Rien...
Publié le 18 Novembre 2009
Lorsque j'étais plus jeune, j'avais profité d'une invite via le magazine l'Histoire pour me rendre à une visite guidée des archives nationales à Paris. Moment très riche où l'histoire des hommes défile devant vos yeux. Mais évidemment il y a plus que cela. En parcourant l'hôtel Soubise c'est un peu de la mémoire collective que vous vous appropriez. L'un des classiques de cet endroit est le journal autographe de Louis XVI et particulièrement la date symbole du 14 juillet 1789 pour laquelle le futur roi guillotiné a annoté ces quatre lettres : rien...
Louis XVI n'avait-il rien à écrire sur la prise de la Bastille ou bien rien signifiait-il qu'il n'avait fait aucune prise à la chasse, l'un de ses passe-temps favoris ? Peu importe finalement. Rien donc. Si, à l'instar de Louis Capet, je tenais un journal, c'est probablement ces quatre lettres qui résumeraient le mieux l'impression laissée par notre conseil de quartier Vieux-Pays Roseraie Bourg après notre réunion de lundi soir. Rien.
Comme un air de déjà vu, un éternel recommencement... Le tour de table pour se présenter, les discussions sur notre mode de fonctionnement, et la fameuse liste des questions réponses qui est la même depuis des mois. En mon for intérieur, je me disais que deux immeubles de huit étages pouvaient bien être construits sur le terrain de la rue des Saules que nos questions sans réponses seraient toujours là sur la liste...
Inertie, pour ne pas dire immobilisme total digne d'une statue de pierre. Au moment de définir l'ordre du jour de la réunion suivante c'était le silence total autour de la table... Personne ne semblait en mesure de proposer quoi que ce soit. Alors Grégoire Mukendi, notre adjoint de territoire, a bien tenté de sortir un truc. Il a appelé cela "le mieux vivre ensemble". Vaste thème qui va bien nous occuper jusqu'à la fin des temps en attendant que nous puissions tous vivre au pays des bisounours. Et pourtant, il parait que nous sommes dans le top 2 des meilleurs quartiers. D'autres conseils de quartier fonctionnent à cinq ou à six personnes... Diantre ! ... Je crois que je vais me faire inviter à quelques conseils d'autres quartiers pour voir un peu comment cela se passe. Sans a priori, juste pour observer et comprendre.
Que l'on ne se méprenne pas... Je n'ironise pas sur les personnes. Je respecte le service de la démocratie locale avec lequel j'entretiens de très bons rapports. J'ai le plus grand respect pour tous ceux qui essaient de faire vivre cet endroit, mais je juge sévèrement le système qui nous fait croire que nous pouvons VRAIMENT être force de proposition sur des dossiers fondamentaux. Après plus d'un an de fonctionnement et malgré quelques avancées de bon sens sur les problématiques de circulation notamment, les gros dossiers, ceux qui fâchent, s'enlisent plus vite qu'une roue dans le sable du désert.
Quid de l'association de la rue Jules Princet ? Silence radio. Les principaux artisans de ce projet ne sont d'ailleurs pas venus, ce qui à ma connaissance est une première, comme si déjà ils savaient que leur projet ne verra jamais le jour. Et ne parlons pas de la rue des Saules... C'est le sujet tabou... Chut attention ça brûle !
La grande nouveauté a été l'arrivée d'invités provenant de la Roseraie et qui vont s'inscrire comme délégués pour créer un groupe de travail autour de l'aménagement du parc de la Roseraie et la potentielle ouverture de ce qu'on appelle " la sente". Déjà, leur détermination à ce que ce passage ne soit pas rouvert a semblé donner quelques poussées d'urticaire à certains. Personnellement, j'ai apprécié leur énergie et leur envie de ne rien lâcher, dans laquelle je me suis reconnu.
La fin de la soirée a été passée à évoquer les soucis que connaissent les abords de l'école du bourg 1. Des "marginaux", pas méchants pourtant d'après ce qui s'est dit autour de la table, semblent causer quelques désagréments : jets de bouteilles en verre dans la cour de l'école, déjections et chahut au moment des sorties des classes. On a demandé au conseil de quartier de proposer quelque chose... Les toilettes gratuites ? Pourquoi pas ? Parce qu'entre 15 centimes et rien finalement gratuit c'est mieux... L'installation de poubelles pour qu'ils déposent leurs canettes ? Pourquoi pas ?
Les réinsérer ? Parce que les obliger à aller ailleurs ce n'est que déplacer le problème... Pourquoi pas ? Monsieur Mukendi a précisé qu'il était en charge de l'insertion sociale et professionnelle et qu'il existait des médiateurs de quartier. Cela tombe bien donc.
Ceci dit, est-ce le rôle du conseil de quartier de se substituer à la Police Municipale qui connait les noms de ces "marginaux" mais n'a pas de réel motif pour les interpeller ou les faire partir ? Est-ce le rôle du conseil de quartier de se substituer au conseil d'école du bourg 1 et des représentants des parents d'élèves FCPE qui sont déjà sur le coup ? Est-ce enfin le rôle du conseil de quartier de décider de leur réinsertion ? Et s'ils désirent vivre en marge de la société, ai-je en tant que délégué de quartier l'expertise ou même le droit de me prononcer sur ce qui est bon pour eux ? Je ne crois pas.
Allez, chiche, la prochaine fois j'aurai la concision de Louis XVI et j'écrirai sobrement : Rien.
Stéphane Fleury