

Le patron nous a proposé une somme, les salariés en exigent une autre. C’est aux salariés de décider. Pour nous, le patron veut la fermeture. On a entendu que c’est Stellantis qui va récupérer ce qui était notre travail. Stellantis qui était notre client devient notre concurrent ! « 

Interview des salariés en grève de MA France par le Parti des Travailleurs d’Aulnay-sous-Bois

Adel Z , délégué CGT

« Cela fait 20 ans que je travaille ici. En fait, Stellantis veut la fermeture de MA France.

On est déterminé à combattre car ici la moyenne d’âge c’est 50 ans. Beaucoup habitent Aulnay, Villepinte, La Courneuve et les communes à proximité. Après la fermeture de PSA, on ne trouvera pas de travail ailleurs. Par notre grève, on demande la garantie d’emploi ou un reclassement. La direction va demander la fermeture pour le 4 décembre.

On demande une prime supra légale, ils ont proposé 45 000 €. Les salariés ne sont pas d’accord, Stellantis gagne beaucoup d’argent. Stellantis a fait construire une entreprise en Turquie, la même que la nôtre. Nous, on est spécialisé dans les véhicules utilitaires – ferrage et emboutissage- pour Citroën, Peugeot, Toyota.  On veut le maintien de l’emploi en France et on s’oppose aux délocalisations. PSA a délocalisé en 2013 vers la République tchèque. Le gouvernement ne s’oppose pas à ces délocalisations.

Ma France était intégrée dans PSA, elle a été séparée du groupe PSA. J’ai commencé à y travailler en 2004. C’est un patron italien qui a racheté MA France. 

Q Que peux-tu dire sur la conduite de la grève :

Le dernier mot doit rester aux salariés.

280 familles vont se retrouver dehors plus 120 intérimaires, au total 400 familles touchées.

C’est moi qui ai posé cette question : chaque équipe doit choisir des délégués pour les représenter au comité de grève, avec les syndicats pour mener des actions dans l’unité et dans la transparence.

Quand on monte à la direction, ils n’ont pas du tout aimé ça…

La direction cherche la division, au début ils ont demandé seulement 2 représentants par syndicat. On a dû exiger que tous les salariés montent avec nous.

Ils ont essayé ensuite d’appeler les syndicats un par un…

Pour gagner ce combat, il faut l’unité, pas la division.

Q Tu disais que le gouvernement ne fait rien pour s’opposer aux délocalisations. Est-ce que vous envisagez une démarche vers le Ministère de l’Industrie, pour exiger que le gouvernement Macron intervienne ?

Pour l’instant personne ne nous a contacté. On reçoit de nombreux camarades qui nous apportent leur soutien. Mais le Maire d’Aulnay (B. Beschizza LR – NDR) dort. Après plusieurs demandes, il a fait recevoir une délégation par un adjoint… On n’entend pas le Préfet. L’Inspection du travail a été contactée. Ils sont venus mais n’ont rencontré que la direction. Celle-ci a remis le dossier à un avocat en expliquant que cela fait 6 ans qu’ils sont déficitaires. Elle nous a dit : vous voulez du travail, alors prenez les 3 000 €. Pour nous pas question d’accepter une prime. On veut la garantie du travail. Elle nous a dit de prendre un avocat représentant le CSE ; et Stellantis a aussi son avocat. Cela deviendrait une bataille d’avocats ! Ce n’est plus une négociation. Pour nous, c’est aux salariés de décider.

Interview des salariés en grève de MA France par le Parti des Travailleurs d’Aulnay-sous-Bois

Merci à Michel L. pour la transmission de cet article et des photos.

Rédigé par Aulnaylibre !

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