CSL Boxe d'Aulnay-sous-Bois : Mehdi Bouadla en interview pour Netboxe
Publié le 18 Octobre 2011
Le boxeur du CSL boxe d'Aulnay Sous Bois Mehdi Bouadla (23-4, 11 KO) est devenu une valeur sure de la boxe en France, la ténacité et la volonté sur le ring sont des qualités que lui reconnaissent les fans de boxe. NetBoxe a voulu faire le point avec Mehdi avant les grandes manœuvres de la saison 2011/2012 qui démarre dés ce vendredi à la salle Pierre Scohy. Au cours de cet entretien, le sympathique M.Bouadla se révèle être bien plus qu'un simple acteur de son sport, il en est devenu un observateur lucide et averti.
NB: Comment allez-vous ?
Très bien, je n’ai pas de pépins physiques particuliers à signaler, c’est nickel.
NB: Quand avez-vous repris l’entrainement ?
En fait je n’ai jamais vraiment arrêté. Une toute petite coupure après le combat face à Kessler, quatre ou cinq jours peut être. Je suis revenu à la salle vers la dizaine de Juin. Je tapais dans le sac, je faisais des jeux ; en fait je "vagabondais" à la salle. Je n’ai repris sérieusement en attaquent le dur que vers la mi-Juillet. Je vais boxer le brésilien Samir Dos Santos Barbosa, un bon adversaire qui a rencontré quelques uns des meilleurs mondiaux dont Hassan N'Dam ou Daniel Geale l'actuel détenteur de la ceinture IBF.
NB: Kessler, le nom est lâché. Si c’était à refaire ?
J’y retourne demain si on me le propose à nouveau, j’ajoute même : Les yeux fermés …mais la garde bien montée !
NBDans quels secteurs avez –vous senti une différence entre vous deux ?
Essentiellement dans la morphologie, attention je ne remets pas en cause la défaite, mais Kessler est un vrai poids super-moyen pour ne pas dire un mi-lourd, sa frappe n’en est que plus lourde. Lors du combat il me touche au premier round et là je me dis qu’il va falloir être très très vigilant, je fais ensuite le combat un peu dans le "gaz" suite à cette entame de match. Donc oui la morphologie a joué. Je ne sais pas quelles impressions vous ont laissé les images à la télévision, mais je vous assure que quand il est devant vous c’est un gaillard, très grand. De plus il devait avoisiner les quatre vingt kilos sur le ring. Malgré cela j’ai fait mon match, j’ai perdu donc il était meilleur.
NB: Quelles leçons tirer d’une telle aventure ?
D’abord nous avons vécu un moment extraordinaire dans un stade bondé…J’ai combattu contre un très grand champion, mais vous savez et ce n’est pas de la prétention; je pensais que je pouvais gagner. On monte toujours sur le ring avec cette volonté de vaincre, dans la boxe tout peut arriver. J’étais prêt physiquement et mentalement, raisonnablement confiant. Après c’est le combat, il frappe fort et il me touche mais je fais face et je le touche aussi. J’ai puisé de l’expérience là dedans et pas seulement sur le combat en lui-même mais aussi sur tout ce qui entoure un grand événement comme celui là. Un exemple: Nous étions logés dans un hôtel situé à une distance équivalent à peu prés à celle qui relie Pont Sainte Maxence à Paris, l’influx laissé dans les embouteillages lors de chaque déplacement fut considérable, le médecin qui nous impose à cinq heures du matin une visite pour trois fois rien, la bouffe, les coups de fil la nuit dans la chambre etc, etc… Tous ces petits trucs mis bout à bout les uns des autres nuisent à la sérénité . La prochaine fois nous le saurons.
NB: En revenez vous avec une confiance renforcée ?
Non quand même pas, je suis déjà allé en Allemagne affronter Golovkin, il m'a cassé une côte et j'ai perdu aux points, donc nous savons que je peux serrer les dents et faire face. Tout a été nouveau pour moi dans ce combat là: C'est la première fois que je vais au tapis et que je suis arrêté, c'est vraiment une sensation bizarre.
Aviez-vous déjà été en telle difficulté dans un autre combat?
