Soupçons de détournements et de harcèlement à la maison de l’emploi (Meife) d’Aulnay-sous-Bois

Publié le 21 Octobre 2014

MEIFEUne partie des subventions publiques accordées à la maison de l'emploi (Meife) a-t-elle été détournée ? Y avait-il entente entre un ou plusieurs responsables de la structure et des organismes de formation extérieurs ? A qui auraient profité ces manœuvres ? Ces questions sont au cœur de l'enquête préliminaire ouverte en mai 2012. Une enquête toujours en cours, indique le parquet de Bobigny. Retour en arrière.

En 2011, le malaise des salariés... Exprimant leur mal-être au travail, des salariés s'adressent au maire PS, Gérard Ségura, en 2011. « Cela fait dix jours que des publics agressifs viennent dans notre structure et s'introduisent à l'étage pour menacer la direction. Il s'agit de jeunes parfois non-inscrits à qui, selon leurs dires, des formations ont été promises par notre directeur d'exploitation », indique un message. L'édile reçoit les salariés à la mairie : « Il était alors difficile de faire la part des choses, la Meife a toujours connu de grandes tensions internes et des clans », estime Gérard Ségura, qui assure avoir demandé à son premier adjoint, Abdel Benjana, qui présidait la structure, de mener une enquête interne.

... et deux audits sévères. Plus tangibles, deux audits réalisés au cours de l'année 2011 pointent plusieurs irrégularités. Un rapport provisoire, réalisé pour le compte du conseil régional, l'un des bailleurs de fonds de la maison de l'emploi, est remis en juillet 2011. Il souligne, pour la période 2008-2009, des décalages entre ce qui est déclaré à la région et la réalité. En présentant un nombre « gonflé » de jeunes suivis, la mission locale aurait alors perçu une subvention plus importante que ce à quoi elle avait droit. Un second audit, réalisé cette fois par un cabinet d'experts-comptables, est plus sévère. « De tels manquements pourraient être interprétés comme présentant des caractéristiques de détournement organisé », conclut l'expert, qui a épluché les listings de participants à des formations de 2008 à 2011. Il y décèle nombre de bizarreries : une même signature pour des stagiaires différents, des noms inconnus ajoutés de façon manuscrite. Il évalue alors le montant de « paiements qui pourraient être considérés comme indus » à 417 691 €, auquel s'ajoutent 291 532 € déboursés malgré les dysfonctionnements, avec un bon à payer presque toujours signé par Nasser O., directeur général par intérim de la structure en 2009, puis directeur d'exploitation à partir de 2010.

En 2012, enquête et perquisition. La crise prend de l'ampleur début 2012. Un tract du syndicat SUD dénonce une « utilisation abusive des fonds » à la maison de l'emploi. Gérard Ségura dépose une plainte, et est désigné président de la structure en mars. En mai, le parquet de Bobigny ordonne l'ouverture d'une enquête préliminaire. Le 3 juillet, les enquêteurs de la brigade financière perquisitionnent le domicile de Nasser O., les locaux de la Meife et des bureaux à la mairie.

En 2013, la valse des responsables. Dans un climat encore lourd, la directrice générale de la Meife est mutée à la Semad en 2013, société d'économie mixte en charge de la gestion des locaux. Un nouveau directeur arrive en septembre. Gérard Ségura cède son fauteuil de président à une élue (PRG) de son équipe, Karine Fougeray. Celle-ci aura la charge de signer le chèque de départ du directeur d'exploitation Nasser O. qui avait également un mandat de délégué du personnel. Il est licencié fin décembre pour motif économique. Personne, parmi le personnel de la Meife ou les élus ne semble avoir gardé son numéro de téléphone. Pour le questionner, il faut donc aller sonner chez lui. Sur le pas de sa porte, l'homme indique qu'il ne répondra pas, ayant coupé tous les ponts avec cette structure où il travaillait depuis sa création.

Source : Le Parisien

 

 

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Emploi

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article