Un million d'appels injustifiés chez les pompiers
Publié le 18 Avril 2012
"Abuser des numéros d'urgence nuit à ceux qui en ont besoin", c'est le thème de campagne lancée par les pompiers de Paris pour un bon usage du 18 et du 112
« Les pompiers, j’écoute… » Au bout du fil, une femme un peu en panique a du mal à être précise. Elle appelle de Nanterre (Hauts-de-Seine) pour une fuite d’eau sous un lavabo. « Il faut mettre un seau en dessous et appeler un plombier madame, ça n’est pas de notre ressort », lui explique poliment le sapeur-pompier, depuis le centre opérationnel basé à Paris XVIIe. C’est là qu’arrivent tous les appels 18 et 112 émis depuis Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne.
En 2011, 1,6 million d’appels ont été reçus, et près d’un million n’était pas justifié. Entre 2010 et 2011, 70000 appels supplémentaires ont été enregistrés, par inadvertance, parce que le portable se déclenche dans la poche ou dans le sac à main mais aussi du fait d’une « déresponsabilisation de certains appelants », estiment les pompiers.
Certains appels peuvent prêter à sourire mais en encombrant le standard, ils empêchent les pompiers de répondre aux vraies urgences. « Abuser des numéros d’urgence nuit gravement à ceux qui en ont besoin », résume la campagne lancée par la brigade des sapeurs-pompiers deParis, avec la préfecture de police et la Ville de Paris. L’objectif n’est pas de dissuader de composer le 18 et le 112 mais de le faire à bon escient, c’est-à-dire pour une situation de péril ou un accident (incendie, fuite de gaz, risque d’effondrement, ensevelissement, brûlure, électrocution…).
Le message se décline en deux affiches que vous pourrez voir à Paris jusqu’au 1er mai et sur des flyers. Ni médecins ni serruriers, les pompiers entendent rappeler qu’ils sont secouristes. « On ne délivre pas non plus de médicaments! » insiste Christophe Varennes, chef du centre opérationnel qui voit dans cette situation un manque d’information du grand public. Etre conduit aux urgences par les pompiers ne garantit pas de passer devant les autres, précise les sapeurs-pompiers.
« Dans notre société, on veut que tout aille très vite, c’est pour ça qu’on appelle les pompiers, on pense à sa situation, mais pas à celle des autres », insiste le commandant Samuel Bernes, porte-parole, qui cite l’exemple récent d’un mari inquiet après l’apparition de plaques rouges sur le corps de sa femme. En appelant le 18, cet homme avait voulu s’assurer une réponse rapide et gratuite. « Il nous a dit : Comme les pompiers savent tout faire, au moins avec vous, il y aura une vraie réponse », poursuit le commandant. Il aurait dû appeler les urgences médicales ou le 15, pas besoin d’encombrer le 18 s’il n’y a pas d’urgence vitale.
Source information et photo : Carole Sterlé, Le Parisien du mardi 17 avril 2012