Non, il m'a touché au premier round sur un uppercut, et j'ai aussitôt pensé qu'il faudrait bien monter les mains, ensuite il m'a touché à tous les rounds.
NB: Vous aussi, vous l'avez touché ...
Oui mais justement, s'il ne m'avait pas touché j'aurais peut être pu enchainer. Tout est lié, c'est la boxe. Enfin ce fut grandiose! Quand je suis arrivé dans ce stade, avec tout ce monde venu pour le combat vedette, l'ambiance etc...On en redemande des combats comme ça.
NB:Pensez vous que vous pouvez améliorer des choses pour rivaliser avec ce type d’adversaire ?
Bien sur, et en premier lieu l’agressivité.
Le présent maintenant ce sont les poids moyens, pourquoi?
Déjà parce qu'il y a plusieurs saisons que Nasser Lalaoui est persuadé que c'est ma vraie catégorie. Ma taille est celle d'un poids moyen, mon poids hors entrainement sans faire de gros sacrifices se situe aux alentours de 74/75 kg. En moyens il me faudra baisser ce poids que j’affiche hors périodes de combats pour avoir très peu à perdre pendant les préparations.
NB: Avec votre partenaire d'entrainement comment allez-vous vous répartir les objectifs?
Ah, Julien est champion de France. S'il va vers l’Europe, je peux aller dans une autre direction. Ne vous inquiétez pas, nous ne nous marcherons pas sur les pieds, le but c'est que chacun réussisse dans la voie qu'il se fixera. Ensuite s'il faut un jour que l'on s'affronte pour un grand titre et pour une belle bourse, hé bien pourquoi ne pas donner aux fans ce grand combat? Nous nous entendons très bien mais nous sommes aussi des professionnels.
NB: A la salle entre vous deux, ca se passe comment?
Bien. Indirectement il y a forcément une petite rivalité entre nous comme avec tous les autres avec les quels j'ai mis les gants: R.Jkitou, H.Kasperksi. Même si nous ne nous voulons pas de mal, quand on met les gants on a envie de démontrer à l'autre qu'on est là et bien là; c'est de bonne guerre et c'est partout pareil; dans toutes les salles. Nous nous apportons aussi mutuellement beaucoup, en fait c'est une saine émulation. Julien est quelqu'un qui frappe, je sais qu'en travaillant avec lui il me faudra lever les mains, ça me servira en combat. De mon coté j'avance, je suis physique, je mets la pression et du rythme, lui aussi en tirera du bénéfice de ce travail entre nous. On se pousse à donner le meilleur de nous mêmes, au final les mises de gants nous auront énormément apporté.
NB: Qui est le meilleur poids moyen français ?
Moi (rires)
NB: Quels objectifs allez vous vous fixer ?
Je ne sais pas encore. Je suis bête et discipliné (rires), je fais entièrement confiance à Nasser , ca nous a pas mal réussi jusqu'à maintenant, non? Je sais que jamais Nasser ne m'enverra dans une galère ou me proposera n'importe quoi. Quand il a des possibilités de combat à me proposer, nous en parlons et au final c'est moi qui décide.
NB: Avec le recul ne pensez vous pas que vous avez perdu gros avec le forfait de Sylvester ?
Carrément, j'avais fait des sacrifices énormes pour être au poids, j'avais des sensations terribles...Rapide, mes coups partaient comme jamais et il déclare forfait à une semaine prés. Depuis il perdu son titre et s'est fait battre pour l'Europe, j'aurais pu l'avoir ce titre IBF.
NB: Pouvez vous nous parler du possible grand combat qui serait prévu en 2012 ?
Je ne mets pas la charrue avant les bœufs, pour l'instant contentons nous de bien accrocher la charrue, de bien prendre nos marques et d’établir nos repéres en poids moyens. J'ai un combat le 22 Octobre chez moi à Aulnay Sous Bois pour une ceinture WBA internationale. Chaque chose en son temps, nous verrons ensuite.
NB: Mehdi, puis je vous demander votre avis sur le défi de Jean Marc Mormeck ?
