Aulnay-sous-Bois : quel rôle Mohamed et Mehdi Belhoucine ont-il joué dans les attentats de Paris ?
Publié le 18 Janvier 2015
Quel rôle ont pu jouer les frères Mohamed et Mehdi Belhoucine dans les attentats de Paris et de la porte de Vincennes ? Plus d'une semaine après, les enquêteurs de la brigade criminelle et de la sous-direction antiterroriste (Sdat) tentaient toujours de cerner l'implication des deux membres de cette fratrie de quatre enfants, originaires d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
« Comment et depuis quand ces deux frères étaient en contact avec Amedy Coulibaly et sa femme, Hayat Boumeddiene, se demande un haut fonctionnaire. Cette femme et les deux frères Belhoucine ont quitté laFrance pour la Turquie, via Madrid en Espagne, le 2 janvier, soit près d'une semaine avant le déclenchement des attentats. Nous avons ensuite perdu leur trace quelque part en Syrie. Ils n'ont donc pas participé à ces actes de terrorisme mais ont pu jouer un rôle de soutien. »
L'aîné des frères, Mohamed, 27 ans, avait été condamné au mois de juillet 2014 à Paris à deux ans de prison dont un an avec sursis pour sa participation à une filière d'acheminement de jihadistes vers la zone afghano-pakistanaise. Il avait passé près d'un an en détention provisoire entre mai 2010 et avril 2011. Le réseau démantelé gravitait, à la fin des années 2000, autour de la mosquée Omar, située dans le XIe arrondissement de Paris, et considérée comme un « haut lieu du salafisme » dans la capitale.
A son procès, Mohamed, élève ingénieur pendant trois ans de l'Ecole des mines d'Albi (Tarn), avait expliqué être tombé dans ce réseau par « erreur ». Mais ce jeune homme, parlant couramment l'anglais et maîtrisant les techniques de montage vidéo, avait été repéré par la police après avoir posté sur Internet divers films à la gloire du jihad. L'exploitation de son ordinateur avait aussi révélé qu'il avait téléchargé un manuel de fabrication de bombes artisanales. Dans la même veine, il avait choisi comme sujet de mémoire : « La correction de la trajectoire d'un missile par l'utilisation d'un guide [...] est un moyen pour celui-ci d'atteindre sa cible [...]. »
Auditionné par la Direction centrale du renseignement intérieur, un imam l'ayant côtoyé avait indiqué que Mohamed Belhoucine se disait « musulman, de courant sunnite ». « L'une de ses principales préoccupations était de regarder des vidéos de jihad en Palestine, en Irak, en Afghanistan et en Tchétchénie, avait précisé la même source. Il me parlait beaucoup du jihad. Il me parlait des moudjahidin, de leur façon de vivre et de s'entraîner. Il était admiratif. »
Au regard de ses compétences « techniques », les enquêteurs s'interrogent sur son implication dans le montage de la vidéo postée deux jours après la mort d'Amedy Coulibaly et dans laquelle on voit le terroriste justifier ses actes. Enfin, le rôle endossé par son frère cadet, Mehdi, 23 ans — qui, auditionné en 2010 après l'interpellation de son aîné, indiquait que, s'il était poussé, il pourrait prendre part au jihad —, demeure encore plus obscur.
Source : Le Parisien