Attentats Charlie Hebdo : l’ancien maire d’Aulnay-sous-Bois Gérard Ségura s’exprime sur Mehdi et Mohamed Belhoucine !
Publié le 17 Janvier 2015
Injoignable jeudi, Gérard Ségura, l'ancien maire PS d'Aulnay, a tenu à s'exprimer à la suite de l'article paru hier dans « le Parisien », concernant Mehdi et Mohamed Belhoucine. Ces deux frères de 23 et 27 ans, qui sont peut-être en Syrie, sont suspectés d'appartenir à la nébuleuse terroriste qui a frappé la France depuis le 7 janvier. Tous deux ont été animateurs jeunesse à la ville d'Aulnay-sous-Bois à partir de 2009 et jusqu'au 1er septembre 2014. Ils assuraient l'aide aux devoirs dans les antennes jeunesse auprès d'enfants de 10 à 14 ans.
« Nous ne les connaissions pas, ils n'ont pas été recommandés par quelqu'un de mon entourage proche, ni par la maire de Bondy (NDLR : leurs parents travaillaient à la mairie de Bondy), il serait bon d'entamer une enquête administrative pour vérifier s'il y a eu une recommandation », suggère Gérard Ségura en réponse à Bruno Beschizza, son successeur (UMP), qui réclame, lui, une enquête pénale. « On aurait pu me reprocher d'avoir recruté n'importe qui, mais tout a été fait, je peux l'affirmer aujourd'hui, et ils étaient tout à fait insoupçonnables », assure Gérard Ségura, l'ancien maire, qui « a fait procéder à des vérifications » depuis ces révélations : diplôme (bac + 3), entretien, casier... « Ils avaient en outre un profil scientifique, ce qui est rare », précise Gérard Ségura.
Mohamed a resigné un contrat alors qu'il sortait de prison
« Un extrait de casier judiciaire B2 (NDLR : qui comporte la plupart des condamnations pour crimes et délits) avait été demandé, comme c'est le cas pour tous les emplois, même lorsqu'il s'agit de postes précaires », ajoute l'élu. Et d'ajouter qu'une seconde procédure a été diligentée auprès de la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS, ex-Direction départementale de la jeunesse et des sports), « comme c'est le cas pour les postes en lien avec un public jeune ». « Ce document précise la nature de l'intervention, le nombre d'enfants à charge, leur âge, le type d'activité, la liste nominale des intervenants, qui permet dans certains cas d'écarter des candidatures, ajoute Gérard Ségura. Mais pour eux, pas de retour négatif. Notons que ces contrôles par la DDCS sont aléatoires, c'est peut-être une faille dans la procédure », ajoute-t-il, imaginant que l'on puisse renforcer ce contrôle. Sollicitée, la préfecture n'était pas hier en mesure de répondre.
Plus surprenant, comment Mohamed a-t-il pu signer un nouveau contrat en septembre 2011, alors qu'il sortait de prison ? Il y avait séjourné onze mois dans le cadre de l'enquête sur une filière afghane, pour laquelle il sera finalement condamné en juillet 2014. Lorsqu'il retourne faire de l'aide aux devoirs auprès d'enfants à Aulnay, à la rentrée 2011, il est mis en examen pour sa participation à ce réseau d'acheminement de jihadistes vers la zone afghano-pakistanaise. « Personne n'a pris le soin de prévenir la mairie d'Aulnay. Je peux comprendre que les services très spécialisés ne vont pas prévenir tout le monde, mais on ne peut pas rester les bras croisés face à une telle indication, il peut y avoir mise en danger de la vie d'autrui », analyse l'élu, a posteriori.
Parmi les animateurs ou anciens animateurs du quartier, c'est visiblement la surprise. Ceux qui ont croisé Mohamed dans le quartier de Mitry décrivent « quelqu'un de très discret, qui venait faire son travail et repartait ». Alors que la plupart des employés se connaissent bien, pour avoir grandi ou habité dans le même quartier depuis des années, le jeune homme a peu d'attaches. « Depuis quelques jours, les rumeurs courent dans tous les sens pour savoir comment ils ont été embauchés », indique une ancienne responsable. La mairie n'a en tout cas toujours pas reçu la visite des services de police.
Source : Le Parisien