Le retraité schizophrène a tenu Aulnay-sous-Bois en haleine
Publié le 17 Avril 2014
L'irruption des Hommes du Raid au beau milieu du marché d'Aulnay-sous-Bois a produit son effet. Vingt-cinq superflics, le visage toujours dissimulé par une cagoule, sont intervenus hier à 12 h 30 auprès d'un forcené qui s'était retranché dans son appartement du 4 e étage, au 22, rue Jacques-Duclos, dans le quartier de Vieux-Pays. Vers 11 heures, Gérard, âgé de 71 ans, avait refusé d'ouvrir aux ambulanciers et aux policiers qui venaient le chercher pour le placer dans un hôpital spécialisé. Cet homme diagnostiqué schizophrène « fait l'objet d'un arrêté d'hospitalisation d'office, a précisé Serge Castello, patron de la police de Seine-Saint-Denis. Il a d'abord menacé de faire usage d'une arme. Puis, il s'est tenu tranquille et n'a plus bougé. » « La mesure d'hospitalisation sous contrainte avait été prise quelques jours auparavant par le préfet, car le patient avait interrompu son traitement médicamenteux », ajoute une source judiciaire. Il devenait donc potentiellement dangereux.
Tout autour de l'immeuble, les forces de police renforcées par la brigade de recherche et d'intervention (BRI) a déployé un périmètre de sécurité. Pendant que le septuagénaire maintient le quartier en haleine, derrière les banderoles, les badauds échafaudent les rumeurs les plus fantaisistes : « C'est un fou, il est armé et il a pris six personnes en otages. » Un autre tente d'amuser la galerie, fanfaronnant « qu'Al-Qaïda est dans le coup ». Une autre théorie recueille un franc succès : « C'est un vieux à qui on a voulu prendre son appartement. Il n'a pas supporté. » Pendant que chacun se livre à une surenchère, Bruno Beschizza, nouveau maire UMP d'Aulnay, franchit le dispositif. L'ancien policier salue ses anciens confrères, embrasse les Aulnaysiennes qui viennent aux nouvelles et évalue la situation : « Le site est neutralisé, il n'y a plus de risque pour les riverains. En revanche, il y existe toujours un danger pour les forces d'intervention et pour le forcené. Il pourrait mettre fin à ses jours. »
En effet, la police dispose des antécédents du septuagénaire. Ils incitent à la prudence. « Il était répertorié par nos services, il y a une vingtaine d'années, comme collectionneur d'armes à feu », indique une source. Pendant les deux heures et demie que durera l'intervention, la police ignore si le retraité n'est pas enfermé avec un arsenal. Le suspense prendra fin à 13 h 30. Le forcené se laisse interpeller. Il n'est pas armé. Et il sera admis directement à l'hôpital, dans un service spécialisé.
Source : Le Parisien