Aulnay-sous-Bois, vingt jeunes rappeurs font leurs armes sur la scène du Cap
Publié le 21 Avril 2011
Un drôle de cocktail se prépare au CAP, la salle de concerts d'Aulnay-sous-Bois. Pendant les vacances, vingt jeunes chanteurs de la veine rap des quartiers de la ville font leurs armes sur scène avec des musiciens venus du slam, du rap, mais aussi du rock. Avec Kohndo, un ex de la Clica, un groupe parisien des années 1990, en résidence au Cap, D'de Kabal, le rappeur-slameur de Bobigny, a accepté d'être de l'aventure. Ces ateliers, qui se terminent demain, aboutiront à "Be Live", un concert qui se jouera au Cap, le soir de la Fête de la musique, le 21 juin.
"Il y a des moments de grande émotion" Kohndo, artiste en résidence
C'est au tour de Serya, la vingtaine timide, de se lancer. Le jeune homme scande ses textes accompagné d'une guitare, d'une batterie et d'un clavier. Dans la salle, le rappeur Kohndo, 36 ans, écoute, intervient, corrige. Autour de lui, les autres rappeurs amateurs suivent attentivement l'exercice en attendant leur tour. Depuis le 11 avril, ils ont pris le rythme de ces répétitions intenses. "Je voulais faire se rencontrer des univers différents, casser les barrières entre les genres, faire jouer sur une scène des gamins qui ont plus l'habitude de chanter dans leur hall ou d'improviser des enregistrements sur leurs ordinateurs, aux côtés de musiciens aguerris" explique le directeur de la salle, Stéphane Moquet.
"L'idée est de s'enrichir les uns les autres", confie Kohndo. "Je viens du hip-hop. Je suis imprégné de ses messages d'amour, de paix et d'unité", insiste le chanteur. Au Cap, il délivre ses conseils sans compter. "J'apprends aux jeunes à maîtriser leur souffle, placer leur voix, dire leur texte, détaille-t-il. Sur scène, la plupart découvrent leur rapport à l'autre, à la musique, à leur propre corps. Ce n'est pas évident de franchir le fossé. Et là, le défi est relevé. Il y a des moments de grande émotion", assure-t-il.
C'est encore un autre plaisir que vivent les musiciens en accompagnant ces artistes en herbe. "Je me sens toujours bien avec des jeunes. Ils sont enrichissants par leur regard neuf et leur approche simple de la musique", sourit David, le guitariste. Pour lui, tous les genres musicaux ont leur place et ont quelque chose à dire. " Le rap n'est pas a priori mauvais et le jazz ou le rock a priori bons parce qu'ils seraient plus complexes. Parfois on se rend compte que c'est dans le minimalisme que les choses les plus fortes ressortent."
Source : Marie-Pierre Bologna. Le Parisien du jeudi 21 avril 2011