Aulnay-sous-Bois, nuit de Chine (bis)...
Publié le 10 Février 2011
Lors de mon voyage en Chine, à moins qu'il ne s'agisse peut-être d'un énorme poisson d'avril, j'ai fini par tomber sur un autochtone qui m'a posé la question qui tue : et alors comment va la petite santé du parti communiste en France ? J'aurais bien voulu être sympa avec lui mais je n'ai pu m'empêcher de donner les vrais chiffres. Je suis comme ça, on se refait pas.
Présidentielles 2002, Robert Hue obtient 3,4% des suffrages exprimés. 2007, Marie-Georges Buffet a obtenu 1,9% lui dis-je sans passer la savonnette. Je sens mon interlocuteur sonné, vacillant sur sa muraille, regard hagard, comme après une bonne gauche de Mehdi Bouadla. Il ne comprend pas. Il se rappelle encore des 15% de Georges Marchais en 1981, l'œil humide. Tout en lui tendant un kleenex ( j'en ai toujours un sur moi pour les cas d'urgence) , je lui parle décomposition politique, effondrement des idéologies...
Je mentionne aussi Jean-Luc Mélenchon qui, sans avoir l'air d'y toucher, semble opérer une véritable OPA sur le parti communiste. Je cite le front de gauche. Il trouve que ça sonne bien. La politique c'est sans doute des idées mais c'est aussi une bonne dose de marketing me glisse-t-il l'air malicieux. Je lui dis qu'à ce rythme là dans quelques années pour trouver des communistes il faudra aller au musée Grévin ou à celui d'Histoire naturelle.
Mon nouveau copain chinois scrute l'horizon d'un sourcil incertain. Il reste silencieux derrière son mutisme. Pour lui remonter le moral, je lui explique que je viens d'Aulnay-sous-Bois, un village d'un peu plus de 80 000 habitants, où justement il reste des communistes. Le blanc de son œil se teinte alors d'un rouge fiévreux.
Sans trop savoir pourquoi nous glissons vers la Gazette, le journal des conseils de quartier de notre commune. Je lui explique la démocratie locale ou, comment dire, les parodies de consultation de la population. Il ricane doucement d'un air entendu. Je lui raconte la première Gazette sortie pour le quartier Tour Eiffel - Balagny -La Plaine. Deux pages d'autopromotion du pouvoir en place. Jusque là rien de neuf sous le soleil. Mais innovation intéressante et inédite deux pages réservées en théorie aux habitants des quartiers concernés.
En théorie malheureusement. Parce qu'au moment de valider définitivement la Gazette avant sa diffusion, certains délégués du quartier en désaccord avec son contenu ont demandé à ce qu'elle soit soumise au vote des habitants présents. Etait-ce si illégitime dans une instance où la population est justement amenée à pouvoir exprimer sa voix plus librement qu'ailleurs ? Pourtant le co-président, pour le coup communiste, a objecté un refus catégorique.
Comme quoi les lieux et les temps changent mais parfois les reflexes anti-démocratiques restent !
Stéphane Fleury