C'est un gars qui se débrouille très bien, il fait admirablement son business. Jean Marc est un gars hyper gentil, il est originaire de Bobigny, il vient des quartiers et il a bien galéré. S'il en est là aujourd'hui il ne le doit qu'à lui même, il a fait son boulot en mi-lourds et en lourds-légers sans être aidé. Il a gagné des titres et aujourd'hui il va toucher son rêve: Faire un championnat du Monde des poids lourds. je lui tire mon chapeau et je souhaite sa victoire.
NB: Et la France de la boxe qui perd ou plutôt qui ne gagne plus: A.Chebah, N.Mohammedi etc, qu'en pensez vous ?
Ça ne m'étonne pas. Nous ne sommes plus capables d'organiser à domicile, tous les grands combats se jouant pour des titres se font à l'étranger. Prenez Ali Chebah, il a perdu mais c'est quand même grand ce qu'il a fait, il est allé au Canada, en Algérie puis aux États Unis, à chaque fois pendant un bout de temps. Personne ne l'a aidé, là il perd, blessure ou pas ce n'est pas le plus important. A croire que beaucoup souhaitaient le voir perdre pour lui reprocher ensuite ses choix, mais avait-il d'autres choix? Voilà la bonne question. Je peux juste vous dire que connaissant Ali Chebah, je suis sur qu'il aura donné le meilleur de lui même. Il est dur au mal, frappe et ne renonce jamais. J’admire une chose chez lui: sa décontraction ! Ali est d'un calme incroyable, il ne s'énerve jamais, vous lui en mettez plein la bouche et il revient de plus belle, je suis fan de ce caractère là.
NB: Quels conseils donneriez-vous à un jeune français qui désirerait passer pro ?
Ce serait d’abord une ou deux questions : "Vis tu encore chez tes parents ?" "Travailles-tu ?" Maintenant en France il est impératif d'être dégagé de certaines de ses contraintes pour réussir une grande carrière. Ne pas avoir de dépenses du quotidien à penser, ni le souci de faire vivre une famille avec un travail à assurer. Si ces conditions sont réunies et que le jeune est doué il faut y aller. Maintenant si tu n’as pas d’aide extérieure pour tous les soucis du quotidien, tu ne pourras pas être un vrai professionnel. Vous voyez j’ai vingt neuf ans, démarrer aujourd’hui une carrière pro ce serait impossible pour moi. Comment pourrais je faire ce que je faisais au début : Des footings à cinq heures du matin et tout ce qui va avec et cumuler un emploi ? Voilà aussi où se situe l’une des plus grandes différences entre Kessler et nous, lui il pense boxe et vit de la boxe à 100%. Matin, midi et soir avec des moyens considérables.
NB: Vous aviez des rêves de gloire au travers de la boxe ?
Non jamais, car cela nous paraissait inaccessible je vais vous raconter une anecdote : Avec mon pote Halim (entraineur au CSL boxe Aulnay Sous Bois) quand nous étions plus jeunes à 16/17 ans, nous regardions boxer Morrade Hakkar. Un boxeur à l’ancienne, on consultait les classements, Morrade était un géant et j’ai boxé ce gars là, il était en fin de carrière certes mais jamais je n’aurais imagine cela possible. Je buvais les paroles des gens avec un rideau devant les yeux, champion de France me paraissait déjà être un truc énorme. Plus tard en 2004 j’ai vu Morade Hakkar dans le coin de son frère Belatti quand il a boxéJean Louis Mandengue , je me disais au vu de sa tête cabossée que c’était vraiment un sacré client et je l’ai boxé en 2009.
NB: A votre avis pourra t-on encore avoir un jour un champion du Monde en France ?
En l’état actuel des choses, non. En France nous sommes bien mais en sport nous sommes zéro. La mentalité c’est : "Fais ce que tu as à faire, deviens quelqu’un, ensuite on parlera de toi". Pour t’aider à monter par contre rien. On te dit aussi : "fais ton combat, si tu perds ce ne sera pas grave, si tu gagnes tu seras le boxeur français qui..." Avant mon match contre Sylvester on m’a appelé de partout : "Depuis J.C.Bouttier personne n’a plus fait un championnat du monde des poids moyens etc, etc " Le combat a été annulé, plus de nouvelles. C’est cela le traitement de la boxe en France, on s’intéresse à toi quand tu vas faire un championnat du Monde et c’est tout; autrement le reste du temps tu n’existes pas.
