Un samedi après-midi à Balagny... (Partie 2/2)
Publié le 12 Novembre 2009
Nous partagions donc un moment citoyen convivial lorsque soudain comme surgi de nulle part passe entre les mains un tract du Parti Socialiste d'Aulnay Sous Bois intitulé : Enfin de l'ambition pour Balagny ! Le tract n'a pas été formellement distribué, il est sorti comme ça, presque sous le manteau. Sans doute quelques militants socialistes sont-ils venus mesurer la mobilisation générée par cette invitation des Verts d'Aulnay. Il faut admettre que exceptés les élus et les habitués qui suivent la vie politique locale, il n'y avait pas grand monde et pas beaucoup d'habitants du quartier. La faute à une communication insuffisante ou inadaptée, le manque d'intérêt des riverains sur la question ? Je n'en sais rien.
Mais revenons plutôt au tract du PS qui défend le projet des 40 logements, ce qui est son droit le plus strict. Du reste, les socialistes avancent des arguments dont certains sont sans doute pertinents et permettraient de débattre si du moins l'occasion en était donnée. En effet, à la lecture du tract il semble que la porte du dialogue soit irrémédiablement fermée. Attachons-nous un instant au choix des mots employés. Le tract stigmatise le conservatisme et la rigidité naturelle des opposants au projet tel qu'envisagé actuellement par l'OPH. Sous prétexte que les Verts ne sont pas d'accord on affirme qu'ils sont rigides. En communiquant ainsi on démontre de manière flagrante sa propre rigidité puisque de fait on considère que seul son point de vue est le bon et que tous les autres sont forcement dans l'erreur.
Il suffit donc de mettre un miroir en face de ce tract du PS local pour lui renvoyer le reflet de sa propre rigidité. Ce qui est dérangeant dans cette manière de communiquer c'est cette sorte de dictature de la pensée unique qui part du principe que seule sa vision des choses est la bonne et que même l'éventualité de pouvoir penser différemment n'est pas possible. Certains le matin dans leur bol de lait ne doivent pas mettre du chocolat en poudre mais plutôt du ciment, histoire d'avoir les idées en béton, dures comme les murs qu'ils érigent pour empêcher celles des autres d'arriver jusqu'à eux.
Certes, alors, il faut construire. Sans doute. Du logement social. Certainement. Mais les choix à venir en matière de développement urbain qui vont définir les orientations et donc décider du visage futur de notre ville méritent une discussion large et ouverte entre les élus, les associations et la population. Combien faudra-t-il d'avenue Coullemont, de cité Arc en Ciel, de rue Fernand Herbaut, de rue des Saules, de Balagny avant que le débat ne s'engage ? Même la majorité municipale vole littéralement en éclats autour des questions d'urbanisme (affaire Cyndi Vargin, recours des Verts contre le permis de construire de la cité Arc en Ciel et maintenant Balagny) alors que l'équation ne comporte que trois inconnues : construire certainement, mais pas n'importe quoi, n'importe où et n'importe comment.
Confisquer le débat citoyen sur ce sujet sensible c'est empêcher les habitants d'Aulnay Sous Bois d'être consultés, concertés et associés aux décisions qui les concernent pourtant directement. Le devenir de leur quartier, le devenir de leur ville. Il existe pourtant, parait-il, un outil qui s'appelle la démocratie participative et des conseils de quartier dans lesquels des idées et des points de vue différents peuvent s'exprimer. En principe. Car voilà, et j'y reviendrai plus tard avec un autre article, que l'on s'attaque même à cet espace de liberté. On prétend nous mettre au pas, en rang, bien alignés, marchant au son d'une musique à la rythmique unique.
Et si la mélodie jouée ne me plaît pas ? Je fais quoi ? Je me tais et supporte en silence... ou bien j'essaie de faire entendre ma différence pour pourquoi pas changer quelques notes à la partition. Après tout, il y a toujours des moyens de se faire entendre. Des blogs, des pétitions, des tracts, créer une association, regrouper un ensemble d'associations et puis il y a la rencontre directe avec les habitants, sur les marchés, dans la rue, n'importe où. Il n'y a pas de limite au champ des possibles.
Les murs finissent toujours par tomber. Ce n'est qu'une question de temps et de volonté. La liberté se conquiert et se défend.
Stéphane Fleury.