Nouveau scandale à la maison de l’emploi (Meife) d’Aulnay-sous-Bois ?
Publié le 21 Octobre 2014
« On m'a coupé la tête », lâche-t-elle d'une voix tremblante au lendemain de sa mise à pied. Marie-Anne Cabanier, la directrice financière de la maison de l'emploi, de l'insertion, de la formation et de l'entreprise (Meife) d'Aulnay devrait être fixée sur son sort dans les jours qui viennent.
La cadre de 56 ans est menacée de licenciement. Le couperet est tombé de façon spectaculaire, le 10 septembre, sur ordre de l'adjoint au maire UMP Franck Cannarozzo, président de la structure. Pour avoir, semble-t-il, détenu de façon irrégulière les clés d'un local de vidéosurveillance, Marie-Anne Cabanier a été raccompagnée manu militari à sa voiture par un agent de sécurité qui a fouillé son sac à main avant de la laisser partir.
Message d'apaisement du maire UMP
La brutalité de la scène contraste avec le message d'apaisement distillé par la nouvelle municipalité. Le 18 septembre se tenait un séminaire de travail au parfum de thérapie de groupe, avec une psychosociologue. En préambule, le maire UMP présentait aux employés de la Meife leur « nouveau patron », Sébastien Aubry, directeur général adjoint, un ancien de la structure (2002-2006). Devant 25 salariés, Bruno Beschizza lâchait alors : « C'est comme la fermeture de l'usine PSA. Après un drame, soit on geint, soit on reconstruit. »
C'est plutôt un interminable psychodrame que les salariés de la Meife ont le sentiment de vivre depuis des années. L'association, créée en 2001 à la lisière de la cité de la Rose-des-Vents, était censée promouvoir l'emploi et l'entreprise et aider à l'insertion des chômeurs. Elle fut même la première maison de l'emploi labellisée de France... Puis elle s'est embourbée. Les dotations de l'Etat ont diminué, les effectifs aussi, dans un quartier pourtant particulièrement frappé par la crise.
Mais un autre mal a rongé la maison de l'intérieur, qui intéresse la justice. Depuis mai 2012, une enquête préliminaire, ouverte par le parquet de Bobigny, suit son cours. Elle se fonde sur de sérieux soupçons de harcèlement et de détournement des fonds. Depuis, les langues se délient un peu, toujours anonymement. Et décrivent un climat tendu, irrespirable. Le point d'orgue semble avoir été atteint dans les années 2010-2011, avec l'irruption de visiteurs agressifs, des pneus crevés, des menaces et plaintes croisées entre salariés, responsables, élus... La Meife vivote au gré des départs de ses responsables. L'ancien directeur d'exploitation a été licencié pour motif économique fin 2013. Son successeur, arrivé il y a un an, est en congé depuis des mois pour inaptitude. Marie-Anne Cabanier, qui avait été embauchée en 2009, sous l'ancienne mandature PS, s'était portée candidate cet été pour diriger la Meife. Avant d'être donc, aujourd'hui, sous la menace d'un licenciement. La nouvelle municipalité assure qu'elle ne se livre pas à une chasse aux sorcières.
Source : Le Parisien