NB: Auriez-vous des idées à soumettre ?
Oui surtout une. Que les boxeurs pros français se concertent un peu plus, par exemple que nous abordions le thème des bouses entre nous. Untel va boxer en Ukraine ? Soit, mais pour combien ? Dans quelles conditions ? Mohammedi est allé boxer en Ukraine dans un vrai taudis, il avait un hôtel pourri à je ne sais combien de kms. Nous à Aulnay quand nous recevons des rivaux ils sont au Novotel dans des chambres à 60 Euros la nuit (ils font un prix sinon c’est 90 Euros) repas, matin midi et soir, mais Nasser n’accepterait pas de loger les gars dans des taudis comme certains boxeurs français en ont connus. Donc oui une charte entre boxeurs français serait la bienvenue. Par exemple un collègue va boxer dans un endroit où je suis déjà allé et où les conditions étaient pourries, je l’avertis et ainsi de suite. Idem pour les bourses. L’administratif aussi, c’est une calamité. Il faut une autorisation pour tout, voire une autorisation pour l’autorisation. Nous nous sommes boxeurs, une fois l’entrainement fini, je ne pense plus à la boxe. Mon entraineur Nasser Lalaoui, lui vous pouvez l’appeler à 1 heure du matin, il est encore en train de bosser, à chercher un billet d’avion pour un boxeur, à tenter de résoudre encore et encore des problèmes. Voilà avec quoi il faut en finir.
NB: Mehdi je vous remercie chaleureusement pour cet entretien, Auriez vous un petit mot mot de conclusion pour nos amis de NetBoxe ?
Un grand merci à vous. Vous nous donnez la parole et relatez nos actualités, nous avons besoin de vous. Je fais un petit clin d’œil à Kamel que je vois moins souvent maintenant (rires). Je vous donne rendez vous à tous autour d’un ring.
/http%3A%2F%2Fwww.netboxe.com%2Fimgba11%2F12032a.jpg)
NB: Comment allez-vous ?
Très bien, je n’ai pas de pépins physiques particuliers à signaler, c’est nickel.
NB: Quand avez-vous repris l’entrainement ?
En fait je n’ai jamais vraiment arrêté. Une toute petite coupure après le combat face à Kessler, quatre ou cinq jours peut être. Je suis revenu à la salle vers la dizaine de Juin. Je tapais dans le sac, je faisais des jeux ; en fait je "vagabondais" à la salle. Je n’ai repris sérieusement en attaquent le dur que vers la mi-Juillet. Je vais boxer le brésilien Samir Dos Santos Barbosa, un bon adversaire qui a rencontré quelques uns des meilleurs mondiaux dont Hassan N'Dam ou Daniel Geale l'actuel détenteur de la ceinture IBF.
NB: Kessler, le nom est lâché. Si c’était à refaire ?
J’y retourne demain si on me le propose à nouveau, j’ajoute même : Les yeux fermés …mais la garde bien montée !
/http%3A%2F%2Fwww.netboxe.com%2Fimgba11%2F12032b.jpg)
Essentiellement dans la morphologie, attention je ne remets pas en cause la défaite, mais Kessler est un vrai poids super-moyen pour ne pas dire un mi-lourd, sa frappe n’en est que plus lourde. Lors du combat il me touche au premier round et là je me dis qu’il va falloir être très très vigilant, je fais ensuite le combat un peu dans le "gaz" suite à cette entame de match. Donc oui la morphologie a joué. Je ne sais pas quelles impressions vous ont laissé les images à la télévision, mais je vous assure que quand il est devant vous c’est un gaillard, très grand. De plus il devait avoisiner les quatre vingt kilos sur le ring. Malgré cela j’ai fait mon match, j’ai perdu donc il était meilleur.
NB: Quelles leçons tirer d’une telle aventure ?
