La Seine-Saint-Denis endettée à hauteur de 950 millions d'euros.
Publié le 11 Février 2011
C'est un montant qui donne le vertige. La dette du département de la Seine-Saint-Denis est estimée à 950 millions d'euros, dont 71% en emprunts toxiques (675 millions d'euros). De tout temps, les collectivités locales se sont endettées pour financer leurs investissements (crèches, écoles etc.). Mais les crédits à taux fixes ont peu à peu cédé la place à des taux plus bas au moment de la négociation, mais variables.Problème : lorsque les indices sur lesquels ils sont indexés (pétrole, parité dollar-euro, livre sterling) augmentent, les taux d'intérêt flambent dans leur sillage et la facture de la dette explose. Dans une interview accordée au journal le Parisien daté du 9 février 2011, Claude Bartolone, président du conseil général explique ainsi : "ce n'est pas tant ce que nous avons remboursé à ce jour qui pose problème, mais plutôt ce qui est à venir. Dès cette année, par exemple, le prêt contracté auprès de Depfa va nous coûter 1,5 millions supplémentaires, soit le coût d'une crèche ! Son taux d'intérêt est passé de 1,47% à 24,2% !"
Claude Bartolone a exprimé son intention d'assigner les banques en justice car il leur reproche de ne pas avoir suffisamment averti les responsables du département sur les risques qu'ils prenaient en souscrivant des emprunts spéculatifs devenus "toxiques" avec la crise financière. Des prêts qui, en raison de taux d'intérêt finalement très élevés, ont fait exploser l'endettement de la Seine-Saint-Denis et de nombreuses autres collectivités locales de France, de droite comme de gauche.
Certes, entre des élus suffisamment crédules pour penser qu'ils pouvaient emprunter de l'argent à peu de frais, des banquiers peu regardants sur les produits structurés qu'ils vendaient, et un Etat ayant longtemps sous-estimé la bombe à retardement des prêts toxiques, les torts sont partagés.
Reste à savoir qui paiera l'addition in fine ? Certains élus se tournent vers l'Etat, lui demandant de créer une structure de défaisance qui reprendrait à son compte les emprunts les plus dangereux. D'autres estiment que les banques doivent prendre leur responsabilité mais juridiquement l'affaire n'est pas simple. En attendant, ce sont donc les contribuables qui risquent d'être mis à contribution...
Source : Olivier Baccuzat, le Parisien du 09/02/2011