Les mosquées de Seine-Saint-Denis sous protection
Publié le 17 Janvier 2015
« S'assurer que la prière se passe dans de bonnes conditions. » C'est le message à double sens que le préfet de Seine-Saint-Denis, Philippe Galli, a transmis, hier, aux responsables de trois lieux de culte musulmans, à Epinay-sur-Seine, au Blanc-Mesnil et à Noisy-le-Sec, à l'heure de la prière du vendredi. Message à double sens, car, si le préfet tient à rassurer les fidèles par la protection policière aux abords des mosquées, il rappelle aux responsables des lieux de culte leur importance dans la prévention de la radicalisation des plus jeunes.
Il est bientôt 13 heures, ce jour-là, et l'imam Nouh prépare son prêche dans un petit vestibule de la salle de prière d' Epinay, chapeautée par l'Organisme de gestion de la mosquée d'Epinay (OGME), une émanation de la Grande Mosquée de Paris. Ce jour-là, l'imam Nouh dira aux 2 000 fidèles qui l'attendent, de l'autre côté de la porte, que les récents attentats « n'ont rien à voir avec la religion », que « la paix est le bon comportement ». A son côté, Aïssa Nakes, vice-président de l'OGME et président du conseil régional du culte musulman, échange avec le préfet Galli. Celui-ci compte sur la « fermeté » des leadeurs d'associations musulmanes pour résister aux idées islamistes. Les jeunes sont un sujet récurrent : « De plus en plus nombreux dans les salles de prière », remarque le préfet. Mais l'inquiétude vient de ceux qui désertent la prière collective. Le spectre de l'autoradicalisation en solitaire semble dans toutes les têtes. « Il est vrai que certains jeunes ne viennent plus à la salle », regrette Aïssa Nakes.
Au Blanc-Mesnil, le centre de culte El Ihsan aurait l'air d'une banale maison pavillonnaire si des centaines de fidèles ne se serraient pas dans le jardin, et si d'autres n'étaient pas contraints de s'agenouiller sur le trottoir. C'est la deuxième étape de la tournée du préfet. Il vient à la rencontre des trois policiers en faction sur le trottoir d'en face. Aucun incident à signaler. « Le département a été relativement épargné par les actes islamophobes et antisémites depuis les attentats », estime-t-il.
Il n'empêche. Les conditions dans lesquelles les « 700 000 musulmans du département » exercent leur foi inquiètent. Le préfet évoque des lieux de culte « trop peu nombreux, trop petits ». Celui du Blanc-Mesnil en est la parfaite illustration.
Autre contrainte : la formation des imams. Le préfet Galli aime à répéter qu'elle prend « autant de temps que la formation d'un médecin ». Ses derniers interlocuteurs, de l'Association cultuelle des musulmans de Noisy-le-Sec , acquiescent. Mohamed Azahaf, le président, ne cache pas sa satisfaction d'accueillir le représentant de l'Etat. Il prône la « professionnalisation » des imams et félicite le sien, Abdelhamid Khamlichi. Ce jour-là, il a enjoint les fidèles d'être reconnaissant envers les gendarmes qui montaient la garde, sur le trottoir d'en face.
Source article : Le Parisien / Vidéo d’illustration : Aulanylibre !