Débat animé au conseil de quartier (Première Partie).
Publié le 10 Juin 2009
Difficile de passer sous silence le débat animé qui a eu lieu sur la question de la densification de la ville d'Aulnay Sous Bois. Tout partait pourtant sous les meilleurs auspices, un projet plutôt bien ficelé, en tout cas aux yeux d'une majorité des délégués de quartier présents, était sur le point d'être soumis à la Mairie pour l'utilisation d'une maison située 57 Rue Jules Princet. Pour mémoire, cette maison et son terrain étaient dans le collimateur d'un promoteur avant que la Mairie ne fasse préemption. Elle a fait de même au 59 de la même rue.
Pour en revenir au 57 donc, pour soumettre un projet à la Mairie, le conseil de quartier est amené à se prononcer par un vote. Par chance pour ceux qui l'ont élaboré, une majorité d'avis favorables s'est dégagée pour ce projet. Ce point me pose question. Que ce serait-il passé si une majorité de contre s'était dégagée ? Comment auraient réagi les auteurs du projet si en plus cette majorité défavorable émanait de délégués n'habitant même pas à proximité du 57, ce qui aurait très bien pu arriver ce soir là. Je vois comme un risque potentiel de blocage. Qui a la légitimité d'accepter ou de refuser un projet proposé en Mairie ? Ceux qui vivent à proximité de la zone concernée et sont de fait les plus affectés, ou alors absolument tous les délégués du conseil même ceux qui ne vivent pas là et ne subiront pas au final les conséquences du choix d'aménagement final ? Vaste question...
C'est alors qu'une personne a entamé un monologue dont la substance consistait à dire qu'il ne comprenait pas pourquoi sur les terrains préemptés par la Mairie on ne construisait pas systématiquement des immeubles. Pour étayer son argumentation il ajoute qu'il y a un an il a voté pour un programme, dans lequel visiblement la construction d'immeubles est un point central, et qu'il ne voit rien sortir de terre. Rien rue Jules Princet ( à l'heure où j'écris on ne se dirige pas vers du logement au 57), rien rue des Saules et rien du côté de l'Arc-En-Ciel, ce qui semble l'agacer visiblement.
J'apprendrai plus tard qui est exactement cette personne, et que son discours n'est évident pas dû au hasard, mais je ne veux pas en faire une querelle de personnes justement. Je dois avouer que j'ai réagi au quart de tour, en expliquant à ce Monsieur que j'entendais bien son aspiration à voir pousser des immeubles comme des champignons un peu partout dans la ville, mais qu'en ce qui concernait la rue des Saules, zone pavillonnaire située au nord la ville et noyée au milieu de 88% d'immeubles de logements sociaux, les riverains ont tous réagi unanimement contre ce qu'ils ont ressenti être une atteinte à leur cadre de vie.
Je précise que je prends bonne note de sa position, mais qu'il faut tenir compte de la nôtre, que nous vivons ici et que la perspective de voir nos biens, acquis souvent sur des crédits à longue durée, dépréciés par une construction mal adaptée au quartier est de nature à provoquer des réactions. Nous avons des devoirs. Nous payons notre taxe foncière et le prix de notre tranquillité. Nous avons aussi des droits. Ceux de réagir, de protester, de nous faire entendre pour être à minima associés à ce qui est finalement un élément fondamental de notre existence : le devenir de notre cadre de vie. Lorsqu'une agence immobilière vous annonce qu'une construction mal adaptée à côté de votre pavillon entraînera une décote de 30 à 50% de votre bien, et ceci dans un contexte immobilier morose, ce qui signifie de fait que vous perdrez un capital, fruit de votre travail, soit pour votre retraite, soit à transmettre à vos enfants ou votre famille, vous n'avez finalement plus grand-chose à perdre à manifester votre mécontentement.
D'autres arguments sortent alors du chapeau et viennent animer la discussion. J'apprends que 3 millions de français attendent un logement. Je me demande à quoi servent les recensements et les statistiques de l'INSEE si notre pays n'est même pas en mesure de suivre l'évolution démographique de notre population et de répondre aux besoins en logements ou autres services qui en découlent ? Je sais très bien que 3000 demandes de logements sont encore insatisfaites dans la ville. Mais est-ce une raison suffisante pour construire des immeubles très vite, partout et n'importe où sans prendre la peine de consulter les habitants des quartiers.
Il n'est pas question de remettre en cause la nécessité de se loger, mais certains jugent cet état des choses suffisant pour justifier et construire systématiquement au nom de l'intérêt général. Il serait bon de ne pas oublier l'intérêt général des quartiers, parce que construire quelque chose que les riverains n'acceptent pas, créera forcement à terme de l'amertume et pourquoi pas même un effet de ghettoïsation qui déboucheront sur des situations explosives dans les quartiers. Si nous pouvons éviter en amont ce type de conséquences fâcheuses, nous éviterons des problèmes et tout le monde en sortira gagnant.
Il est inutile de nier qu'une sorte de mouvement est né dans la ville, une dynamique qui voit des aulnaysiens, de simples citoyens comme vous et moi, sortir de l'ombre pour s'opposer à des constructions qui paraissent inadaptées à leur cadre de vie. Il y a eu la rue des Saules, maintenant il y a l'Arc-En-Ciel, d'autres points dans la ville ont également posé problème et d'autres sortiront peut-être encore à la lumière du jour demain. Et vouloir passer outre l'avis des riverains, vouloir passer en force finira irrémédiablement par avoir des conséquences dont il faudra payer le prix. Avant d'en arriver là et puisque la démocratie locale est un outil de concertation, saisissons cette chance là.
Rédigé par Stéphane Fleury le mercredi 10 juin 2009 à 23Heures54.