Le Billet de Veritis : Tunisie, 66 morts déjà !
Publié le 14 Janvier 2011
C’est à quelques heures de Paris, de l’autre côté de la Méditerranée, cette Grande Bleue, dans laquelle on aime tant se baigner. Hammamet, Djerba : ces magnifiques plages parsemées d’hôtels qui accueillent des touristes européens heureux de profiter du soleil, mais aussi la beauté des sables du désert et une vraie gentillesse de ses habitants.
Nous savions bien que le régime était autoritaire, qu’il pouvait y régner une certaine corruption, que des journalistes avaient pu y être emprisonnés, mais nous avions le sentiment que, peu à peu, les choses pouvaient peut-être s’arranger, avec la manne touristique et le boom économique qui semblait se manifester. Et puis, au moins les fondamentalistes islamiques n’avaient pas pignon sur rue !
Patatras ! La crise économique y a aussi ses effets. Les emplois sont devenus plus difficiles et le chômage augmente, notamment pour des jeunes diplômés qui avaient déjà du mal à s’intégrer, mais qui, là, se révoltent devant les inégalités et les injustices d’un système gangréné par la corruption à un point que l’on n’osait imaginer !
Car, aujourd’hui le monde a bien changé. Le temps des dictatures ou des régimes opaques et autoritaires est compté. Pourquoi ? Parce que le phénomène de la toile ou des réseaux sociaux balaye tout et passe au-dessus des crispations et des conservatismes des hommes de pouvoir ainsi que par delà les frontières. Dés lors, à l’aide d’un téléphone portable ou d’un ordinateur, tout se sait. Les forums se multiplient, les témoignages affluent, les réactions s’amplifient. Tout cela fait boule de neige et alimente des phénomènes collectifs qu’il est alors difficile de réprimer, tant leur puissance peut être dévastatrice.
Et c’est là, où existe une différence fondamentale entre les Démocraties et les Régimes autoritaires. Dans le premier cas, la liberté de manifestation est garantie, voire encadrée par des organisations syndicales et des services d’ordre tant syndicaux que policiers. Il peut exister quelques violences ou quelques bavures, mais en général la vie humaine est préservée (c’est ce qui s’est passé, par exemple, en mai 68). Dans le second, la police ou l’armée n’hésitent pas à tirer avec des balles réelles sur des manifestants, peut-être non pacifiques, mais en tous cas non armés.
C’est ainsi que l’on compte déjà, semble-t-il, au moins 66 morts liés à ces manifestations. Pauvre Maghreb qui, a certes conquis son indépendance depuis 50 ans environ, mais qui est toujours aux prises avec des régimes non démocratiques et corrompus ! Et si le sursaut était pour demain ?
Veritis.