Les 1 500 salariés de PSA Aulnay-sous-Bois quittent pour un mois une usine presque vide avant la fermeture. Les vacances d’été ont un goût amer

Publié le 26 Juillet 2013

PSAAULNAYVIDE.jpgIls discutent par petits groupes, assis à l’ombre des arbres devant l’usine. Certains jouent aux cartes entre les lignes de montage pendant qu’un autre fait la sieste sur un matelas déposé à la va-vite, dans le coin de l’un des ateliers désespérément vides. Hier matin, les ouvriers de PSA Peugeot Citroën d’Aulnay sous Bois attendent leur paie et la traditionnelle coupure estivale qui doit commencer dans quelques heures à peine. « Mercredi nous avons sorti 19 voitures quand l’usine peut en produire 700 », soupire Hassan Chedraoui, mécanicien et responsable de la CFTC. « Les gars partent en vacances mais ils pensent au retour, pas au départ. » Le retour, ce sera le 2 septembre.

Trois mois plus tard, l’usine doit fermer définitivement. L’une des salariées, qui ne souhaite pas donner son nom, ne sait pas ce qu’elle fera à son retour. Elle n’a pas été replacée sur le site de Poissy (Yvelines) où trois cents de ses collègues ont déjà été envoyés. Dans ce contexte, la question des vacances ne fait plus partie de ses préoccupations principales : « Je suis déprimée. D’habitude, à cette époque de l’année mes valises sont bouclées, tout est prêt. Là je ne parle pas de vacances, je ne parle que de PSA. »

Roger Torrinha travaille pour le groupe depuis 35 ans. Il fait partie des 1500 salariés officiellement toujours présents sur les lieux et à 55 ans, il observe l’usine où il a passé presque toute sa vie se vider : « la fermeture, c’est comme un gouffre qui se rapproche. Partir en vacances c’est essentiel, même si pour la majorité des gens, la maison, les enfants, les vacances ça passe à la trappe. » Qu’ils soient mutés à Poissy ou sur un autre site de PSA, qu’ils partent à la retraite, en formation ou que leur destin reste flou, tous les travailleurs redoutent la reprise.

Marcel* fait parti de ceux qui iront dès la rentrée grossir les rangs de l’usine de Poissy. « Je vais devoir me lever à 2 heures du matin pour prendre un bus à 3h30 et commencer le boulot à 5h30. Mais je n’ai pas peur », glisse-t-il. Malgré tout, il se méfie : « partout où on va, on entend : “à Aulnay c’est des révolutionnaires, ils foutent le bordel” alors qu’on est des bosseurs! » Quelques mètres plus loin, Jurgen est amer : « La direction nous a donné la carte d’un psy une semaine avant le départ en vacances alors qu’on ne sait pas ce qu’il va se passer à la rentrée. C’est une honte. »

De son côté, la direction précise que le service des ressources humaine assure une permanence tout le mois d’août. « Les salariés pourront joindre quelqu’un s’ils ont besoin d’information pour leurs projets de reconversion », ajoute la responsable de la communication.

* Le prénom a été change

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Emploi

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