Homme-viande : une relation ancestrale et complexe...
Publié le 30 Décembre 2009
" L'homme est un mangeur de viande, par nécessité physiologique surtout et par goût aussi ". Préhistorienne, Marylène Patou-Mathis est remontée loin pour comprendre pourquoi la viande avait un statut si singulier, étroitement lié à la place de l'animal, et une place toujours importante dans la société. Les rituels et les mythes souvent associés à cet aliment qui contient du sang et provient d'autres êtres vivants en témoignent. Dans son livre " Mangeurs de viande", l'auteure montre que la quête d'alimentation carnée et de protéines animales a été l'un des moteurs de l'évolution. Lorsque nos ancêtres se sont mis à manger de la viande, ce nouveau régime alimentaire pourrait avoir déclenché la séparation de notre lignée de celle de nos cousins les grands singes. Quant à la pratique de la chasse, avec ses conséquences socio-économiques et symboliques, elle aurait favorisé, d'après certains chercheurs, l'émergence de l'Homme sociétal. Des hypothèses qui dérangent !
Alors peut-on se passer de viande, voire de protéines animales comme certains le réclament ? Des médecins affirment qu'un régime végétalien ( sans même de lait, d'oeuf ou de poisson ) entraînerait à terme le développement d'ostéoporose ( fragilité excessive du squelette ), d'anémie ( anomalie sanguine ), d'hypothyroïdie ou encore des troubles neurologiques et de la croissance... Si ce débat est loin d'être clos, il reste des valeurs décrites dans le livre de Marylène Patou-Mathis : " La viande réchauffe, donne une impression de vigueur et de vitalité accrues. Nutriment recherché, elle est porteuse de symboles : force, fougue, puissance, richesse. C'est un aliment souvent considéré comme noble".
Source : Marylène Patou-Mathys, directrice du recherches au CNRS. in La France Agricole 18-25 Décembre 2009 Hebdomadaire n°3314 - 3315