D’abord nous avons vécu un moment extraordinaire dans un stade bondé…J’ai combattu contre un très grand champion, mais vous savez et ce n’est pas de la prétention; je pensais que je pouvais gagner. On monte toujours sur le ring avec cette volonté de vaincre, dans la boxe tout peut arriver. J’étais prêt physiquement et mentalement, raisonnablement confiant. Après c’est le combat, il frappe fort et il me touche mais je fais face et je le touche aussi. J’ai puisé de l’expérience là dedans et pas seulement sur le combat en lui-même mais aussi sur tout ce qui entoure un grand événement comme celui là. Un exemple: Nous étions logés dans un hôtel situé à une distance équivalent à peu prés à celle qui relie Pont Sainte Maxence à Paris, l’influx laissé dans les embouteillages lors de chaque déplacement fut considérable, le médecin qui nous impose à cinq heures du matin une visite pour trois fois rien, la bouffe, les coups de fil la nuit dans la chambre etc, etc… Tous ces petits trucs mis bout à bout les uns des autres nuisent à la sérénité . La prochaine fois nous le saurons.
NB: En revenez vous avec une confiance renforcée ?
Non quand même pas, je suis déjà allé en Allemagne affronter Golovkin, il m'a cassé une côte et j'ai perdu aux points, donc nous savons que je peux serrer les dents et faire face. Tout a été nouveau pour moi dans ce combat là: C'est la première fois que je vais au tapis et que je suis arrêté, c'est vraiment une sensation bizarre.
Aviez-vous déjà été en telle difficulté dans un autre combat?
Non, il m'a touché au premier round sur un uppercut, et j'ai aussitôt pensé qu'il faudrait bien monter les mains, ensuite il m'a touché à tous les rounds.
/http%3A%2F%2Fwww.netboxe.com%2Fimgba11%2F12032c.jpg)
Oui mais justement, s'il ne m'avait pas touché j'aurais peut être pu enchainer. Tout est lié, c'est la boxe. Enfin ce fut grandiose! Quand je suis arrivé dans ce stade, avec tout ce monde venu pour le combat vedette, l'ambiance etc...On en redemande des combats comme ça.
NB:Pensez vous que vous pouvez améliorer des choses pour rivaliser avec ce type d’adversaire ?
Bien sur, et en premier lieu l’agressivité.
Le présent maintenant ce sont les poids moyens, pourquoi?
Déjà parce qu'il y a plusieurs saisons que Nasser Lalaoui est persuadé que c'est ma vraie catégorie. Ma taille est celle d'un poids moyen, mon poids hors entrainement sans faire de gros sacrifices se situe aux alentours de 74/75 kg. En moyens il me faudra baisser ce poids que j’affiche hors périodes de combats pour avoir très peu à perdre pendant les préparations.
NB: Avec votre partenaire d'entrainement comment allez-vous vous répartir les objectifs?
Ah, Julien est champion de France. S'il va vers l’Europe, je peux aller dans une autre direction. Ne vous inquiétez pas, nous ne nous marcherons pas sur les pieds, le but c'est que chacun réussisse dans la voie qu'il se fixera. Ensuite s'il faut un jour que l'on s'affronte pour un grand titre et pour une belle bourse, hé bien pourquoi ne pas donner aux fans ce grand combat? Nous nous entendons très bien mais nous sommes aussi des professionnels.
NB: A la salle entre vous deux, ca se passe comment?
Bien. Indirectement il y a forcément une petite rivalité entre nous comme avec tous les autres avec les quels j'ai mis les gants: R.Jkitou, H.Kasperksi. Même si nous ne nous voulons pas de mal, quand on met les gants on a envie de démontrer à l'autre qu'on est là et bien là; c'est de bonne guerre et c'est partout pareil; dans toutes les salles. Nous nous apportons aussi mutuellement beaucoup, en fait c'est une saine émulation. Julien est quelqu'un qui frappe, je sais qu'en travaillant avec lui il me faudra lever les mains, ça me servira en combat. De mon coté j'avance, je suis physique, je mets la pression et du rythme, lui aussi en tirera du bénéfice de ce travail entre nous. On se pousse à donner le meilleur de nous mêmes, au final les mises de gants nous auront énormément apporté.
