Une enseignante du collège Christine-de-Pisan d'Aulnay-sous-Bois témoigne : "les enseignants ne sont pas des privilégiés".

Publié le 9 Juin 2011

logoministereeducation.jpgAulnaylibre ! poursuit sa petite exploration du monde de l'éducation nationale. Après Laura, hier, qui déclarait avoir trouvé le poste de ses rêves voici le témoignage d'une enseignante d'Aulnay-sous-Bois.

Émilie Clair, enseignante en histoire-géographie au collège Christine-de-Pisan à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

«Les premières années dans le métier sont difficiles. En tant que professeure certifiée, j’ai débuté à 1500 euros par mois, après ma maîtrise. Cela fait un faible pouvoir d’achat, quand on a bossé pour avoir un bac +5. Avec un tel niveau de vie, on évite les restos, les sorties. On anticipe et on économise pour les vacances. On compte en permanence. Et c’est encore pire quand on habite, comme moi, en région parisienne. Personnellement, j’ai eu la chance de pouvoir rester vivre chez mes parents les deux premières années. Mais, dans mon lycée, les professeurs débutants qui viennent de province habitent tous en colocation. Pour gagner plus, de nombreux collègues effectuent des heures supplémentaires. D’autres donnent des cours particuliers.

Mais, dix-huit heures de cours, cela signifie déjà beaucoup de travail de préparation à la maison, surtout quand on débute. Alors, prendre des heures supplémentaires, c’est très lourd, ça rajoute de la charge de travail et c’est courir le risque d’être moins efficace. Après, on s’étonne que la profession soit moins attractive. En tant que fonctionnaire de catégorie A, nous sommes censés être des cadres, “concepteurs de notre métier”. Mais vu notre niveau de rémunération, je n’ai pas du tout l’impression d’être reconnue en tant que telle.

De plus, les conditions d’entrée dans le métier se sont considérablement dégradées: on demande ainsi à des professeurs stagiaires d’assumer des cours à temps plein sans formation. Il faut que les choses changent. Mais, je constate un malaise, un tabou, chez les enseignants autour de la question du pouvoir d’achat. Ils sont assez prompts à se mobiliser sur les conditions de travail, mais n’osent pas trop dire qu’ils sont mal payés. On dirait qu’ils ont intégré le discours qui fait de nous des privilégiés de la fonction publique. Il faut casser cette image.»

Propos recueillis par Mehdi Fikri

Source : l'Humanité.fr. Le 31 mai 2011.

Rédigé par Stéphane Fleury

Publié dans #Education

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