Un point sur la démographie en France.
Publié le 20 Janvier 2010
En France.
Les régions littorales, de la Bretagne à la Corse, enregistrent les plus gros gains démographiques. Selon les chiffres du dernier recensement, publiés au "Journal officiel" du 31 décembre. La France compte 63,6 millions d'habitants.
Lentement mais sûrement la France continue de se peupler. L'Hexagone et les départements d'outre-mer comptent désormais 415.077 habitants de plus, ce qui porte leur population à 63.601.002 habitants (61.795.550 pour la seule France métropolitaine). Ce chiffre correspond à une hausse de 0,65% sur un an, l'unité de temps et de mesure de la nouvelle méthode de recensement enclenchée par l'Insee en 2004 et aujourd'hui totalement opérationnelle. Paru au "Journal Officiel" du 31 décembre 2009, il représente la situation démographique de l'année 2007, obtenue par l'addition de toutes les populations totales. Selon ce dernier mode de comptage, qui intéresse tout spécialement les collectivités locales, la France compte, toujours selon le décret du "JO", plus de 65 millions d'habitants (65.031.022, exactement). C'est 5 millions de plus qu'en 1999, date du dernier recensement "ancienne formule"
Seulement trois régions voient leurs nombres d'habitants stagner, sinon diminuer. Les populations totales de la Champagne-Ardenne et de la Martinique sont stables, mais leurs populations municipales baissent de 0,03%. La Guadeloupe est dans le pire cas de figure, avec un recul démographique lisible sur les deux tableaux. Partout ailleurs, la croissance est au rendez-vous. Avec une mention spéciale aux régions de tout l'arc méditerranéen qui, toutes, Midi-Pyrénées compris, réalisent un gain supérieur à 1% par rapport aux chiffres de l'année 2006. La Corse, de très loin la région la moins peuplée de métropole (299.209 habitants), progresse de 1,7%, soit le meilleur score hors outre-mer. La pression démographique sur le littoral se confirme également sur tout l'arc atlantique, de l'Aquitaine (+0,99%) à la Bretagne (+0,83%). Les grands espaces ruraux attirent également. Le Limousin, qui n'en manque pas, compte 6.081 habitants de plus, soit un gain de population de 0,83% sur un an.
La dynamique est plus molle dans les deux grandes régions urbaines que sont l'Ile-de-France (+0,57%) et Rhône-Alpes (+0,74%) dans une moindre mesure. Les progrès sont minuscules sur la partie nord et la partie est de l'Hexagone, particulièrement dans les régions de vieille industrie (+0,08% pour le Nord-Pas-de-Calais et +0,18% pour la Lorraine). Au final, le dernier cliché démographique présenté par l'Insee, décliné par régions, départements et communes sur son site Internet, ressemble d'assez près à celui de l'année précédente. Il n'enlève par ailleurs rien à une situation bien française, celle d'un territoire au paysage communal extrêmement déséquilibré. En effet, sur les 36.682 communes qui maillent l'Hexagone, 19.428 ne comptent que de 50 à 499 habitants et totalisent seulement 4,5 millions d'habitants. A l'opposé, la France totalise 930 communes de plus de 10.000 habitants où se concentre aujourd'hui pratiquement la moitié (31,5 millions de personnes) de la population nationale.
La France en Europe.
Avec plus de 63 millions d'habitants en 2007, la France se place au deuxième rang des pays de l'Union européenne (UE) pour son poids démographique. Elle se place devant le Royaume-Uni (60,9 millions d'habitants) et l'Italie (59,1 millions), mais se trouve encore assez loin de l'Allemagne (82,3 millions d'habitants) mais dont la population diminue. Les 27 pays de l'UE totalisent 495 millions d'habitants.
De l'importance des chiffres de la démographie pour les maires.
Pour les élus, les résultats du recensement, sur lequel l'Etat a paramétré ses dotations financières, sont essentiels. La moindre variation à la baisse peut avoir des conséquences très lourdes sur les budgets locaux.
Pour les maires, le droit à l'erreur n'est guère permis. Des deux types de chiffres fournis par le recensement annuel, il n'y a que celui attestant de la population totale de leur commune qui vaille et non pas, paradoxalement celui certifiant de sa population municipale. Et pour cause : le calcul de la population totale donne un résultat plus généreux car il intègre non seulement les personnes y ayant leur résidence habituelle sur son territoire, mais aussi toutes celles qui, bien qu'habitant hors de celui-ci, y ont un pied à terre, notamment les étudiants qui dépendent du domicile parental. C'est ce qui explique l'importance de l'écart - de plus de 2,6 millions de personnes - qui résulte des deux techniques de comptabilisation lorsque les données de toutes les communes ont été additionnées.
Le chiffre de la population totale constitue en outre la base de référence pour le déclenchement et l'estimation des subventions aux collectivités locales, notamment des dotations financières que l'Etat leur verse, comme la DGF (dotation globale de fonctionnement), une ressource essentielle pour les budgets publics locaux. Ce n'est pas tout. Pas moins de 351 articles de loi se réfèrent à un seuil démographique, que ce soit pour la réalisation d'aires d'accueil des gens du voyage, la création d'établissements publics de coopération intercommunale (Epci), pour calculer les indemnités des élus ou encore, recruter des cadres territoriaux.
A noter qu'en matière d'élections, c'est la population municipale qui fait force de loi. D'elle dépend, par exemple, le droit accordé à l'électeur de panacher ou non les candidats de listes différentes aux élections communales, possibilité réservée aux communes de moins de 3.500 habitants. Les chiffres afférents à la population municipale servent aussi de base aux redécoupages électoraux de toute sorte, comme la refonte des cantons pour l'élection des futurs conseillers territoriaux inscrite dans le projet de réforme des collectivités locales.
Source : Joël Cossardeaux, Les échos, 4/1/2010.