NB: Qui est le meilleur poids moyen français ?
Moi (rires)
NB: Quels objectifs allez vous vous fixer ?
Je ne sais pas encore. Je suis bête et discipliné (rires), je fais entièrement confiance à Nasser , ca nous a pas mal réussi jusqu'à maintenant, non? Je sais que jamais Nasser ne m'enverra dans une galère ou me proposera n'importe quoi. Quand il a des possibilités de combat à me proposer, nous en parlons et au final c'est moi qui décide.
NB: Avec le recul ne pensez vous pas que vous avez perdu gros avec le forfait de Sylvester ?
Carrément, j'avais fait des sacrifices énormes pour être au poids, j'avais des sensations terribles...Rapide, mes coups partaient comme jamais et il déclare forfait à une semaine prés. Depuis il perdu son titre et s'est fait battre pour l'Europe, j'aurais pu l'avoir ce titre IBF.
NB: Pouvez vous nous parler du possible grand combat qui serait prévu en 2012 ?
Je ne mets pas la charrue avant les bœufs, pour l'instant contentons nous de bien accrocher la charrue, de bien prendre nos marques et d’établir nos repéres en poids moyens. J'ai un combat le 22 Octobre chez moi à Aulnay Sous Bois pour une ceinture WBA internationale. Chaque chose en son temps, nous verrons ensuite.
/http%3A%2F%2Fwww.netboxe.com%2Fimgba11%2F12032d.jpg)
NB: Mehdi, puis je vous demander votre avis sur le défi de Jean Marc Mormeck ?
C'est un gars qui se débrouille très bien, il fait admirablement son business. Jean Marc est un gars hyper gentil, il est originaire de Bobigny, il vient des quartiers et il a bien galéré. S'il en est là aujourd'hui il ne le doit qu'à lui même, il a fait son boulot en mi-lourds et en lourds-légers sans être aidé. Il a gagné des titres et aujourd'hui il va toucher son rêve: Faire un championnat du Monde des poids lourds. je lui tire mon chapeau et je souhaite sa victoire.
NB: Et la France de la boxe qui perd ou plutôt qui ne gagne plus: A.Chebah, N.Mohammedi etc, qu'en pensez vous ?
Ça ne m'étonne pas. Nous ne sommes plus capables d'organiser à domicile, tous les grands combats se jouant pour des titres se font à l'étranger. Prenez Ali Chebah, il a perdu mais c'est quand même grand ce qu'il a fait, il est allé au Canada, en Algérie puis aux États Unis, à chaque fois pendant un bout de temps. Personne ne l'a aidé, là il perd, blessure ou pas ce n'est pas le plus important. A croire que beaucoup souhaitaient le voir perdre pour lui reprocher ensuite ses choix, mais avait-il d'autres choix? Voilà la bonne question. Je peux juste vous dire que connaissant Ali Chebah, je suis sur qu'il aura donné le meilleur de lui même. Il est dur au mal, frappe et ne renonce jamais. J’admire une chose chez lui: sa décontraction ! Ali est d'un calme incroyable, il ne s'énerve jamais, vous lui en mettez plein la bouche et il revient de plus belle, je suis fan de ce caractère là.
NB: Quels conseils donneriez-vous à un jeune français qui désirerait passer pro ?
Ce serait d’abord une ou deux questions : "Vis tu encore chez tes parents ?" "Travailles-tu ?" Maintenant en France il est impératif d'être dégagé de certaines de ses contraintes pour réussir une grande carrière. Ne pas avoir de dépenses du quotidien à penser, ni le souci de faire vivre une famille avec un travail à assurer. Si ces conditions sont réunies et que le jeune est doué il faut y aller. Maintenant si tu n’as pas d’aide extérieure pour tous les soucis du quotidien, tu ne pourras pas être un vrai professionnel. Vous voyez j’ai vingt neuf ans, démarrer aujourd’hui une carrière pro ce serait impossible pour moi. Comment pourrais je faire ce que je faisais au début : Des footings à cinq heures du matin et tout ce qui va avec et cumuler un emploi ? Voilà aussi où se situe l’une des plus grandes différences entre Kessler et nous, lui il pense boxe et vit de la boxe à 100%. Matin, midi et soir avec des moyens considérables.
