Lehna, une élève de 6e du collège Jacques Prévert de Noisy-le-Sec, se fait lyncher en cour de récréation. Pas encore de sanction pour ses camarades agresseurs.
Publié le 8 Novembre 2013
La situation va-t-elle s’apaiser au collège Jacques-Prévert à Noisy-le-Sec? C’est en tout cas l’espoir des enseignants, reçus hier après-midi à la direction académique à Bobigny. Ils étaient venus dire leur inquiétude quelques semaines après la violente agression d’une élève de 6e dans la cour de récréation. Lehna, 11 ans, avait été lynchée par un groupe de collégiens de 5e et 4e qui se sont rués sur elle pour lui asséner un « baptême des 6e » (des coups de pieds et coups de sac qui lui ont fait perdre connaissance). La fillette avait écopé d’un traumatisme crânien et de dix jours d’ITT. Or, depuis cet épisode, aucune véritable sanction n’a été appliquée à l’encontre des élèves impliqués. La seule mesure prise par l’administration aurait été d’envoyer des lettres en recommandé aux familles de quatre élèves soupçonnés d’avoir participé au lynchage. « Rien n’est réglé, enrage Luisella, sa mère, qui a porté plainte après l’incident. On nous avait promis qu’elle reviendrait à l’école dans un climat apaisé. Mais, là, la direction a juste dit qu’elle allait recevoir les élèves concernés un à un, mais il n’y a eu aucune sanction concrète. Même pas un conseil de discipline. Pendant ce temps, ma fille est traumatisée et terrorisée. »
Une enseignante indique tout de même que la principale du collège a fait le tour des classes afin d’évoquer le sujet avec l’ensemble des élèves et pour les inviter à laisser la fillette tranquille. Sa maman, elle, affirme que Lehna a encore reçu des pressions, des insultes et des menaces de la part de certains collégiens, et que des témoignages ont établi que ses agresseurs étaient plus nombreux et clairement identifiés. Une seule certitude : le climat est devenu « de plus en plus difficile » ces derniers jours, comme le glisse cette prof. Une enseignante a à son tour déposé plainte mercredi contre des personnes de l’entourage de la petite Lehna, pour agression verbale et menaces.
« Il faut maintenant que cet établissement se reprenne et que les choses s’apaisent », souhaite une enseignante qui souligne que l’agression de Lehna a eu lieu dans un contexte particulier. « Depuis le début de l’année, il y a eu plusieurs problèmes avec des jeux dangereux dans la cour de récréation. Les élèves jouaient à se taper dessus pour rire. Peu ont été sanctionnés. C’est aussi ce qui explique qu’une telle agression ait pu se produire. »
Un ami de Lehna molesté à son tour
Selon Luisella, la pression est encore montée d’un cran hier, et l’une des camarades de Lehna a à son tour été molestée par certains élèves. « Ils lui ont fait une balayette en la traitant de balance ». Hier, les profs reçus à la direction académique en sont repartis avec quelques promesses. Des « conseils éducatifs », pouvant déboucher sur des sanctions, devraient être organisés en présence des élèves et des parents concernés. Un audit doit également être mené sur l’organisation de ce site qui est en réalité une annexe du collège, où les représentants de l’administration sont moins nombreux. C’est d’ailleurs pour cette raison que la délégation a réclamé hier la création de deux postes de surveillant supplémentaires et d’un principal adjoint en plus. Cependant, ces demandes ont, semble-t-il, été repoussées. La direction académique, qui avait reconnu l’ampleur de l’incident, n’a pas souhaité s’exprimer hier. Il faudra attendre encore un peu avant de connaître les résultats de l’enquête ouverte à la suite de la plainte déposée par la maman de Lehna.
Source : Le Parisien