Portes closes à l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois : jusqu’à quand ?
Publié le 24 Janvier 2013
« La sécurité n’est pas assurée » estime la direction qui a annoncé hier que le site d’Aulnay resterait fermé au moins jusqu’à lundi.
Il y a une semaine tout juste, c’est la grève qui paralysait la production à l’usine PSA d’Aulnay. Mais depuis vendredi, les ouvriers, grévistes ou non, se heurtent à des portes closes. Qui le resteront au moins jusqu’à lundi. Hier, à l’issue d’un comité d’entreprise, la direction a annoncé que la production ne reprendrait ni jeudi ni vendredi. « La sécurité des salariés n’est pas assurée », a indiqué une porte-parole, se fondant notamment sur « le ressenti des salariés et de certains représentants syndicaux ». Rien n’indique pour le moment que l’activité reprendra lundi. Les salariés n’en sauront plus que dimanche soir, en appelant le numéro vert mis en place dans les situations de chômage technique.
Voilà plusieurs jours que PSA dénonce les « violences » survenues en marge de la grève qui a démarré il y a une semaine. Un fait supplémentaire a apporté hier de l’eau à son moulin. Un huissier, présent dans l’usine pour observer les grévistes, a déposé plainte samedi pour coups et blessures. L’homme indique avoir été pris à partie par quatre individus qui l’ont frappé à coups de poing, de pied, de coude. L’agression a été confirmée par un second huissier. Mais selon la préfecture, elle a eu lieu vendredi à 16h15… à une heure où les grévistes avaient en principe tous quitté l’usine, fermée pour cause d’intempéries par la direction.
Les grévistes réunis à la Bourse du travail
Dans cette atmosphère un peu confuse, cadres et techniciens sont venus travailler hier, pour remettre en état les installations. « On est loin de ce qui se passait lors de la grande grève de 1982, où ça se battait à coups de marteau, confie un ancien. Mais des collègues ont été menacés la semaine dernière, l’un a reçu une tomate en plein visage. » Face au mouvement, la direction hésite semble-t-il sur les mesures à prendre. Il paraît compliqué de sanctionner des syndicalistes en pleines négociations autour du plan social (qui prévoit la fermeture de l’usine en 2014), à moins d’avoir le soutien des pouvoirs publics.
L’hypothèse d’un recours aux vigiles d’une société privée, pour « encadrer la grève » au sein même des ateliers, pourrait choquer le personnel. Les responsables départementaux de la CGT, de la CFDT et de l’Unsa ont d’ailleurs écrit hier à la direction du travail et au préfet pour dénoncer le déploiement d’agents de sécurité aux portes de l’usine. Le statu quo va-t-il affaiblir le mouvement de grève, désormais cantonné à la Bourse du travail d’Aulnay? « C’est vrai que, nous mettre dehors, ça éparpille les gens, reconnaît le délégué CGT Jean-Pierre Mercier. Mais ça nous a renforcés, et on se prépare à réoccuper l’usine. » La CGT annonce « 300 cartes de grève », là où la direction de PSA évoquait « 150 grévistes » (pour un site comptant 3000 salariés).
Hier matin, 150 salariés de PSA ont fait le déplacement à Flins (Yvelines) pour témoigner de leur solidarité avec les employés de Renault qui protestaient à leur tour contre les suppressions de postes qui les menacent. Ils ont fait céder le portail cadenassé de l’usine où ils sont entrés sous les vivats d’une centaine d’ouvriers. Ils ont ensuite organisé un « péage libre », sur l’autoroute A 13, en début d’après-midi.
Source : Le Parisien