Et si on arrêtait de manger de la viande... ?

Publié le 29 Décembre 2009

tournedos-rossini-2190040_1350.jpgPour les fêtes de fin d'année, que diriez-vous d'un tournedos Rossini ? Imaginé par le compositeur italien qui lui a légué son nom, c'est le savoureux mariage d'un tendre médaillon de filet de boeuf et d'une tranche de foie gras. Il y a là de quoi exciter les papilles de tous vos convives, à moins d'avoir à table un de ces militants donneurs de leçon sur la dangerosité de l'élevage bovin pour la planète, ou sur les souffrances infligées aux palmipèdes et plus largement aux animaux de rente.

Car en pleine période de convivialité, les attaques contre la viande se multiplient, et surtout contre la viande bovine. " Il y a toujours eu un mouvement de fond conduit par les végétariens et les welfaristes (soucieux du bien-être animal), remarque Denis Sibille, président d'Interbev. Mais, depuis la parution en 2006 d'un rapport de la FAO, le mouvement s'est amplifié ". C'est dans ce document que les détracteurs de la viande se servent copieusement pour mener leur offensive : depuis le poids de l'élevage dans les émissions de gaz à effet de serre jusqu'à la concurrence pour l'alimentation entre les animaux et les hommes, en passant par la ressource en eau.

" Ce rapport de la FAO n'est pas écrit par des végétariens, insistait Paul McCartney ( le chanteur des Beatles ) le 3 décembre dernier, dans l'hémicycle du parlement européen à Bruxelles. Mais par des gens qui mangent probablement de la viande et qui constatent que l'industrie de l'élevage produit plus de gaz à effet de serre que tous les transports réunis : voiture, train, avion... ". L'avion que le chanteur aime prendre pour aller répandre la bonne parole, celle du "monday free meat", le lundi sans viande.

Défendre ses idées dans ce lieu symbolique n'est pas donné à tout le monde. Surtout quelques jours avant un sommet sur le climat à Copenhague. C'est Edward McMillan, un eurodéputé, qui a organisé cette matinée du 3 décembre intitulée " le réchauffement planétaire et la politique alimentaire : moins de viande = moins de réchauffement ". Vice-président du parlement, il avoue, en guise de mise en bouche, ne pas avoir consommé de viande depuis Noël. Suit le plat de résistance : l'intervention d'Alan Dangour de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, qui ne voit aucune objection à réduire de 30% la consommation de viande de ses concitoyens. Bien au contraire, ce serait même bon pour leur santé !

paulmccartney less meat less heatLa cerise sur le gâteau est laissée aux bons soins de Paul McCartney et Rajendra K. Pachauri, président du Giec (Groupe d'experts international sur l'évolution du climat). " Le réchauffement climatique a atteint des proportions que l'on ne peut plus ignorer, assène Rajendra K. Pachauri. Nous pouvons apporter notre contribution à l'échelle individuelle. L'élevage est un domaine dans lequel nous pouvons faire la différence ". Paul McCartney lui emboîte le pas. " Les gens sont perdus, assure-t-il. Ils veulent apporter leur contribution, mais ne savent pas comment ". Qu'ils ne s'inquiètent pas, le chanteur est prêt à les éclairer.

" Notre campagne dit " essayez une journée sans viande" poursuit-il, avant de dresser un bilan des actions qu'il conduit au nom de cette cause. Et à n'en pas douter, les écoles et les enfants sont au coeur de la cible. C'est moins choquant que les actions sanguinolentes conduites par certaines organisations de défense du bien-être animal, mais sans doute plus efficace sur le long terme. " Nous devrions faire de notre mieux pour l'avenir de nos enfant. Je suggère que le Parlement européen et les gouvernements du monde encouragent les gens à réduire leur consommation de viande. Ce n'est plus un choix individuel. Cela affecte l'ensemble de la planète ".

Il y a peu de personnes dans l'hémicycle pour répondre à ces réquisitoires. Les représentants des producteurs peinent, eux, à faire reconnaître le rôle de l'herbe comme puits de carbone dans l'élevage bovin européen, oublié dans le rapport de la FAO. A la tribune, ils n'ont que le soutien de Mairead McGuiness, membre de la commission agriculture du Parlement, qui a quatre minutes pour défendre son point de vue. " Je crois en la modération. C'est ennuyeux mais cela marche. Ne laissez pas croire que si nous sommes tous végétariens, nous aurons moins de problème de changement climatique ".

Car si demain un chercheur découvrait que les végétaux sont des êtres sensibles, que les poireaux souffrent quand on les arrache et qu'on les entasse dans des cageots pour les transporter dans des camions réfrigérés sans lumière. Que nous resterait-il à manger ?

Source : Carole Hiet et Eric Roussel in La France Agricole 18-25 Décembre 2009 Hebdomadaire n°3314 - 3315

Rédigé par Stéphane Fleury

Publié dans #Environnement

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