Quand les rappeurs se mobilisent face aux contrôles d'identité abusifs
Publié le 23 Novembre 2011
Vous trouverez ci-dessous un article du journal Le Monde relatant la mobilisation des rappeurs face aux contrôles d'identité abusifs. Personnellement, après douze ans de présence à Aulnay-sous-Bois, je n'ai pas été contrôlé une seule fois... Et vous ?
Mardi 22 novembre, le site Stoplecontroleaufacies.fr réactivait sa campagne contre les contrôles d'identité abusifs en diffusant le premier épisode d'une websérie où une vingtaine de rappeurs racontent leur premier ou leur pire face-à-face avec la police. Le contrôle d'identité est devenu un classique de la vie des jeunes de banlieue, et des thèmes du rap français.
Face caméra, Sefyu, le rappeur d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) préfère parler, lui, de "contrôle de soumission". Doudou Masta, acteur et rappeur de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), qui apparaissait sur le premier succès de Mokobé, Truc de ouf, raconte un contrôle routier qui a mal tourné. Contacté, il explique qu'il souhaitait aussi dénoncer le délit de jeunesse autant que le délit de faciès : "Aujourd'hui, plus âgé, je me fais beaucoup moins contrôler, assure-t-il. En France, dès qu'on est jeune, on paraît suspect."
La Fouine a été démarché dans les loges d'un concert à Sartrouville (Yvelines) par le réalisateur Ladji Real, qui a tourné les séquences pour le collectif Stop le contrôle au faciès : "Il m'a expliqué qu'il voulait sensibiliser les jeunes sur le fait qu'ils ne devaient pas banaliser le contrôle d'identité. Ils devaient pouvoir défendre leurs droits." En plus de la vidéo, le site rappelle comment signaler un contrôle abusif en envoyant un SMS au 07-60-19-33-81, rappelant la date, l'heure, le contexte, le motif et le comportement du policier.
Plus jeune, La Fouine, de son vrai nom Laouni Mouhid, disait en effet trouver le fait de se faire contrôler aussi banal que "d'aller chercher du pain à la boulangerie". "Mais, au bout d'un moment, dit-il, t'en as ras le bol d'être contrôlé parce que tu galères devant ta cité. Je n'en veux pas plus que ça aux policiers mais plutôt à ceux qui leur demandent de le faire."
Pour les éviter, La Fouine a trouvé une solution, il ne sort plus que pour aller dans son studio d'enregistrement ou en tournée. Et, quand il a encore droit à un contrôle d'identité, les policiers lui demandent souvent un autographe : "Mais, pour les petits de mon square à Trappes, c'est toujours pénible, donc il faut se mobiliser."
Source : Stéphane Binet www.lemonde.fr