/http%3A%2F%2Fwww.netboxe.com%2Fimgba11%2F12032e.jpg)
NB: Vous aviez des rêves de gloire au travers de la boxe ?
Non jamais, car cela nous paraissait inaccessible je vais vous raconter une anecdote : Avec mon pote Halim (entraineur au CSL boxe Aulnay Sous Bois) quand nous étions plus jeunes à 16/17 ans, nous regardions boxer Morrade Hakkar. Un boxeur à l’ancienne, on consultait les classements, Morrade était un géant et j’ai boxé ce gars là, il était en fin de carrière certes mais jamais je n’aurais imagine cela possible. Je buvais les paroles des gens avec un rideau devant les yeux, champion de France me paraissait déjà être un truc énorme. Plus tard en 2004 j’ai vu Morade Hakkar dans le coin de son frère Belatti quand il a boxéJean Louis Mandengue , je me disais au vu de sa tête cabossée que c’était vraiment un sacré client et je l’ai boxé en 2009.
NB: A votre avis pourra t-on encore avoir un jour un champion du Monde en France ?
En l’état actuel des choses, non. En France nous sommes bien mais en sport nous sommes zéro. La mentalité c’est : "Fais ce que tu as à faire, deviens quelqu’un, ensuite on parlera de toi". Pour t’aider à monter par contre rien. On te dit aussi : "fais ton combat, si tu perds ce ne sera pas grave, si tu gagnes tu seras le boxeur français qui..." Avant mon match contre Sylvester on m’a appelé de partout : "Depuis J.C.Bouttier personne n’a plus fait un championnat du monde des poids moyens etc, etc " Le combat a été annulé, plus de nouvelles. C’est cela le traitement de la boxe en France, on s’intéresse à toi quand tu vas faire un championnat du Monde et c’est tout; autrement le reste du temps tu n’existes pas.
/http%3A%2F%2Fwww.netboxe.com%2Fimgba11%2F12032f.jpg)
NB: Auriez-vous des idées à soumettre ?
Oui surtout une. Que les boxeurs pros français se concertent un peu plus, par exemple que nous abordions le thème des bouses entre nous. Untel va boxer en Ukraine ? Soit, mais pour combien ? Dans quelles conditions ? Mohammedi est allé boxer en Ukraine dans un vrai taudis, il avait un hôtel pourri à je ne sais combien de kms. Nous à Aulnay quand nous recevons des rivaux ils sont au Novotel dans des chambres à 60 Euros la nuit (ils font un prix sinon c’est 90 Euros) repas, matin midi et soir, mais Nasser n’accepterait pas de loger les gars dans des taudis comme certains boxeurs français en ont connus. Donc oui une charte entre boxeurs français serait la bienvenue. Par exemple un collègue va boxer dans un endroit où je suis déjà allé et où les conditions étaient pourries, je l’avertis et ainsi de suite. Idem pour les bourses. L’administratif aussi, c’est une calamité. Il faut une autorisation pour tout, voire une autorisation pour l’autorisation. Nous nous sommes boxeurs, une fois l’entrainement fini, je ne pense plus à la boxe. Mon entraineur Nasser Lalaoui, lui vous pouvez l’appeler à 1 heure du matin, il est encore en train de bosser, à chercher un billet d’avion pour un boxeur, à tenter de résoudre encore et encore des problèmes. Voilà avec quoi il faut en finir.
NB: Mehdi je vous remercie chaleureusement pour cet entretien, Auriez vous un petit mot mot de conclusion pour nos amis de NetBoxe ?
Un grand merci à vous. Vous nous donnez la parole et relatez nos actualités, nous avons besoin de vous. Je fais un petit clin d’œil à Kamel que je vois moins souvent maintenant (rires). Je vous donne rendez vous à tous autour d’un ring.
Source : Michel Beuville le 16 octobre 2011 pour http://www.netboxe.com